iii

53 14 3
                                    



Entre soupirs et exaltation, vague de plaisir dans laquelle je m'enlise. Des cris ; je les étouffé dans ma bouche humide. Une jactance de quelques secondes quand j'entends tes mots lancés par mégarde, qui me répètent encore et encore à quel point tu me désires. Tes cris ; je mords mes lèvres pour m'empêcher de te bouffer. J'ai honte parfois, dans cette soudaine vulnérabilité de mon corps sous le tien, soudainement frêle et soumis à mes propres cris de désir qui te demandent d'en faire plus, qui te disent « encore, encore », pour un plaisir infini.

C'était une soudaine violence qu'on finissait entre des rires encore enthousiasmés ; sur le lit tu fumais, j'aimais te regarder encore et encore quand tu soufflais. Il y avait le tourne-disques qui tournait mais avec le temps le diamant s'était déjà coincé dans la dernière fente du vinyle ; un simple et doux frémissement qui émanait du disque tournant que nos cris de jouissance avaient couvert. 

« Je me sens femme avec toi » je te disais en souriant, et j'me souviens comment tu haussais les sourcils, l'air de dire « sérieux ? » avec orgueil. J'me sentais rassurée entre tes bras, parce que tu m'aimais et je le savais. 






Je t'imagine parfois à mes côtés, tes mains enlaçant la courbure de mes hanches, ta bouche baisant mes seins. Tu n'es qu'un spectre que j'appelle quand je suis seule sous mes draps et que mes cris résonnent en écho dans ce vide. Cette vague vigoureuse n'est qu'une solitude triste et macabre. Ton corps, un vagabond dont je ne sens que les picotements dans mon bas-ventre, une hantise qui me pénètre dans mes rêves.

Alors je ferme les yeux et je hurle de désir. D'un désir qu'il me manque encore. Ta présence. Ou alors...



Est-ce la tienne exclusivement, ou celle de l'homme qui me fait sentir femme ? 




En me voyant ainsi tu serais heureux. Tu me verrais dans cette triste solitude où je dois revivre le plaisir sans toi.



Le meurtre de DionysosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant