CHAPITRE CINQ - Séléné

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Séléné est le nom grec de la Lune.

Nicotine roulée

Soen voulait être avec lui. Il était prêt à s'intoxiquer pour quelques minutes passées en sa compagnie. Il n'avait même pas pensé à enfiler un t-shirt. Il n'avait pas hésité devant la porte d'entrée, les doigts enroulées autour de la poignée.

Une main avait claqué près de son oreille, le faisant sursauter imperceptiblement. Le regard de son bourreau était impressionnant. Un camaïeu de bleus, divisé par un éclair doré.

— Non, pas cette porte.

K lui avait attrapé le poignet, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Soen n'était plus vraiment sûr de ce qu'il faisait. Il avait l'impression que K l'emmenait de son côté de la vie. Un monde carrément plus obscur.

Dans le jardin, Soen s'était abrité, grelottant face au froid qui lui lacérait la peau. Il trouvait que le visage de son bourreau était incroyable, éclairé par la Lune.

— Ma petite étoile serait-elle en train de se peler les miches ?

Le bout brun de sa cigarette se consommait dans la nuit. La fumée s'élevait au ciel, comme un message adressé à l'au-delà.

K avait retiré sa veste avant de la lui balancer, le surprenant au passage. Rapidement, Soen s'était enveloppé dedans, soupirant de satisfaction. Le blond avait trouvé ça ridicule. Et autre chose. Mais il ne savait pas ce que c'était.

Un silence planait entre les deux hommes. K n'aimait pas cette situation. Elle n'était pas dans ses plans et représentait un putain de danger. Il enchaînait les taffes dans l'espoir de rentrer au plus vite dans la maison. Si l'étoile était barricadée dans sa chambre, il ne pouvait plus y avoir de problèmes.

Non ?

Soen avait tendu ses doigts devant lui afin de récupérer la clope du blond. K avait éclaté de rire avant de porter la nicotine à ses lèvres. Son regard semblait malicieux.

— Tu ne fumes pas.

Soen s'était levé, vexé. Il avait fait un pas dans sa direction, les bras croisés.

— Qu'est-ce que tu en sais ? l'avait-il questionné.

— Je t'observe depuis des semaines. Tu n'as jamais tenu une seule clope entre tes doigts. L'autre jour, tu as trouvé un paquet dans la rue que tu as offert à l'un de tes collègues. Alors...

K avait expiré la fumée non-loin de son visage, provoquant une quinte de toux chez le brun.

— Ne me prends pas pour un con. Je déteste ça.

La clope avait fini balancée dans le caniveau et Soen avait dû remonter auprès de sa femme, le regard dans le vague.

Il s'était allongé à ses côtés, tandis que la porte était fermée à clé. Miranda s'était collée contre lui, les doigts se baladant le long de son torse. Elle embrassait son cou avec avidité, s'approchant de la démarcation de son caleçon.

Ses doigts glacés s'étaient enroulés autour de son sexe – désespérément – mou. En quelques coups de poignet relativement habiles, Miranda avait commencé à obtenir un signe de la part de son mari. Et bien que ses pensées soient complètement ailleurs, Soen ne pouvait pas empêcher son corps de réagir.

Traître !

Elle le pompait avidement tout en murmurant des paroles salaces à son oreille. Soen n'était pas franchement à l'aise. Il avait l'impression que les prunelles glacées de son bourreau le hantaient chaque fois qu'il tentait de cloisonner ses pensées.

Miranda devait être la seule dans son crâne en cet instant. Quelques jours auparavant, ça aurait fonctionné. Mais cette nuit-là, une tête blonde courait dans chaque coin de sa caboche.

Des yeux, ciselés par un éclair.

Une bouche charnue, réhaussé d'une clope roulée.

— Mon amour, tu devrais accepter leur proposition.

Soen avait papillonné un instant, complètement paumé. Sa femme le regardait avec un intérêt particulier, la main toujours enroulée autour de sa bite.

— Ne me dis pas que tu as cru me convaincre à l'aide d'une branlette ? avait-il haussé le ton.

Le silence de sa femme mit Soen en rogne. Parfois, il se demandait ce qu'il pouvait bien foutre avec elle. Miranda était une femme sournoise, avec un sens du mensonge aiguisé et s'amusant des apparences. Bordel, il était avocat ! Il aimait la justice !

Soen s'était désengagé de sa prise, les mâchoires serrées. Il faisait les cent pas dans leur chambre, le cerveau au bord de la surchauffe. Il avait besoin d'air.

Il avait tambouriné à la porte, attendant que l'on vienne lui ouvrir. Miranda avait baissé la tête. Ce n'est pas tout-à-fait comme ça qu'elle avait imaginé sa soirée.

— Quoi ?

Ogon était déjà fatigué de cette mission. Entre les deux pleurnicheuses, il ne savait plus où donner de la tête.

— Je ne veux pas dormir ici.

— Écoute-moi bien la princesse, que tu dormes dans ton pieu ou sur le parquet, j'en ai rien à branler. Mais tu ne quitteras pas cette pièce.

Soen avait soufflé, les ongles profondément enfoncés dans ses paumes.

— Allez me chercher K.

Je suis la seule à détester Miranda ?

Sinon, les choses avancent doucement des deux côtés, avant de complètement basculer du côté obscur de la force... mouhahaha

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