CHAPITRE QUINZE - Kikamora

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Kikamora est la divinité des songes et des illusions chez les anciens Slaves.

Un baiser au goût des larmes

Depuis le début de cette putain de mission, K s'était préparé à toutes sortes de situations. Sauf celle où il fantasmait comme un fou sur sa victime. Et celle où il l'observait se tripoter pendant de longues, longues minutes. Et aussi celle où il se tapait cette fameuse victime.

Alors, évidemment, l'annonce de Ogon avait eu l'effet d'une bombe. Un bon gros pavé balancé dans la mare. Et bye-bye les petits canards.

K était fou de rage. Pour la deuxième fois de la journée. Et probablement la dernière. Parce qu'ils étaient obligés de décamper rapidement. Ils ne pouvaient pas se laisser choper par les flics, les règles étaient très claires sur ce sujet.

L'homme de glace avait grimpé les marches deux par deux. Il devait réveiller l'étoile, la prévenir et peut-être même l'embrasser. Comme un signe d'adieu. Un signe d'au revoir ?

Miranda avait été enfermée dans sa chambre. Ogon était en train de l'interroger. Parce que K était pratiquement sûr qu'il en serait venu aux mains avec elle. Il aurait défoncé son petit visage au sol jusqu'à ce qu'elle se noie dans son propre sang.

Ce n'était pas vraiment une mauvaise idée. Mais il n'avait pas le temps de le faire proprement. Et les trois complices avaient besoin de réponses. D'ailleurs, le dernier était en train de préparer la camionnette.

K était entré avec précaution dans la chambre d'amis. Ça tranchait parfaitement avec son état d'esprit meurtrier. Il s'était assis sur le lit, ses doigts étaient spontanément venus trouver la joue de l'étoile. K avait envie d'emporter ce souvenir. Mais il n'avait pas le droit, il devrait oublier cette mission aussitôt la porte franchie.

Soen avait papillonné des yeux, complètement en transe. Il avait l'impression d'être dans un lit fait de coton. C'était doux et réconfortant. Comme l'était K.

Lorsque le brun avait ouvert les paupières, il avait su que quelque chose n'allait pas. La mine de K était sombre et ses iris polaires balançaient des éclairs. Un frisson lui avait secoué l'échine et il avait rabattu la couette sur son corps glacé.

— Je vais partir.

La voix de K était dénuée d'émotions. Bien sûr, elle était plus cassée qu'à l'accoutumée, mais qui aurait bien pu le remarquer ?

— Ta femme nous a vendus. Je sais pas comment, mais je rêve de la buter.

Soen avait eu un haut-le-cœur, sa femme le décevait encore un peu plus. Il ne la connaissait pas si perfide et vicieuse. Évidemment, il aurait dû être soulagé, enfin libéré de son kidnappeur. Mais c'était loin d'être le cas.

Il était sorti du lit, avait enfilé ses vêtements machinalement. Son cerveau avait déclaré forfait et son cœur était déjà en larmes. Le manteau de la tristesse l'enveloppait. Un peu trop violemment. Soen se sentait étouffé.

— Je vais lui parler, avait-il décrété.

Avant que K ait pu dire quoi que ce soit, l'avocat avait déserté la chambre. Le blond était admiratif. Le brun, lui, avait surtout besoin de réponses. Et besoin de divorcer, mais il devait d'abord faire les choses dans l'ordre.

Le brun était passé devant un Ogon, passablement surpris. Un seul regard échangé avec K avait suffi à le faire sortir de la pièce. Ogon ne comprenait pas bien pourquoi K faisait confiance à un type pareil, mais il savait aussi qu'il devait respecter ses règles, alors il n'avait rien dit.

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