Khiappen est le dieu de la guerre chez les Tuniates.
Retrouvailles
K s'était promis de ne jamais le revoir. Une promesse solennelle alors qu'il enterrait la femme de sa vie, sa grand-mère. Il le détestait. De tout son être, avec tout son cœur. Il rêvait de l'empaler après une longue et horrible séance de torture.
Soen ne savait plus quoi dire. Il avait des centaines de questions à poser. Mais, à qui ?
K avait les poings serrés sur ses cuisses. Une veine pulsait le long de sa tempe. Il était tellement en colère qu'il était persuadé qu'elle allait éclater. Du bout des doigts, il retraçait la forme de sa lame de poche. La plus efficace lorsqu'il voulait être discret.
Quelques secondes supplémentaires s'étaient écoulées avant que Williams n'éclate de rire. C'était un son gras, démoniaque, qui foutait la trouille. Ses cheveux étaient coupés ras, laissant deviner un large tatouage. Une araignée qui enveloppait son crâne. Il s'était arrangé pour ajouter une ligne à la toile pour chaque année passée ici.
— Ferme ta gueule.
C'était K qui avait brisé le silence. Sa voix était égale à sa colère, sourde. Un duel se jouait entre les deux frères. Qui allait baisser les yeux le premier ? K finissait toujours par perdre à ce jeu.
— Voyons, frérot, grand-mère ne serait pas contente de t'entendre parler ainsi !
Williams était un sadique. Il aimait voir les gens souffrir et il savait exactement où appuyer pour arriver à ses fins. C'était d'autant plus facile avec son frère, il le connaissait sur le bout des doigts. Même après toutes ces années.
De son côté, K fulminait. Il voulait lui faire avaler ses dents. Il méritait qu'il cisaille chaque partie de son corps de traître pour avoir osé évoquer leur grand-mère. Après cela, K aurait découpé ses orteils qu'il lui aurait également fait bouffer.
Soen était perdu entre ces deux icebergs qui se faisaient face. L'un était son client, qu'il devait sauver du couloir de la mort. Parce que c'était son travail. Et parce que personne ne méritait de mourir. Mais l'autre était son kidnappeur. Et peut-être qu'il avait dégoté une place particulière dans sa vie.
— Vous ne pouvez pas être frères... C'est impossible, avait murmuré l'avocat, sonné.
— Bordel, on n'est pas frères !
K avait cogné la table à l'aide de son poing. Il n'était pas énervé. Il était furieux et rêvait de tout casser. Il avait ignoré le regard en coin que lui avait lancé l'un des matons et Soen devait se mordre la lèvre inférieure pour ne pas presser le genou du blond.
— Je crois qu'à partir du moment où on a le même père et la même mère, on peut considérer que l'on est frères Os...
— Tais-toi, putain !
K n'était pas prêt à entendre son prénom. Il l'avait enfoui des années auparavant. Parce que les choses étaient plus simples ainsi. Et il ne voulait pas que Soen connaisse son identité. Il en avait honte. C'était une chose relativement paradoxale. Parce que K avait commis plus de crimes sous cette lettre.
K n'avait aucun sang-froid face à lui. Son sourire l'horripilait, il rêvait de le terminer au cutter. Il ne comprenait pas pourquoi toute sa famille était maudite. Ses parents avaient fini à l'hosto. Son frère était en taule parce que c'était un connard. Et sa grand-mère, la seule femme sensée de cette famille, était morte.
— Vous savez maître, mon petit-frère a toujours été un sanguin.
K brûlait de colère. Et Williams se faisait un plaisir de l'attiser. Comme deux silex que l'on frotterait ensemble. Finalement, Soen ne savait plus qui était le feu, qui était la glace.
K avait bien été obligé d'écouter son frère piailler, observant sa tête de con. Il ne savait pas s'il tenait plus de l'orang-outan ou de la truie. Bien sûr, sa colère n'avait pas désempli, mais observer son étoile avait eu quelque chose d'apaisant. K avait bien été obligé de s'en contenter.
Il avait été le premier à se barrer à la fin du temps imparti, jurant tous les dieux. Ses doigts tremblaient. Il sentait son cœur pulser à une vitesse vertigineuse. Le manque. Il avait besoin de fumer l'une de ses roulées sous peine d'exploser le rétroviseur d'une voiture.
K tapait du pied et Soen s'était rapproché doucement. Il ne savait pas bien ce qu'il devait lui dire, revoir son frère l'avait bousculé. Soen aurait aimé avoir d'autres cartes en main pour comprendre. Il savait que c'était impossible.
Leurs regards s'étaient accrochés. Puissamment. Douloureusement. Le calme face à la tempête des deux prunelles polaires.
— Tu vas bien ?
Le blond avait été surpris de la question de l'étoile. Non, il n'allait pas bien. Mais il avait l'habitude d'enfouir ses émotions au plus profond de son être.
Ses doigts glacés étaient venus se caler sur la joue du brun. Soen avait fermé les yeux, transporté. K avait laissé courir ses mains dans ses cheveux, appréciant chaque trait de son visage. Le froid avait rendu les lèvres de Soen bleues. Et un peu violettes.
K avait l'impression qu'il pouvait voir les marques que Miranda avait osé laisser.
Alors, brutalement, et parce que K était un homme possessif, il avait collé ses lèvres contre les siennes. Sa main était venue emprisonner son cou. L'autre serrait sa taille avec force. Soen frissonnait. Adorait. Exaltait. Et fondait entre ses mains expertes.
Un nuage de papillons avait pris son envol quelque part, à l'intérieur de son corps. Soen sentait que quelque chose grondait au fond de ses entrailles. Peut-être même dans le creux de ses reins.
Un gémissement avait franchi la barrière de ses lèvres lorsque K l'avait planqué contre la voiture. Si ce n'était pas déjà fait, K avait perdu la tête. Cette mélodie sonnait comme un hymne à l'érotisme. Leurs bassins réclamaient un contact encore plus poussé. Et les mains de K se baladaient sur ses fesses.
— K, j'ai vraiment envie de toi, avait-il soufflé, au bord du gouffre.
Et K sentait bien que c'était la dernière chose qu'il pouvait lui offrir avant son départ.
—
Beaucoup d'infos dans ce chapitre, mais dans l'ensemble il me plaît plutôt bien !
Je ne sais pas quand est-ce que je vais pouvoir poster la suite, les études tout ça. Mais pour le prochain chapitre, en partant du principe que PEUT-ÊTRE ils couchent ensemble, vous préférez quel point de vue ? K ou Soen ?
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nebula
RomanceCe soir-là, il m'a dit que j'étais son étoile polaire. Celui qui le guiderait dans la nuit. Dans le bordel de sa vie. Ce soir-là, je lui ai dit qu'il était mon étoile filante. Je l'ai à peine vu avant qu'il ne disparaisse complètement. C'est peut-êt...