CHAPITRE NEUF - Khorchid

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Dans la mythologie parsi, Khorchid est le Soleil et il habite au centre du monde.

Cocktail

K se plaisait à l'observer dormir. Cette nuit-là et les trois autres qui avaient suivi. Le reste du temps, il laissait Ogon s'en charger. Parce qu'il sentait bien qu'il était différent avec son étoile.

Alors, il s'imposait sa femme pour garder les pieds sur Terre. Il rêvait de la découper en rondelles et de l'enterrer dans le jardin, juste pour arrêter de l'entendre piailler. Au travail, elle était encore plus insupportable. Parce qu'elle montrait son cul à tout le monde. Et parce qu'elle avait des collègues toutes aussi stupides qu'elle.

K détestait Miranda. Il ne comprenait pas comment Soen avait pu se marier avec une femme pareille.

Elle n'était même pas bien foutue. Enfin, K n'en savait pas grand-chose. Il n'était jamais tombé amoureux. Et il n'avait jamais regardé une femme. Son truc à lui, c'étaient les barbes et les bites.

Il ne l'avait jamais dit à qui que ce soit. Sauf à sa grand-mère. Parce qu'elle était le soleil de sa vie et son avis était bien trop important pour lui.

K n'était pas homo. Il n'était dans aucune case. Être un criminel l'excluait déjà de la plupart des cases. Et son ancien lui avait disparu, il y a bien longtemps. K n'était même pas sûr de se souvenir de son identité.

Miranda avait bien tenté de le draguer, lui aussi. Le truc, c'est que K n'en avait rien à foutre. Il avait une mission et ce n'était pas de se taper la femme de sa belle étoile.

Il la préférait quand elle avait peur. Elle parlait moins.

Elle finissait toujours le travail avant Soen. K s'asseyait dans le canapé d'angle du salon et attendait patiemment que Ogon rentre, accompagné de son étoile. Ça pouvait prendre quelques heures, mais il ne bougeait pas.

Mais le soir du sixième jour, elle l'avait pris en traître. Elle avait traîné K à un apéritif entre collègues. Il avait retourné la situation dans tous les sens, elle devait y aller. Le contraire aurait été louche. Et il avait été obligé de l'accompagner.

K détestait être entouré de femmes. Encore plus lorsque celles-ci le touchaient avec avidité. Leurs rires sonnaient trop fort dans ses oreilles. Il avait envie d'attraper sa lame, accrochée à sa cheville, et de trancher les gorges qui traînaient par-là.

— Tu as des yeux sublimes, avait gloussé l'une d'entre elles.

— Et des cheveux soyeux en plus de tout ça ! avait ajouté une autre blondasse.

Il ne savait pas quoi répondre. Il voulait rentrer. K savait que tout se passait bien dans la maison, Ogon le lui avait confirmé par message. Soen était rentré. Et il n'avait pas été là pour le voir. A cette pensée, K avait englouti son verre qui trainait quelque part sur la table. Il avait l'impression d'avoir failli à sa mission.

La soirée avait été longue. Il avait mal au crâne et il était pratiquement sûr que son cerveau fondait par ses oreilles tant il avait entendu un nombre fou de conneries.

Miranda, et les poufiasses qui lui servaient de collègues, parlaient sans arrêt des hommes qu'elles croisaient dans les couloirs. Ou de leurs clients respectifs. Pas une fois elle n'avait évoqué Soen. Pourtant, K trouvait que c'était lui le plus intéressant.

A une heure avancée de la nuit, il avait réussi à la traîner chez eux. En taxi. Parce qu'il avait trop bu pour conduire. Et même si K rêvait de la buter, il voulait faire ça dans les règles de l'art.

Elle avait trébuché dans les escaliers avant de s'affaler dans leur lit. L'instant d'après, elle ronflait. Et Ogon était chargé de la surveiller. K avait hésité un moment devant la porte qui le séparait de son étoile. Soen n'était qu'à quelques mètres.

Quelques mètres infranchissables...

K avait juré contre lui-même. Il était en train de foutre toute la mission en l'air avec ses émotions. Difficilement, il essayait de se souvenir ce qu'il risquait si l'affaire ne se déroulait pas comme prévue. Il allait crever.

K avait poussé cette porte.

Il était installé dans son fauteuil, le regard embué par l'alcool. Il ne se souvenait pas la dernière fois qu'il avait autant bu. Probablement après le décès de sa grand-mère.

— K ?

Soen avait croisé ses yeux bleus, vitreux. Il était étonné que K ait pu boire une goutte d'alcool. Ses cheveux étaient en bataille et ses joues avaient pris une teinte rosée.

Le regard de K était bloqué sur le torse du brun. Il avait du mal à se contrôler, l'alcool annihilant ses barrières, savamment dressées. En gros, K sentait qu'il faisait de la merde, mais il n'était pas sûr de pouvoir s'en empêcher.

— Tu penses à comment tu pourrais me découper ?

Soen était sérieux. Le regard de K était sombre. Inquiétant. Déroutant. Excitant.

— Non.

Un silence.

— Je pense à quel point j'ai envie de te bouffer la peau. Ou à quel point j'ai envie de te la lécher. C'est là que j'hésite.

Adieu, putain de barrières.

J'aime bien ce chapitre. Peut-être parce que j'aime vraiment beaucoup K.

Dites-moi ce que vous en avez pensé.

nebulaWhere stories live. Discover now