MYSTIC - LA VILLE DES LOUPS

CHAPITRE 5

CHRISTELLE

La soirée a pu rattrapé le reste de la journée qui dans l'ensemble a été catastrophique. Après cette discussion avec mes parents, les problèmes entre Eduardo et Emilio – que j'ai tenté de savoir sans succès, Jeremy est venu sous ma demande et nous avons passé la nuit ainsi, dans les bras de l'autre en mangeant du popcorn avec du jus et sucreries en tout genre. Jeremy n'est pas très enchanté de mon départ, il est terriblement déçu et a même tenté de dissuader mes parents sans un très grand succès. C'est donc ainsi que nous avons passé – la nuit entière, à regarder des films qui n'ont ni queue ni tête ou pas du tout intéressant en parlant longuement. Il a passé la nuit avec moi. Mais a filé très rapidement visiblement. En me levant, je n'ai retrouvé qu'un simple mot de sa part.

« Christelle, je suis désolé d'avoir fui comme un voleur. J'ai voulu prévenir mes parents mais j'étais venu sans mon portable. En soit, tu ne vas pas tarder à partir. Sache que je serai toujours là, à attendre de tes nouvelles. On fera des appels vidéos, on se parlera. On ne perdra pas contact. Je t'aime et ne m'oublie pas petite sœur. Jeremy »

Maintenant, je suis en train de prendre mon petit déjeuner. Je fais réchauffer le reste de crêpes de hier soir et une fois réchauffée, je sors un pot de Nutella. Par chance, il en reste suffisamment pour l'étaler sur mes trois crêpes qui feront office de petit-déjeuner ce matin. Quand je finis de l'étaler, j'entends des bruits de pas. Je relève la tête au moment même où Emilio arrive à l'encadrement de la pièce. Un silence pesant remplit la cuisine alors que nous nous regardons simplement. Je suis censée l'en vouloir. Et je l'en veux toujours. Pourtant, je n'ai jamais réussi à faire la tête longuement à l'un de mes frères.

– Bonjour. Me dit-il d'une voix grave

– Salut. Répondis-je d'une voix mal assurée

Emilio se dirige vers le réfrigérateur et je m'offusque quand je le vois prendre de quoi faire un chocolat. Emilio m'aurait – normalement, sauté dans les bras en pleurant – peut-être, en me demandant de le pardonner. Mais il n'en fait rien. Il poursuit sa préparation tranquillement alors que je le regarde faire encore étonnée.

– Un problème ?

Emilio se retourne et me jauge de ses iris grises froides. Je secoue la tête négativement et il retourne encore à sa préparation. Je connais trop bien Emilio pour comprendre qu'il est toujours en colère pour son frère. Et il est en train de me le faire subir involontairement en m'ignorant. Je sais lire en lui. Lire en mes frères aînés ou mes parents est extrêmement facile pour moi, ils expriment leurs sentiments. Mais lire en Emilio était impossible. C'est pour ça que je me suis acharné à le comprendre. A découvrir mon frère. A savoir ce qu'il ressentait sans qu'il ne s'exprime. Et ça : je l'ai fait depuis qu'il a commencé à développer cette froideur. Ce qui fait que rien ne peut m'échapper dans ses sentiments. Alors que j'allais prendre la parole, Emilio se retourne et me lance :

– Tu ne crois pas que tu me dois des excuses ?

Abasourdie, je fixe longuement mon frère espérant à une très mauvaise blague ! Mais non, son regard est plongé dans le mien. Il est sérieux ? Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Ou m'énerver.

– Je rêve ? M'exclamé-je en sentant la colère monter, tu crois que je te dois des excuses ? Emilio mais t'as un sérieux problème ! Vous ne m'avez pas soutenu face aux parents ! Vous voulez ce déménagement ! Moi je ne le veux pas ! Vous voulez ce qu'il y a de mieux pour moi ? Me forcer à quitter Jeremy n'est pas une bonne idée ! Je refuse de le perdre ! Tu te rends compte de tout ce que je vais perdre Emilio ?!