À 9 heures, la pâtisserie de Trystan est remplie, comme à l'habitude, de gens des bureaux du coin qui passent durant leurs pauses pour se prendre un café, sans doute leur troisième au moins depuis le début de leur journée de travail ; auquel ils ajoutaient une viennoiserie pour ajouter aux plaisirs et réconfort pour la journée. Quelques fois ils achetaient aussi des pâtisseries ou un gâteau en plus, pour le soir même. Étant donné que nous sommes vendredi, les commandes arrivent de tous bords tous côtés pour des soirées qui se préparent dans les maisons de la ville. Sans oublier les commandes de pain et de viennoiseries pour le déjeuner du samedi matin, les brunchs du dimanche ou simplement pour se gâter puisque c'est la dernière journée de travail de la semaine.
La pâtisserie de Trystan, étant l'un des seuls commerces locaux de la rue, est bien connue dans le quartier. Les autres commerces sont tous de grandes chaînes de café populaires qui ne sont même pas capable d'offrir une pâtisserie ou une viennoiserie qui soit faite maison et dont le café n'est pas meilleur que le café que les brûleries locales fournissent à Trystan. Il faut l'avouer Trystan Pâtissier, quoi qu'étant un nom de commerce très égocentrique, fait la joie des gens de la ville, depuis déjà sept ans.
Le commerce n'est pas si grand. Trystan avait assez d'économies pour commencer sa petite entreprise seule, mais n'avait pas assez d'argent pour acheter les gros locaux sur la partie principale de la rue avec les autres commerces plus haut de gamme. Il a donc pris une ancienne petite librairie de livres usagés, fermée il y avait de ça environ 20 ans, pour la transformer en pâtisserie. Les anciennes bibliothèques ont été fixées au mur et servent de présentoirs pour les produits ne nécessitant aucune réfrigération, ainsi que les sacs de café et certains produits de luxe pour faire des pâtisseries maison hors du commun pour impressionner les invités. Les livres, ou du moins ce qui en restait, ont été collés les uns sur les autres pour faire les pattes de la table qui fait face à la grande fenêtre donnant sur la rue et les pattes du comptoir principal qui est fait avec l'ancienne porte de bois qui servait, à l'origine, de porte d'entrée pour la librairie. Il n'y avait qu'un peu d'espace entre la table près de la fenêtre et le comptoir. Presque chaque jour, les gens devaient faire la file jusqu'à l'extérieur pour espérer avoir leurs gâteries préférées. Car, comme Trystan se plaît à dire aux clients qui chialent sur le manque de certaines pâtisseries : l'arrière-boutique n'est pas un trou noir d'où on peut faire sortir des pâtisseries à l'infini. Réplique qui lui vient de ses années de vendeur de chaussures dans les magasins à rayons, quand les clients chialaient sur le manque de disponibilité de certaines grandeurs de souliers.
Les trois commis au comptoir ne chaumaient pas ; entre les commandes pour emporter et les cafés à préparer, la ligne de clients ne semblait jamais diminuer. Les clients sont un peu comme l'inverse des pâtisseries, ils semblent en effet sortir d'un trou noir d'où il peut en sortir un nombre infini. Dans la cuisine, séparée de la section boutique par une simple vitre pour que les gens puissent voir les pâtissiers à l'œuvre, se trouvait Trystan et deux autres de ses cuisiniers qui couraient entre les comptoirs, les fours et l'évier pour réussir à produire une quantité suffisante de pâtisseries pour la journée.
La majorité des clients ne font qu'entrer, regarder le comptoir quelques secondes et commander le plus vite possible en gardant les yeux rivés sur leurs téléphones jusqu'à ce que la commande arrive. Ils la prennent sans attendre et repartent aussitôt. Rare sont les clients qui attendent au comptoir et posent des questions. Leur temps le matin est beaucoup trop limité à cause du retour au travail et surtout parce que la majorité sont habitués, donc pas besoin de perdre du temps à discuter d'un produit qu'ils connaissent et aiment déjà. Par contre, ce matin, une non-habituée est entrée dans la pâtisserie. De par son look, on pouvait jurer qu'elle serait une cliente difficile à satisfaire. Les lunettes portées sur le bout de son nez, un tailleur pantalon, un chignon serré sur la tête sans aucun cheveu qui dépasse ; et bien sûr, une expression hautaine qui te fait regretter d'avoir voulu la regarder dans les yeux. Elle s'approcha du comptoir où une des commis alla la voir pour prendre sa commande. La commis était l'une des meilleurs amis de Trystan. Elle était venue d'Angleterre pour étudier en français. Elle représentait la perfection selon Stan et Jakob, elle était noire, grande, mince et surtout britannique.
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la suite logique d'une fausse peur des abeilles
ChickLitL'histoire de Jakob et Trystan (Jake et Stan pour les intimes), qu'une fausse peur des abeilles d'une amie a bousculé l'un sur l'autre. Une tranche de vie qui nous raconte la demande en mariage de Trystan à Jakob et les jours qui suivent en passant...