Isabelle Eaton

Paysage de peur

J'entre dans la salle les mains moites et les jambes tangentes. Je sens peu à peu l'appréhension me gagner. Quelles sont mes peurs ? Iz réfléchit de quoi as-tu peur ? Ces questions tournent en rond dans ma tête. Quand je me reconcentre sur le monde réel Quatre me fixe avec insistance.

_Iz ça va ? Je viens de te demander de t'asseoir

_Euh...Oui

Je me laisse tomber sur le fauteuil et essaye de respirer calmement. Quatre doit sentir mon stress car il n'arrête pas de regarder mes mains qui ne cessent de se frotter et de bouger. Il approche la seringue de mon cou mais j'intercepte avant son geste.

_Tu n'as pas à avoir peur tout va bien se passer

_Plus facile à dire qu'à faire, grinçais-Je entre mes dents

J'enlève tout de même ma main et le laisse me piquer le coup. Je sens le produit se déverser il gagne peu à peu les veines reliant mon cerveau. Une image se forme petit à petit, je reconnaîtrais ce lieu entre mille. Le secteur altruiste. Je sens qu'on s'approche de ma maison, de mes mauvais souvenirs. Dans mon cerveau je hurle NON ! Plus comme un ordre qu'une plainte. L'image s'effrite et laisse place au siège des audacieux. Je marche vers Uriah qui se tient en face de moi quand tout à coup je sens que quelque chose me retient. Je tente de me libérer en tirant sur mes bras ou mes jambes mais rien ne lâche. Des cordes quasiment invisibles s'enroulent autour de moi m'immobilisant complètement. Je hurle pour attirer l'attention d'Uriah mais ce que j'aperçois me glace le sang . Un homme tapis dans l'ombre se poste derrière lui et commence à le frapper. Je me débats mais reste impuissante face à cette scène. J'abaisse la tête et ferme les yeux de rage.

C'est ta simulation, ton corps c'est toi qui décide, me souffle une voix.

Je fixe l'agresseur d'Uriah et pense très fort DISPARAIT. Aussitôt il s'envole tout comme le paysage de ma peur.

Je me relève en sursaut de la chaise ou j'étais assise. Je m'essuie le front remplis de sueur et tente de reprendre un rythme de respiration lent. Je voit Quatre stressé, il n'arrête pas de regarder son écran.

_Qu'est-ce qui a ?

_Pourquoi le paysage a changé ?

_Comment ça ?

_J'ai aperçu le secteur altruiste puis l'image a disparu remplacé par celui des audacieux, dit-il en se grattant la tête.

_je n'en sais rien, peut être que le système a déraillé. Je suis une des dernières après tout.

_Le système ne déraille pas Iz. Jamais. Me répond-t-il avec un air grave

Je m'apprête à me lever quand il m'attrape par le poignet.

_Quel était ton résultat au test Iz ? Sans me mentir ?

_Altruiste

Il me regarde l'air peu convaincu mais finit tout de même par me lâcher le poignet. Je regagne les dortoirs autant étonnée par le comportement de Quatre, qu'apeurée par ma simulation.

Le spectacle qui se déroule devant moi et digne de l'apocalypse. Certains novices pleurent, d'autres ressassent leur peur. Je finir par apercevoir Christina, et les autres assis sur le lit de Tris. Quand ils remarquent ma présence, leur conversation s'arrête et leurs regards se braquent sur moi.

_Est-ce que ca va ? Me demande Christina ?

_Euh..., je suis interrompue par l'arrivée de Tris qui comme moi n'a pas l'air si terrorisé que ça.

_On dirait que ça va plutôt bien vous deux, dit Will

_Oh non, c'était horrible, il y avait du feu partout, j'ai eu tellement peur, dit Tris

Je ne peux m'empêcher de me dire que tout ce qu'elle raconte n'est qu'un tissu de mensonge. J'ai l'impression que comme moi elle est..différente. Enfin je dois juste délirer. Derrière Tris je vois arriver Peter. Oh non ! Pas lui.

_Ne dis pas de bêtise Tris, tu as été une  des plus rapides, comme toi d'ailleurs Iz

_Laisse les tranquilles, dit Al

_Moi je dis ça je dit rien, c'est simplement que c'est vos amies donc elles vous diront sûrement le truc pour réussir à vaincre plus rapidement ses peurs.

Il partit sur ses mots, il a vraiment le don pour foutre la merde partout lui.
Je sens maintenant tout les regards fixés sur tris et moi.

_Il y a un truc pour réussir plus rapidement à vaincre ses peurs ? Demande Al

_Non, bien sûr que non, répond Tris

Ils commencèrent ensuite à se tourner vers moi.

_Vous êtes vraiment con au point de croire Peter ?

Ils bredouillèrent de vague non mais je sais qu'ils doutent de nos réponses.

A cette instant précis je comprend que Tris et moi possédions une chose précieuse que les autres n'avaient pas. Cette chose était une cause à défendre, mais en aucun cas elle devrait être révélée . Et je comptais bien comprendre notre différence...même si cela impliquait de parler à Tobias...