Le soir-même, j'ai arrêté de parler à Zakaria. Il m'a laissé partir, c'était le geste de trop qui voulait tout dire. Je ne voulais plus jamais lui adresser la parole. J'avais fais mon choix et, à vrai dire, il était mort pour moi. C'était terminé. J'étais fatiguée d'avoir mal, je ne laisserai plus jamais personne me faire de mal. Plus personne. Plus jamais. Il était temps de fermer mon esprit et de jeter la clé. La semaine fut mouvementée. Leïna n'était pas venue pendant plusieurs jours d'affilé. On jonglait entre menaces, embuscades, hypocrisie et j'en passe. Je pensais beaucoup à Zakaria. Je me demandais si il allait bien, je le cherchais dans les couloirs du lycée. Je n'avais pas le courage de le croiser, de l'affronter. Et pourtant, je ne l'esquivais pas non plus. C'était un peu du genre « J'suis toujours là, hein. M'oublie pas. » Mais c'était une idée débile, j'ignorais pourquoi est-ce que j'agissais de cette manière. C'était stupide, comme ma vie, comme mes pensées.
Un mois passé, après tout ça, j'ai compris. Et cette fois, j'ai vraiment subi. Des fois, j'suis triste mais je ne sais pas pourquoi, et ensuite j'comprends que c'est parce qu'il y a quelqu'un qui me manque. C'était de loin la relation qui m'avait fait ressentir le plus de bonheur. J'étais vraiment heureuse, et pour cela, je le remerciais. De tout mon cœur. Parce que, pendant un moment, plus rien ne me faisait de mal, à part lui. Mais le bonheur qu'il m'apportait était plus fort que la douleur qu'il me faisait ressentir. C'est pour cela que je ne lui en veux pas. Je me sentais si vide, désormais...
Ça n'avait jamais été comme ça avec quelqu'un d'autre. Il avait une énorme place dans mon cœur, j'avais placé tous mes espoirs en lui, en nous... Je faisais tous les efforts possible, j'aurai tout donné pour lui, je le faisais passer avant tout le monde. Il était ma première pensée du matin et ma dernière du soir. C'était insupportable. Tout se référait à lui : chaque livre que je lisais, chaque film que je regardais, chaque couple que je voyais... Comment avait-t-il pu balayer d'un seul coup cette once d'espoir que je conservais ?J'ai fondu en larmes. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, toutes les larmes de mon coeur. C'est drôle, ces larmes que l'on est capable de verser. Drôle, ces larmes que l'on a en soi. Je me suis jetée sur mon lit et j'ai pleuré jusqu'à ce que mon corps tremble. Et cela, pendant deux jours. Deux jours entiers. Je ne faisais que ça. Je n'avais jamais, au grand jamais, eu aussi mal. Bien sûr, je peux effacer ses photos, ses messages, son numéro... Mais comment je fais pour effacer son visage ? Sa voix ? Nos souvenirs ? J'devrais arrêter d'y penser, arrêter d'me prendre la tête. Il n'est plus dans ma vie, et puis, j'ai plus trop de temps à perdre... J'ai arrêté de penser que je pouvais lui manquer.
Il me manquait beaucoup et dire que je n'avais pas pensé a revenir vers lui serait mentir, mais j'ai appris que ce n'était pas parce qu'une personne nous manquait que cela signifiait que l'on devait revenir vers elle. Parfois, on devait juste la laisser nous manquer jusqu'à ce qu'on se réveille un jour et réalise que l'on avait plus besoin d'elle.On doit garder le mental quand il s'agit d'enlever définitivement une personne de notre vie. Ça fait vraiment toute la différence. Ça ne sert à rien de replonger, on n'y gagne vraiment rien, sauf à nous faire encore plus de mal. Enfin, c'est ce dont j'essaie de me persuader. «Fais semblant jusqu'à ce que t'y arrives » n'est-ce pas ? Cela dit, je crois que je n'arriverai jamais à comprendre comment tout s'est fini, comment tout a changé en si peu de temps, comment tout s'est effondré...
Pleurer, ça ne me suffit plus. Je crois que maintenant, j'ai besoin de taper dans les murs, de m'y péter les phalanges, pour avoir tellement mal que j'en oublierai la douleur de mes pensées, la douleur de mon coeur.
Zakaria ne me croisait pas souvent, mais il lui avait suffit d'un instant pour comprendre qu'il y a des regards qui ne durent qu'une seconde mais font l'effet d'une bombe. Une bombe. C'est un peu ce qu'il avait été dans ma vie. D'ailleurs, il en avait fait des dégâts. Il me voit. Parfois je me force à rire quand je passe près de lui. "Sûrement pour me montrer que je n'ai pas réussi à l'anéantir. Mais si, j'ai réussi. Elle est complètement brisée", pensait-il.
VOUS LISEZ
Oxymore.
Ficção AdolescenteCamélia est souffrante d'une maladie incurable qu'elle essaie d'oublier. Fidèle à sa devise "je n'ai besoin de personne et je ne demanderai jamais rien à ma famille", elle apprend à faire face à cette épreuve à travers les obstacles et notamment ceu...