Prologue : l'élément déclencheur

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Cela s'appelle ainsi. L'événement, tragique ou extraordinaire, qui permet de réellement démarrer une histoire. Celui qui permet de passer d'une vie banale, fade, qui ne vaut pas la peine d'être raconter, à une aventure intrigante, passionnante, remplie de péripétie souvent exceptionnelle.
L'élément déclencheur.
Il peut être violent et traumatisant pour les personnages, comme un meurtre ou une quelconque catastrophe naturelle. il peut aussi être moindre mais significatif pour le, ou les, héro(s) : une rupture, une grande annonce, une remise de diplôme, ou bien d'autres choses encore. Mais quel qu'il soit, cet élément déclencheur est forcement évident pour les lecteurs. Pas obligatoirement dés le début de l'histoire, mais à un moment ou à un autre, il sera évident pour tous et pour toutes : pour les lecteurs, les lectrices et, bien évidemment, pour les personnages.

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Samedi
20h02
Woodward avenue

Il faisait noir, très noir. Pourtant il n'était pas très tard ; à peine 20 heure. Mais la lune était trop fine pour éclairer quoi que ce soit. La seule source de lumière offerte aux possible passants était l'éclat blafard des lampadaires qui se trouvaient le long de la route. De nuit, cette route semblait s'étendre à perte de vue. Elle paraissait interminable. Et le fait qu'elle eut été bordée d'un coté par un parc plongé dans le noir donnait l'impression qu'elle était engloutie par l'obscurité. De l'autre coté de la route, en face des grilles fermées du parc, des dizaines de maisons étaient plongées dans le silence. Toutes ses habitations semblaient appartenir à de riches familles : elles avaient une apparence de villa, avec leurs piscines et leurs hautes clôtures blanches bordées de buissons parfaitement taillés. Dans la seule rue aisée de la ville de Brighton, dans le Vermont aux Etats-unis, tout était calme et endormi. Cependant, la vérité était tout à fait différente.

Dans la première maison de cette rue, vivait un couple de jeunes mariés. Elle était une toute jeune infirmière qui travaillait dans l'unique hôpital de leur petite ville. Il était un brillant avocat qui excellait dans tout ce qu'il entreprenait, à tel point qu'il était souvent en déplacement, car requis sur de nombreuses affaires dans de nombreux autres états. D'un point de vue extérieur, tout allait pour le mieux. Seulement, ce soir-là, à 20 heures 11, la jeune infirmière appris, par un concourt de circonstance, que le brillant avocat avait eu à plusieurs reprises des aventures d'une nuit lors de ces voyages professionnels. Voilà pourquoi, à 20 heures 25, elle sorti de chez elle avec une valise, monta dans sa voiture dans l'optique de se diriger vers l'hôtel le plus proche.

Dans la quatrième maison de cette rue, une jeune femme racontait une histoire à son petit garçon dans l'espoir de le faire s'endormir plus vite. Elle parvint assez rapidement à ses fins. À 20 heures 18, elle embrassa le front de son fils endormie et partie rejoindre sa compagne dans la suite parentale.

Dans la maison voisine, un jeune homme d'une quinzaine d'années gardait la lumière de sa chambre allumée pour pouvoir réviser le devoir important qui l'attendait le lundi suivant. Ou c'est tout du moins ce qu'il avait dit à ses parents. Il avait bien l'intention de veiller jusque tard, mais sûrement pas pour préparer son contrôle. Il comptait plutôt jouer toute la nuit au dernier jeu vidéo qu'il s'était acheté plus tôt dans la journée.

Mais tous ces événements sont moindre comparé à ce qu'il se passe dans la dixième maison. Elle était habitée par une des familles les plus riches de la ville ; le père était adjoint au maire et la mère fût une psychiatre réputée mais elle avait décidé de tout arrêter à la naissance de son premier fils. Ce fils faisait leur fierté, bien qu'il fût sans aucun doute l'exemple parfait du stéréotype de l'adolescent riche américain. Fils attentionné et grand frère exemplaire, il était doué à l'école, excellent sportif, et très sociable en plus de ça. Et ses petits frères, deux vrais jumeaux, semblaient suivre le même chemin que lui.
En ce samedi soir, la famille Delahay dinait tranquillement. Les trois fils avaient précautionneusement mis la table avant de s'installer à leurs place respectives : les deux jumeaux d'un côté et l'aîné de l'autre. La mère arriva avec le plat qu'elle disposa au centre puis appela son mari, occupé dans son bureau. Le père arriva et le repas commença, après la prière bien évidemment.
Tout allait pour le mieux, l'aîné mangeait en silence pendant que ses frères expliquèrent avec fierté leur dernier exploit : un A obtenu en science. Leur mère les félicita tout comme leur père. Mais lorsque, à 20h17, celui-ci entama un semblant de conversation avec son fils aîné, le ton monta rapidement. Un bruit se fit entendre à l'étage. L'aîné couru dans sa chambre. Il en ressorti avec un sac sur son épaule et une main dans la sienne. A deux, ils traversèrent le salon puis l'entrée avant de s'enfuir dehors. Alors qu'ils se croyaient sorti d'affaire, le bruit d'une fenêtre qu'on ouvre se fit entendre. Puis le bruit d'une arme qu'on recharge. Puis un coup de feu. Puis enfin, à 20h26, un corps qui s'écroule au milieu d'une rue. Une voiture qui dérape. Une femme qui crit.

Et, en ce samedi soir tout à fait ordinaire, à 20h27, toutes les maisons de la Woodward avenue furent éclairés.

C'est compliqué...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant