C'est compliqué...

4.Une Leçon De Vie

Lundi 13 août 2018
10h30
Brighton high school

Après deux heures et demie d'ennuyeuses formalités habituelles de début d'année, Ms. Wood nous a annoncé qu'elle allait nous laisser une heure de libre avant de devoir choisir nos cours en option. Donc, dès que la sonnerie retenti, j'attrape mon sac posé à mes pieds et le lance sur mon épaule tout en me levant. Je sors de la classe sans attendre personne : j'ai juste besoin d'air. Je suis le premier dans le couloir alors je prends deux secondes pour respirer. Mais rapidement, le lycée se remplie d'élèves de tout âge et je me remet alors en marche. Je me dirige d'un pas rapide vers mon casier, que j'ouvre après avoir déverrouillé le cadenas. Je fixe l'intérieur vide de mon casier en avalant de grandes goulées d'airs. Je viens de passer deux des pires heures de ma vie. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à lui, à cette inconfortable situation, alors je le regardais sans arrêt. J'espérais capté son regard mais rien n'y faisait : il ne m'a pas regardé une seule fois en deux alors qu'au départ il me fixait sans retenu. J'ai jamais été autant attristé et paniqué par une situation, mais surtout je suis énervé contre l'univers tout entier. Je m'en veux de ne pas l'avoir reconnu dès le début ; Je lui en veux de ne pas m'avoir reconnu ; J'en veux à Delahay pour ses années de traumatisme... Et, surtout, je me déteste parce que j'ai terriblement envie de lui pardonner. Je crois qu'il a changé, j'espère qu'il a changé. Plus important, j'ai besoin qu'il est changé. Sinon, ma première relation sera finie avant même d'avoir commencé, et ce coup de cœur aura été le plus douloureux de l'histoire de Brighton.
Je souffle longuement avant d'entendre un bruit de casier qu'on ouvre à ma droite. Je claque la porte du mien dans un son sourd métallique et vois ma cousine mettre des livres dans le sien. Je m'étonnes :

"Tu remplie déjà ton casier ?

-Tu commences déjà à hyper-ventiler ?, elle me demande innocemment.

-C'est compliqué., je répond simplement.

-Avec toi, c'est toujours compliqué."

Je pose mon sac à mes pieds et appuie mon dos contre les casiers. Je ne sais pas quoi lui dire. Parce qu'il est vrai qu'en temps normal la locution 'C'est compliqué' me sert juste à éviter les longues conversations inutiles. Sauf que, cette fois, c'est vraiment compliqué.
Je me contente de hausser les épaules en laissant ma tête basculer vers l'arrière. Elle répond par un soupir mécontent avant de fermer son casier en douceur. Au moment où elle se tourne vers moi, sans doute pour me faire une remarque qui m'obligerait à me mettre à table, le reste de notre groupe d'ami arrive enfin. Kara, visiblement vexée, nous lance :

"Vous auriez pu nous attendre ! On est pas si lent que ça., elle croise les bras avec une moue boudeuse en se laissant aller contre les casiers, juste à ma droite.

-Vous, non. Mais lui, si., je répond en pointant du doigt Tom qui se défend immédiatement.

-Franchement t'es pas sympa, je me suis nettement amélioré niveau vitesse de rangement.

-Amélioré ? Sûrement., Raf' le soutien avant d'ajouter. Nettement ? Je suis beaucoup moins sûre."

Tom lui balance un coup de poing amicale dans l'épaule ce qui nous fait rire, Kara et moi. La discussion repart, et, bientôt, ils commencent à débattre sur la vitesse de rangement de Thomas. Je ne participe pas et me contente de rire aux piques que se prend mon meilleur ami. Lydia, elle, me fixe en silence, une lueur d'inquiétude dans le regard.
Alors que mes trois amis sont partis dans un fou rire sans que j'entende pourquoi, ma cousine pose sa main droite sur mon épaule dans un geste tendre. Je tourne la tête dans sa direction pour la voir me sourire doucement, comme si elle avait peur de m'effrayer.