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On était si différents.

"J'fous quoi, avec toi ?"

Justement, tu me le disais souvent. C'est parce qu'on est pas pareils que c'est beau.


J'avais peut être besoin d'un garçon qui aime les romans et la poésie lyrique. Qu'il me récite du Verlaine pendant qu'on fait l'amour. Oui, j'étais beaucoup trop ambitieuse, moi qui voulais qu'il me parle de films de genre ; qu'il écrive des pamphlets et de la philosophie pendant ses heures perdues. Je lui aurais dit quelle tournure je préférais, celle qui fond sur la langue quand il la prononce ou celle qui semble si vraie.




Tu savais que t'étais pas comme ça.

"Jsuis pas un intellectuel, tu m'en veux pas hein", et je te disais



"non".





















Je crois bien que j'te mentais.



Bordel, quel monstre j'étais. Je te meprisais du regard et par les pensées. Je t'en voulais de ne pas être celui dont je rêvais ; mes yeux, mes sens, projetés ailleurs. Vers cette absolue divinité.


Je me déteste encore aujourd'hui, j'étais qu'une orgueilleuse, égo démesuré. Je voulais tout, et pour moi, tu n'étais rien. La seule chose que t'avais à me donner c'était ton amour et je l'ai refusé.

On se rend compte de la valeur des choses lorsqu'on les perd. J'aurais pu lire cette putain de phrase racoleuse dans un vieux magazine aux embouts défoncés à cause du temps. Ce genre de parole qui sort de la bouche d'un gamin rieur qui l'a beaucoup trop entendue et qui répète, comme un abruti, ce que sa daronne a déjà trop dit.



On étais de deux mondes. J'étais de Venus, et toi, tu venais de Mars.

Ça aurait dû coller, si j'l'avais voulu. Poros et Pénia auraient donné l'Éros le plus sublime de l'univers.












J'ai pointé mon flingue sur sa tempe et j'ai tiré. Il mourait sous mes pensées néfastes. Sous la furia de mon égo de reine démesurée, chercheant l'excès de pouvoir dans les recoins de l'Amour personnifié.

Le meurtre de DionysosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant