CHAPITRE 17

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EMILIO

J'avance dans un couloir sombre. Je ne parviens pas à distinguer ne serait-ce qu'une forme tant l'obscurité m'entoure. Pour autant, je n'ai pas peur. Sereinement, j'avance à la recherche de quelque chose dont moi-même je ne sais pas. Mais j'ai l'impression que ce que je recherche, je m'y rapproche. Au fur et à mesure que j'avance, je sens la nervosité me prendre. Je ne comprends pas ce qui se passe, je ne comprends rien à ce qui se passe. Et alors, l'obscurité est dévoré par la lumière. Plus j'avance, plus l'obscurité se fait manger par la lumière. Et je finis par distinguer une masse.

Je ne dis pas un mot qu'elle se retourne. Un loup. Et pas n'importe lequel. Mon loup. Ce dernier s'avance prudemment vers moi et je m'arrête. J'attends qu'il me rejoigne. Quand il me rejoint, il s'assied à mes pieds. Et il me regarde. Je finis par m'asseoir à mon tour et mon loup pose sa tête sur mes jambes. Je ne comprends pas ce qu'il fait. Mon loup tape de sa tête, la paume de ma main. Je comprends ce qu'il désire. Je lui caresse son pelage et il se détend. J'ignore combien de temps, je reste à faire ce que je fais. Et alors, quand je vais pour lui poser une question, il se relève brusquement et se redresse pour me fixer.

Je le regarde. Mon loup me toise de ses iris dorées. Cette couleur rare chez les loups. Mon loup s'éloigne un petit peu pour commencer une transformation. Il mute pour regagner une apparence, mon apparence. Il devient une copie identique de moi – à l'exception de ses iris dorées. Ses magnifiques iris me regardent encore fixement. Je suis perdu. Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que mon loup essaye de me dire ? Mon loup prend mes mains avant de me regarder.

Emilio... Murmure-t-il

Qu'est-ce qui passe mon loup ? Que veux-tu me dire ? Demandé-je doucement comme pour ne pas le brusquer

Il me fait un léger sourire qui fait monter mes lèvres vers le haut. Il me lâche les mains subitement avant de dire :

Je reviendrai.

Et alors qu'il commence à s'éloigner doucement, je me mets à crier :

Que se passe-t-il ? Dis-le moi !

Mon loup me fait un signe de main avant de disparaître dans la lumière. L'obscurité enveloppe la lumière cette fois et me renvoie.

J'émerge difficilement de mon lit. Il fait encore nuit, mais mon sommeil s'est coupé. J'essaye de rentrer en contact avec mon loup, mais rien. Il ne me répond pas. Pire encore, je ne le sens pas. Alerté, je me lève et je descends dans la cuisine. Je prends un couteau en acier et à son contact, je ne reçois aucune brûlure. Il ne me brûle pas. Paniqué, j'essaye d'entendre les battements de cœur des autres sans succès. Je ne les entends pas. Complètement pris de panique et à deux doigts de laisser couler mes larmes, je remonte prenant la direction de la chambre de mes frères jumeaux. Je réveille Eduardo et Marco complètement en panique. Quand ils aperçoivent mon regard paniqué – et probablement mes larmes vu que je sens un goût salé, ils s'inquiètent. Ils me demandent ce que j'ai mais je ne fais qu'éclater en larmes.

* — * — *

– Alors ? Que se passe-t-il ? Demandent mes frères

Depuis que mes frères m'aient consolé, je tire une tête qui fait peur à voir. Je n'ai pas prononcé un mot non plus. Il est quatre heures du matin et ma sœur dort toujours. Elle a le sommeil très profond – heureusement, car j'aurai du mal à expliquer ce qui se passe. Le médecin de la meute de Sébastian – qui est aussi le nôtre dans un sens a bien voulu venir malgré l'heure tardive. Mes parents sont très inquiets. Ma mère n'arrête pas de se ronger les ongles et mon père tente du mieux qu'il peut de me rassurer en me frottant le dos – technique qui marchait petit. Mais j'apprécie l'attention de mon père malgré qu'il soit le roi des maladroits.

MYSTIC - LA VILLE DES LOUPSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant