Partie 43

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Mon père affiche de nouveau des yeux ronds en nous voyant rentrer tous les deux avec un léger sourire aux lèvres.

-Tu as réussi à le calmer ?

Jimin me lance un regard interrogateur, surpris que mon père ne m'adresse pas la parole et lui parle comme si je n'existais pas. J'hausse les épaules, je m'en tape complètement ; j'ai remarqué qu'il avait un grain de beauté sur le bas de son cou.

-Oui, pourquoi ?

-Lorsque Yoongi est énervé, il agit comme un gamin et refuse d'écouter qui que ce soit.

Réveillé de mon admiration, je le scrute, muet, avec l'espoir qu'en vu de ce regard il comprenne enfin que ce qu'il dit est blessant, mais c'est vain. Me comparer avec un adolescent qui fait une petite crise... c'est bas.

-C'est un idiot, je suis d'accord. Mais on l'est tous les deux, donc on parle la même langue.

Mon père sourit sans lire entre les lignes, comme d'habitude. "Dégage de notre monde, abruti, tu ne comprends et ne sers à rien." Je suppose que c'est ce qu'il voulait poliment dire ? Façon Yoongi. Ou alors il disait réellement que j'étais un crétin fini... ce qui est possible.

Une fois dans notre chambre, après une discussion stérile avec mon père, je me tourne vers lui :

-T'es un idiot, toi ?

-Et toi ?

-Moi c'est sûr et certain.

-Alors moi aussi, je suis complètement et irrémédiablement devenu idiot.

Son sourire de chat me fait douter, j'ai l'impression que quelque chose me file sous le nez. Il fait un tour de chaise roulante en souriant ainsi.

-Si c'est à cause de moi, vaut mieux que tu t'éloignes, non ?

Jimin se marre devant mes sourcils froncés avant de rétorquer :

-Si c'était si facile, idiot, je l'aurais fait depuis longtemps.

Le joli carillon qui sort de ses lèvres me déconcentre ; je laisse tomber le truc qui me chiffonne et souris bêtement sans comprendre.

-Ah ouais ? Tu m'aurais laissé tomber pour ne plus être un idiot ?

-Hum... non, tu as raison. Quand t'es idiot, les choses paraissent plus faciles, n'est-ce pas ?

-D'avec qui tu es, cela dépend.

Il rougit, puis me lance un coup d'oeil. Il voit avec soulagement que j'ai balancé ça au pif en mimant Yoda, puis me pointe du doigt avec ce même sourire de chat aux lèvres :

-Mais dis-moi, tu ne serais pas un génie, toi ?

Je souffle ; je donne ma langue au chat, à ce chat : je lève les bras en l'air et geigne.

-Jiminie... je ne comprends rien, tu fais trop de sous-entendus et ça me fait mal à la tête... Je ne suis pas un génie, je viens de te le dire, je suis un idiot... alors j'abandonne, c'est quoi la réponse ?

-Pas question que je te la dise, t'étais très près avec ta dernière tentative, déjà trop près. Tu pars dans combien de temps en Amérique ?

Sans souligner son changement de sujet abrupte, je grimace et confie avec douceur la date butoir :

-Dans une semaine, le lundi des vacances... pendant deux mois.

Ses sourcils et son sourire s'affaissent. Il s'écroule sur le lit et chope Rouflaquettes qui passait par là en toute innocence, et se retrouve soudain face au visage de Jimin en gros plan.

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