CHAPITRE SIX - Koltki

167 30 25
                                    

Les Koltki sont les esprits nocturnes de la mythologie slave.

Nuit blanche

Ogon mettait un temps fou à redescendre. Selon K, il ne fallait pas plus d'une minute pour dire à quelqu'un de fermer sa gueule. Et même si son coéquipier était stupide, il était capable d'aligner trois mots sans bégayer.

Lassé d'attendre, K avait décidé de grimper à l'étage. Ogon était en train de s'énerver tandis que le visage de sa douce étoile était tordu par une expression désagréable.

Lorsque le regard de K se planta dans celui de sa victime, une lueur nouvelle s'y alluma. Un truc qui ressemblait à du soulagement. Mais K savait que c'était impossible. Il l'effrayait, il ne pouvait pas être soulagé de le voir.

— Descends Ogon, je m'en occupe.

Sa voix était aussi tranchante que l'une de ses lames. K n'avait pas le temps pour les pincettes. Ogon ne s'en formalisa pas. Jamais. Et même s'il était aussi bête que ses pieds, K appréciait le fait qu'il ne soit pas rancunier.

— Je ne veux pas dormir avec elle.

Une grimace de dégoût avait étiré les traits du brun. K avait dû se retenir de sourire. Il devenait vulnérable. Il était temps d'y remédier. Dans son métier, K ne pouvait pas se permettre de sourire à ses victimes.

Ça instaurait une complicité et ça l'aurait empêché de les buter convenablement.

K avait constaté que la pouffiasse était allongée, dos à eux. Il était sûr qu'elle ne dormait pas, elle devait être en train de surveiller leur conversation.

Alors, le blond avait attrapé le poignet de Soen avant de refermer la porte de leur chambre à clé. Selon ses souvenirs, la salle de bain ne devait pas être très éloignée de cette porte.

— On a une chambre d'amis, avait annoncé le brun comme s'il lisait dans ses pensées.

Soen avait pris le silence de K comme une invitation et l'avait traîné à l'autre bout du couloir. K sentait la pulpe de la peau de sa victime sous ses doigts. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ce simple contact l'apaisait.

Soen était la première personne qu'il s'autorisait à toucher depuis le décès de sa grand-mère. Bien sûr, les personnes égorgées dans leur salon ou celles avec qui K avait couché étaient exclues de cette liste.

La chambre était relativement sobre. Un lit. Un bureau. Et une chaise sur laquelle K allait pouvoir s'asseoir. Il n'avait pas pris son arme en montant – erreur de débutant – et devait être prêt à réagir si son étoile décidait de se faire la malle.

— Comment tu t'appelles ?

— K.

Personne ne l'appelait plus par son prénom. Il n'était même pas sûr de s'en souvenir. K avait perdu son identité lorsqu'elle était partie et la première fois qu'il avait achevé quelqu'un. D'ailleurs, c'était le même jour.

Soen s'était renfrogné, adossé au mur. Son regard vert brillait de mille et un reflets. Une étoile aux multiples facettes.

— Pourquoi est-ce-que je devrais condamner ce type ? Il ne m'a rien fait, avait-il objecté.

K n'aimait pas les questions. Elles le faisaient chier. Et surtout, K n'aimait pas vraiment le ton avec lequel le brun lui parlait.

En réalité, Soen était proche de la tachycardie. Il savait qu'au moindre faux-pas il pouvait se faire découper la gorge en rondelles. Mais il était bien trop curieux pour pouvoir s'arrêter. Il avait besoin de réponses.

— On me paye pour exécuter des ordres, pas pour poser des questions.

K sentait qu'il allait trop en dire. Alors, il s'était obligé à effacer de sa mémoire les émotions qui commençaient à naître dans son crâne. Ça puait la merde.

Soen était persuadé que son bourreau avait quelque chose à gagner dans cette affaire. Davantage que de l'argent.

— Maintenant, arrête de me les briser et dors.

Docile, Soen s'était emmitouflé dans la couette sous le regard polaire de K. Il y avait quelque chose de bizarre dans cette situation. K observait les gens dormir avant de les torturer sur une bâche à l'aide d'une multitude d'aiguilles.

Ce n'était pas vraiment ce qu'il allait faire présentement. Il devait juste le surveiller.

De sa place, K avait remarqué que le brun avait les traits relativement fins. Légèrement féminins. K trouvait que ça lui allait relativement bien. Il avait le nez en trompette et ses cheveux se résumaient à un amas de nœuds. Sa barbe de trois jours mettait en valeur ses pommettes hautes.

K devait avouer qu'il trouvait le jeune homme charmant. Une belle petite étoile. K avait vu passer une multitude d'hommes, que ce soit dans son lit ou dans la rue et aucun visage ne lui semblait aussi intéressant.

Il avait ensuite cessé d'y penser, calculant mentalement le temps de sommeil restant à sa victime. Soen ne le savait pas encore, mais il allait devoir aller travailler comme tous les autres jours précédents. Et K serait là pour le surveiller.

Une idée du véritable prénom de K ?

Sinon, ce petit chapitre est intéressant pour comprendre notre tortionnaire. Il est une nouvelle fois teinté de tristesse, mais avec K, on ne se refait pas.

nebulaWhere stories live. Discover now