Aime et puis c'est tout.

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Mon téléphone s'était mis à sonner. Putain, j'étais en train de regarder ma série. Qui est-ce qui me dérangeait à ce moment-là ? J'avais des messages de Zakaria, c'était des vocaux. Il riait, il était dehors avec son ami. À vingt heures. Qu'est-ce qu'il foutait dehors à vingt heures ?
Je lui ai répondu par des vocaux également, on riait bien. Il se foutait de ma gueule.

- Vas-y à vingt heures t'es en bas de chez moi, on va se battre ! Ai-je dis en riant.
- Vas-y aucun problème ! A-t-il souri.

Je devinais ses sourires. J'adorais parler avec lui, nos discussions n'étaient vraiment qu'une partie de plaisir. On pouvait passer d'un débat à une compétition de vannes masterclass. Une dizaine de minutes après, mon téléphone s'est mis à sonner. C'était Zakaria.

- Bon descends, j'suis là, a-t-il lancé.
- Quoi ? Mais je croyais que tu plaisantais, ai-je paniqué.

Je n'aimais pas sortir, encore moins en pleine nuit de novembre et surtout pas avec un mec. 
Mais j'avoue que cette fois, j'en avais très envie. J'ai dis à Zakaria que j'arrivais et j'ai raccroché.
J'ai enfilé un pantalon noir, un pull en laine bleu ciel ainsi que mes fameuses Ascis noires et je suis sortie en direction de la gare. Il faisait sombre, je paniquais. Je n'avais même pas le numéro de Zakaria, je devais donc lui envoyer un snap. Ma mère m'exterminera quand elle verra la facture d'hors-forfait. Peu importe, je lui ai dis que j'étais là.

J'ai regardé autour de moi et je l'ai vu. Il était entouré de tous ses copains, j'ai paniqué encore plus.
Je lui ai envoyé un message directement en lui disant qu'il y avait trop de mecs, que je ne pouvais pas venir.  Un court moment après, une grosse voix résonna derrière moi.

- Ah bah enfin, t'es là ! Se moqua Zakaria.

J'ai ris avec lui et puis nous nous sommes mis à marcher un peu partout autour du quartier des Prairies. Il était habillé d'un survêt noir, il portait un bonnet et avait mis sa capuche. Bien évidemment, la sacoche ne manquait pas à l'appel.  Je le trouvais vraiment beau. Quand il souriait, sa dent en argent brillait. On a marché jusqu'en bas de chez moi et on s'est posés, pas loin.
Il regardait des story sur son téléphone. Quand j'ai entendu que c'était un playback, je l'ai trop mal regardé. Il m'a regardé et a rigolé.

- Jalouse, va. Se moqua-t-il.

J'ai croisé les bras en lui demandant si il la trouvait belle. Il s'est mis à rire.

- Va la voir en vrai, elle est éclatée au sol ! S'est-il exclamé.

J'ai ris. J'étais satisfaite.

- Bon, mon pote. Moi j'vais y aller, lança Zakaria.

Mon pote ? J'ai l'air d'être son pote ?

Tcheck de l'épaule et il est parti.  Je suis rentrée chez moi, toute contente. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti des émotions comme cela, ça faisait du bien.

     Le soir-même, Zakaria et moi avons parlé une bonne partie de la nuit.
Il était très honnête, et moi également. On était très crus, lui et moi. On disait les choses, qu'elles plaisent ou non. Jamais je n'avais vécu une relation pareille. En général, les gens ont peur de dire la vérité. Les gens ont peur de blesser.  Lui, il n'avait pas peur de me blesser.  À vrai dire, je crois qu'il s'en fichait. Et j'aimais ça.  Il ne me traitait pas comme une petite fille fragile et innocente, il disait les choses comme elles étaient.  J'avoue que, parfois, ça faisait mal. C'est évident, bien sûr, mais je crois que lorsque l'on est attaché à quelqu'un, ses paroles touchent beaucoup plus.
On les prend en considération, on essaie de changer ce qui ne va pas. Et je pense que ça, ça prouve que l'on fait passer le bonheur de la personne avant le nôtre. Ça prouve qu'elle compte énormément.

Oxymore.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant