Je venais de sortir. Malgré tout, il faisait bon. La température était agréable.
Je voyais mes amis au loin, et Chaïna est venue vers moi pour me rapporter mon gilet. Elle m'a fait la morale, une énième fois. J'ai froncé les sourcils. Je voulais qu'elle arrête de me prendre la tête avec cette histoire, mais au final elle avait sûrement raison. Elle a fini par rentrer chez elle tandis que je rejoignais mes amis. Nous nous étions installés sur un banc devant le lycée. Ils ne s'arrêtaient pas de rire et de me rappeler que j'avais été virée de mon collège pour vol de nuggets.- C'est bon, j'avais juste faim... Ai-je lâché.
Ils rigolèrent encore plus. J'ai donc ri avec eux. J'adorais rire. D'autres personnes nous avaient rejointes. Plus on est de fous, plus on rit ! Quant à moi, je commençai à fatiguer. Je ne dormais pas de la nuit, c'était une des conséquences de ma maladie. Ça me rendait folle, je me sentais si faible.
J'ai dis au revoir à tout le monde et j'ai pris la route du retour en mettant mes écouteurs.- Eh, Camélia ! S'écria une voix masculine.
Je me suis retournée. C'était Zakaria. Il a couru vers moi.
- Ça va ? Me demanda-t-il. Pourquoi est-ce que tu rentres toute seule ?
J'ai souri. Je lui ai dis que j'étais fatiguée seulement, et il a semblé comprendre.
- Je te raccompagne, affirma-t-il.
J'ai froncé les sourcils, mais il ne m'a pas laissé le temps d'ouvrir la bouche.
- J'te laisse pas le choix, dit-il avec son sourire malicieux. Allez, parle moi de toi.
Je l'ai regardé en fronçant les sourcils. Parler de moi ? Il a hoché la tête sans même que j'ai à parler.
- Pourquoi est-ce que tu fais semblant de t'intéresser à moi ? Au début, vous êtes mignons, adorables, puis tous vos mauvais côtés ressortent. À quoi bon s'ouvrir si c'est pour saigner ? l'ai-je rembarré.
Il s'est arrêté.
- Tu crois que j'ai le temps de faire ça ? De jouer avec le coeur de quelqu'un ? On souffre tous, Camélia. Chacun a sa manière de combattre la douleur mais nous souffrons tous, tous autant que nous sommes. T'es pas la seule qui a mal, tu sais.
Mes cheveux volaient dans le vent. Je les ai attachés avant de m'appuyer sur la rambarde du pont. Zakaria s'est installé à côté de moi.
- Mon père a fait de la prison, ai-je commencé.
Il eut un léger mouvement de recul, comme si il venait de se prendre une balle en plein cœur.
Il me faisait de la peine alors que c'était moi qui était censée avoir mal. Il m'a encouragé à continuer.Je me souviendrai pour toujours de cette partie de ma vie. Je n'aimais pas vraiment en parler, c'était comme ma maladie. Je n'aimais pas parler des choses qui me blessaient. C'était tellement récent.. Ça ne faisait même pas deux ans.
Mon père travaillait depuis onze ans avec son patron qui était comme un frère pour lui, il s'appelait Amine. Mon père était le sous-directeur. Un jour, Amine décida de travailler avec des Allemands, et ces gars-là, mon père ne les sentait pas du tout. Il lui a dit au téléphone, mot pour mot : « je ne sens pas ces gars, j'te dis. Il va t'arriver des problèmes, arrête de travailler avec eux. » Cet appel-là a été extrêmement retenu par les policiers. Après ça, un trafic entre la Syrie et l'Allemagne eût lieu. Un type qui recevait l'argent de l'entreprise l'envoyait à quelqu'un qui l'envoyait en Syrie. Tout cela fut mit en relation avec mon père. Un jour, une descente de keufs eut lieu chez moi. Je n'étais pas présente, ma mère l'a raconté. Ils ont détruit toute ma maison, foutu le bordel partout. Ils ont emmené mon père. Il n'avait pas le droit de parler avec ma mère, pendant la descente.
Il lui disait d'arrêter de pleurer, en arabe, ça lui brisait le cœur de la voir ainsi. Les condés rouèrent mon père de coups, lui hurlant de ne pas parler en arabe.
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Oxymore.
Novela JuvenilCamélia est souffrante d'une maladie incurable qu'elle essaie d'oublier. Fidèle à sa devise "je n'ai besoin de personne et je ne demanderai jamais rien à ma famille", elle apprend à faire face à cette épreuve à travers les obstacles et notamment ceu...