Avait-il cédé à la tentation ?

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Je n'avais plus aucune crise, depuis quelques temps. Je vivais ma meilleure vie, c'était épique. J'avais l'impression de ne même pas être malade. Cependant, je continuais à voir ma sophrologue. Elle disait que j'étais une jeune fille pleine de ressources, que j'étais comme un rayon de soleil. Je pleurais souvent chez elle, comme aujourd'hui. Elle était comme mon amie. C'était une amie intime. Je lui disais tout, sans retenue. Le meilleur dans tout ça, c'est qu'elle me comprenait. Elle m'aidait même à me comprendre moi-même.

     Je crois que j'avais trouvé le but de ma vie. Je voulais me connaître, et sur le bout des doigts. Je voulais tout savoir de moi, sans exceptions. Mon seuil de souffrance maximal, mes qualités, mes défauts, mes compétences, ma manière de penser... Je voulais tout savoir de moi. Tout savoir de moi avant d'apprendre à connaître quelqu'un d'autre. 

     Si jamais ça se terminait avec Zakaria, je sais qu'il n'y aura plus personne après lui. De même avec Lina. Je sais que ces deux relations sont tellement intenses qu'il me faudra énormément de temps pour m'en remettre si jamais ça se finissait. Lina me disait de ne jamais penser à la fin, mais plutôt de penser que ça ne se finira jamais. Moi, je pensais que tout avait une fin. Tôt ou tard, tout se terminait, alors j'anticipais. Je savais que ma relation avec Zakaria se finirait, donc je profitais très fort avant que tout se termine. Mais plus le temps passait, et moins j'arrivais à me préparer. Je n'arrivais plus à me dire qu'un jour, il m'abandonnera, ou que je l'abandonnerai. Je me disais que lui et moi irons loin, je voulais le pousser à accomplir le métier de ses rêves, je voulais qu'il fasse seulement ce qu'il aime, je voulais qu'il ai confiance en lui. Et en moi, aussi.

     C'est comme si Lina et Zakaria étaient les deux personnes en qui j'avais le plus confiance en ce monde. Et puis, je n'aimais pas trop donner ma confiance alors pour le moment elles étaient les seules et les dernières personnes à qui je l'accordais.

     Je parlais de Leïna, avec ma sophrologue. Je lui disais qu'une fois, on était venu me voir au lycée pour me rapporter qu'elle se rapprochait de moi seulement pour récupérer Zakaria. Je n'y croyais pas. On ne pouvait pas être si méchant. Le jour où on m'avait dit ça, j'avais ressenti une vraie douleur, au cœur. J'avais l'impression qu'on venait de me donner un gros coup de poing. Ça m'avait fait très mal, je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu'elle faisait cela. J'ai ignoré, et j'ai continué à lui parler. De toutes manières, je n'y croyais pas.

     Cependant, ma sophrologue, elle, avait l'air sceptique. Elle me répétait souvent de faire attention à moi, de me préserver. Mais je l'avais déjà dis : je voulais savoir quelle était ma capacité maximale de souffrance. Je voulais savoir. Alors je passais outre toutes les recommandations, les conseils, les réprimandes. Je voulais voir, et personne n'allait m'en empêcher. Quand j'avais une idée en tête, personne ne pouvait me l'enlever. La seule qui me ramassera à la petite cuillère après cela sera Lina. Elle était la seule qui avait vu, compris et subi à quel point est-ce que j'aimais Zakaria. Elle le savait pertinemment. Et même si j'essayais de changer ce que je ressentais, je ne le pourrais pas. Zakaria avait promis de ne pas me rendre triste, et j'avais confiance en lui. Je buvais ses paroles, je croyais en lui. Je savais qu'il était honnête et qu'il ne manquerait pas à sa parole. Zakaria était quelqu'un d'honnête.

- Je parlais avec Leïna, une fois. Ai-je annoncé. Je lui avais demandé pourquoi est-ce qu'elle était comme ça avec moi. Si gentille, si compréhensive. Elle m'avait dit qu'au début je ne lui inspirais pas confiance, au lycée. Mais le jour où on s'est parlées, dans la cour, elle s'est rendue compte que j'en avais dans la tête, et que si Zakaria m'avait choisie, ce n'était pas par hasard. Elle a dit que ça l'avait rassurée. Ensuite, elle a voulu apprendre à me connaître, et « à sa grande surprise », avec moi, elle arrivait à avoir de longues conversations tout en riant. Je l'aidais, je l'écoutais et je la conseillais. « Ce n'est pas tout le monde qui prend ce temps et je ne veux pas gâcher ça, c'est précieux » ai-je cité.

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