Lundi. 7h03.
Le réveil de mon portable sonne. Vous savez, ce bruit insupportable qui vous sort d'un sommeil qui n'était déjà pas extra. C'est exactement ce bruit-là qui me réveille ce matin.Je m'appelle Mia, j'ai 18 ans et je suis diplômée du lycée depuis les vacances dernières. Ça n'a pas toujours été facile, j'ai généralement du mal à me concentrer pendant une longue durée. Maintenant que je fais ma rentrée à l'université, je suis plus ou moins résolue à résoudre ce problème de concentration.
J'ai décidé de m'inscrire en première année de Sciences. J'ai toujours été intéressée par les lois physiques qui nous entourent, le corps humain, les émotions et la vie en général. Je suis très en symbiose avec ce qui se passe autour de moi, et même si je ne le laisse pas paraître, mes émotions explosent à l'intérieur de ma tête et de mon corps. Je suis plutôt introvertie, je m'exprime peu, et je passe énormément de temps seule avec mes pensées.D'ailleurs, ce sera vraisemblablement un véritable mode de vie pendant quelques semaines, puisqu'absolument aucun de mes anciens amis lycéens n'ont choisi d'aller à cette université : Je me retrouverai donc seule à cette rentrée, ce qui est plutôt étrange d'ailleurs, puisque j'étais dans une classe scientifique... Je n'ai aucune idée d'où sont les autres, et je ne leur ai même pas demandé. Quelle mauvaise amie.
Enfin, il est temps que je me lève.
La faculté de Sciences où je serai désormais étudiante se trouve à environ 20 minutes de chez moi. Il est 7h10, j'ai rendez-vous à 8h30. Un petit calcul... j'ai 1h tout pile pour me préparer ; Franchement, je trouve ça très large, moi qui avais l'habitude de me lever 20 minutes avant mon départ pour le lycée...
J'ai décidé de la jouer « cool » pour mon premier jour. Pas trop sophistiqué, pas trop décontracté, même si cette dernière option sera probablement celle que je vais opter dans les prochaines semaines, comme à chaque fois.J'ai choisi une tenue très convenable, un pull marine à paillettes — elles sont discrètes — avec un jean tout ce qu'il y a de plus banal. Je mets des baskets blanches, elles sont confortables, ça sera parfait pour la route. Je peaufine ma tenue avec mon béret préféré, ça donne un côté vintage et intellectuel, ça fera certainement bonne impression.
Trêve de « fashionneries », je finis ma toilette et je regarde ma montre. 7h55. Quoi ?! J'ai pris tant de temps pour choisir une tenue ? Je dois vraiment beaucoup me préoccuper de mon image pour y passer presque un quart-d'heure. Je me surprends moi-même, c'est vraiment pas mon style de faire ça. J'aime prendre soin de moi, mais à ce point... j'en suis quasi à un auto-culte. J'applique juste ce qu'il faut de maquillage, soit mes incontournables anti-fatigue, blush et anti-cernes, histoire de ne pas effrayer ma nouvelle classe et de dévoiler au grand jour la mauvaise nuit que j'ai passée hier soir.
J'oublie toujours de prendre un petit-déjeuner chez moi, ce qui fait que je me suis toujours retrouvée à aller chercher un casse-croûte sur mon trajet pour l'école. Ma montre me dit que ce sera encore le cas aujourd'hui.
Je prends mon sac à bandoulière sur mon épaule et j'accours vers ma porte d'entrée. Je suis toujours seule le matin à l'appartement, étant donné que mes parents commencent à travailler très tôt. Pas que je m'en plaigne, ça me permet de faire un petit peu ce que je veux avant de partir travailler.Je ferme la porte à clef et descends les escaliers, il est 8h11. Cette minute de retard me hante, il faut absolument que je la rattrape.
Je passe à côté du chat de la voisine, que je prends toujours le temps de caresser et cajoler quand je le vois. Malheureusement, cette fois-ci c'est impossible. Je le regarde tristement, j'ai l'impression qu'il me renvoie le même regard.Il est censé faire 12 degrés dehors, et j'ai l'impression qu'il en fait 30 en courant si vite. J'arrive à prendre le tramway de 8h15 de justesse, en me collant à tous les passagers qui se dirigent au travail. Je commence à refaire des calculs : 5 minutes pour arriver à l'arrêt de la faculté, 5 minutes à pied pour arriver devant la faculté. On est bon. J'attends avec impatience que des gens descendent du tram, comme si j'avais pas déjà assez chaud comme ça. Encore quelques minutes, un peu de courage...
Au moment où le tramway s'approche de ma station, je sens le stress monter. Je me demandais bien quand ça allait arriver... je suis généralement très enthousiaste pour imaginer et préparer la rentrée, mais certainement beaucoup moins pour l'affronter. Et plus ça devient concret, plus je me fige. Je commence à sentir une vague de froid au moment où le tram s'arrête. À l'ouverture des portes, presque la moitié du transport se dirige vers la sortie. Tiens ! Des étudiants, je me sens un peu moins seule... peut-être y en a-t-il qui sont dans ma classe ?
Je les suis, et en levant les yeux, on voit déjà la grande bâtisse de la faculté monopoliser le paysage. Ça a l'air vraiment prestigieux, en comparaison à mon minuscule lycée. Je continue à avancer en observant les alentours : une longue rue en pavés, avec de la verdure verdoyante ici et là, une fontaine, et des étudiants assis sur des bancs. Le campus est très vaste et dégagé, c'est comme s'il n'y avait rien autour... le but est peut-être de nous faire penser qu'à ça, qu'on ait aucune distraction... ils sont bien malins. Il y a bien quelques commerces en marchant encore quelques mètres, j'irai sûrement manger un bout là-bas après la réunion de rentrée.Je m'avance avec les autres étudiants vers la grande porte d'entrée, et là mon aventure en tant qu'étudiante commence vraiment.
À l'intérieur-même de la faculté, il y a une grande cour avec des bancs et des tables, où les étudiants se retrouvent ou étudient, je suppose. C'est très fleuri et herbeux, et surtout très propre, c'est franchement agréable. Il y a des tableaux d'affichage avec des listes de noms... je pense qu'il doit y en avoir un pour moi, je vais m'en approcher.
« Première année de Sciences. Groupe A. »
Je cherche je cherche... Oh ! Je suis là, il y a mon nom !
Apparemment, j'ai rendez-vous dans la salle 3.20 du bâtiment 2. Combien y a-t-il de bâtiments, au juste ? Peu importe pour le moment, il est plus que l'heure, je vais me dépêcher.
Le bâtiment 2 est sur la droite... Je suis les étudiants s'y dirigeant, et je monte les escaliers. 3e étage... salle 20. M'y voilà. La porte est ouverte, je suppose que je peux entrer. Je regarde discrètement s'il y a des gens à l'intérieur, et découvre avec surprise la grandeur de la salle et le fait qu'elle est déjà pleine à craquer. Il y a au moins 50 étudiants dans cette salle ! Où vais-je donc pouvoir me mettre ??
Je rentre dans la plus grande des discrétions, il n'y a encore personne sur la petite estrade où se situe le bureau. Il y a des étudiants qui discutent et rigolent, on dirait bien qu'il y en a qui se connaissent déjà. Je pense que je vais rester dans le coin, proche de la sortie, je me sentirais moins bête.8h40. Toujours personne. Des étudiants s'impatientent et commencent à se laisser aller aux jurons. Je suis toujours assise dans mon petit coin, en train d'attendre que mon portable m'envoie une notification, histoire que j'aie une raison légitime de le regarder. En attendant, j'essaie d'identifier les profils de mes futurs camarades.
Ils sont éparpillés par petits groupes de 2 ou de 3, ils n'ont pas l'air spécialement méchants. Certains sont seuls, comme moi, en train de contempler leurs portables. Un est déjà en train de dormir sur sa table, j'aurais tellement aimé faire de même. Je n'arrive pas à discerner leurs personnalités, en même temps, je ne pense pas qu'une réunion de rentrée soit le cadre idéal. La plupart semblent être le type de personne studieuse, mais qui ne se prend pas trop au sérieux, exactement le type de personne que j'aimerais être. Ça me donne presque envie d'engager une conversation. Mais non. C'est le genre de programme qui n'existe pas dans ma tête. J'ai toujours peur de paraître inintéressante, ou étrange du fait que je suis réservée, alors je n'essaie plus.Une fille s'assied à côté de moi, je suppose que c'est parce qu'il n'y a plus de place. Elle n'a pas l'air dans son assiette. Je peux comprendre, c'est la rentrée quand même. Ça veut dire recommencer à travailler avec acharnement, à faire des impasses sur ce que tu aimes et à mal dormir la nuit. C'est peut-être son cas, elle a l'air cernée. J'aimerais bien lui demander pourquoi les professeurs tardent autant, au moins pour débuter une conversation et peut-être une amitié, mais l'angoisse me scotche la bouche, et je la mettrai mal à l'aise si comme moi elle n'en sait rien.
Je me tais donc comme à mon habitude, et continue de regarder mon portable en attendant une notification.Une professeure arrive en courant, avec son chignon décoiffé et des montagnes de dossiers dans les mains.
« Mesdemoiselles, Messieurs bonjour ! Veuillez excusez mon retard, j'ai eu quelques formalités administratives à régler, je sais que ça n'est pas la meilleure impression qu'on puisse faire à des étudiants de première année mais je vous promets que ça n'arrivera plus ! Bienvenue à l'université de Sciences de Toronto, qui je tiens à le préciser, a une réputation internationale ! »
Je sens que l'année commence très bien. Je ne sais même pas si c'est de l'ironie ou pas.
VOUS LISEZ
Éclosion | Mark Lee
Teen FictionMia, une jeune bachelière de 18 ans, intègre un tout nouvel environnement : l'université. C'est une fille introvertie, limite anxieuse sociale, qui n'a jamais cherché à se faire des amis. Un jour, elle rencontre un charmant garçon nommé Mark, qui es...