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Jakob suivait Trystan sur le trottoir à contre cœur. Il marchait derrière son « nouvellement fiancé » en boudant, les bras croisés, le dos penché par en avant en grommelant. Tristan voulait l'emmener au restaurant d'où ils étaient partis, deux jours avant, sans payer. Jakob ne voulait absolument pas y retourner. Non seulement les propriétaires du resto avaient ruiné son plaisir de film d'ado, le couple s'était sauvé sans payer et Jakob savait qu'ils ne passeraient pas inaperçus. Il avait tellement chialé la dernière fois que le restaurant entier l'avait surement entendu.



Impossible d'entrer dans cet endroit maudit sans se faire reconnaître. Trystan avait réservé une table en début de semaine. Il avait invité son père et la mère de Jakob pour célébrer la demande de mariage, les deux parents ne pouvant venir le jour même de la demande. De toute façon, la véritable demande n'avait pas eu lieu devant les invités. Les jeunots espéraient que les parents n'étaient pas encore arrivés et qu'ils n'avaient pas commandé un verre au bar en les attendant. De cette façon, Trystan n'aurait pas à entrer dans l'établissement pour aller les voir.



Dans ce but, Trystan était donc arrivé sur les lieux 30 minutes avant l'heure confirmée pour être sûr de les voir arriver sur un coin de rue. Jakob s'arrêta deux coins de rue avant le restaurant et agrippa le bras de Trystan. Il lui pointa l'entrée du commerce. Comme il faisait beau, une partie du trottoir était transformé en terrasse et l'hôtesse ainsi que quelques serveuses se tenaient dehors pour accueillir et servir les gens. Pour ajouter à leur chance de ne pas être reconnus, la serveuse qui les avait servis le vendredi d'avant était là. Elle se tenait devant la porte. Aucune chance pour le couple de s'approcher sans se faire remarquer par elle. Le couple s'arrêta donc à deux coins de rue du restaurant et commencèrent à regarder autour d'eux à la recherche de leurs parents.



« Mon père a toujours l'habitude d'arriver très tôt à ses rendez-vous. Il est maniaco-ponctuel. Tu le sais bien quand on l'invite à souper et qu'on lui dit d'arriver pour 18 :00, il arrive toujours vers 15 :00 et nous dit qu'il avait peur d'être en retard. », dit Trystan en se penchant vers Jakob pour lui parler doucement dans l'oreille comme si la serveuse risquait de les entendre d'où ils étaient.



« S'il est resté dans la section bar de l'entrée, on aurait peut-être une chance de le voir si nous passons vite devant. », chuchota Jakob en pointant la façade du restaurant tout en vitre.



Trystan commença à courir. Jakob ne comprenait plus la situation et resta sur place à regarder son fiancé courir en direction du restaurant dans la rue. Le jeune homme passa en courant devant la vitrine du restaurant prétendant faire un jogging et regardant de gauche à droite en insistant fortement sur la droite pour bien voir l'intérieur de l'endroit et être sûr de bien voir les gens assis au bar. Il dépassa le restaurent de quelque pas et tourna sur la prochaine rue. Jakob ne savait plus ce que le jeune homme faisait, il attendit donc sur le trottoir pour voir la suite. Trystan tourna sur la rue perpendiculaire et alla rejoindre Jakob sur son coin de rue. Il avait contourné le restaurant par la ruelle en arrière. Il s'arrêta un peu essoufflé à côté de Jakob.



« J'ai deux nouvelles pour toi. », lui dit-il un peu à bout de souffle.



« Tu n'es pas en forme et t'as besoin d'un nouveau cœur ? », lui répondit Jakob en lui frottant le dos.



« Non ! Numéro un, ta mère n'est pas arrivée ... Numéro deux, mon père est là ... et il semble apprécier une bière en parlant avec le barman. », répliqua Trystan en tassant la main de Jakob qui lui flattait encore le dos.



« Merde. », se chuchota Jakob à lui-même.



Le couple resta debout sur leur coin de rue quelques secondes pour réfléchir à une idée pour aller chercher Robert, le père de Trystan. Jakob se retourna vers Trystan et le regarda dans les yeux. Il pencha la tête sur le côté, lui fit un sourire et haussa les sourcils.

la suite logique d'une fausse peur des abeillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant