CHAPITRE 38

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LÉON

Notre mère criait. Elle criait fort. Très fort. C'est insupportable d'autant plus que personne ne sait pourquoi. Elle crie en même temps qu'elle pleure. Quand je suis monté voir le jeune homme qu'on avait récupéré de cet endroit sinistre – et qui a été soigné également, j'ai trouvé ma mère devant son lit en train de pleurer, la bouche grande ouverte, ses yeux exprimant de l'incompréhension et de la surprise – peut-être celle de voir le jeune homme ici. Et c'est là que les cris ont commencé à venir. Et maintenant, ça fait exactement trois minutes qu'elle pleure. Personne n'arrive à lui parler, à lui demander ce qui ne va pas, de l'aider. Même pas nous ses propres enfants, et même Eden.

Le jeune inconnu repose tranquillement sur le lit. Il semble ne pas avoir dormi pendant tellement longtemps, qu'il ne risque pas de se réveiller de si tôt. Ça doit peut-être faire une heure qu'il dort au plus. L'état dans lequel on l'a retrouvé me retourne l'estomac – notre père est un malade. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi avait-il cet homme et le petit garçon – répondant au nom de Liam selon Bradley dans cet endroit lugubre. Ils ont tous les deux subis de la maltraitance et ça m'écœure. Cette facette de ce connard m'écœure. Et je regrette tellement d'être son fils. Je souffle dégoûté, et notre mère s'arrête de pleurer et de crier. Un vrai soulagement pour les oreilles.

– Maman, c'était quoi ça ? M'exclamé-je un peu irrité par son cirque

Elle me fusille du regard et son regard est tellement noir que je regrette tout de suite ma question. Elle ne m'a jamais regardé avec ce regard, c'est la première fois que je lis dans son regard une telle haine et c'est effrayant. Sébastian prend la parole :

– Ne regarde pas Léon ainsi ! C'est vrai quoi, tu fais un cinéma pour ensuite regarder ton fils comme si il était le responsable de tous les malheurs du monde ! Je crois bien que tu nous dois une explication.

Notre mère soupire longuement avant de me regarder et de me présenter ses excuses avec sincérité. Je les accepte bien que légèrement vexé. Eden décide de prendre la parole :

– Maman. Est-ce que tu le connais ? Car j'ai l'impression qu'il te ressemble à toi comme il ressemble à tes enfants aussi.

La remarque d'Eden reste dans mon esprit. Je détaille maintenant le visage de l'homme et je reconnais effectivement des similarités avec notre visage. De plus, Bradley affirme qu'il avait des yeux bleus bien qu'il les ait vu que deux secondes. En revanche, il a des cheveux noirs et son visage m'est étrangement – trop étrangement, familier. Je pose mon regard sur le visage de notre mère, et la c'est l'évidence. La réponse m'apparaît comme l'évidence même. Les yeux écarquillés, je recule encore sonné par mes réflexions et le lien que je viens de trouver. Sébastian semble en arriver à la même conclusion logique car il regarde ma mère avec de grands yeux. La seule chose qui manque c'est l'explication. Et heureusement, notre mère la donne tout de suite :

– Je pense que vous êtes arrivés à la même conclusion... et je vais vous éclairer. Vous savez qu'avant, le premier enfant que j'ai eu est décédé il y a maintenant vingt ans ? Mais est-ce que vous savez comment il est mort ?

On secoue tous négativement la tête. Parler de son premier enfant était un sujet sensible que nous avons tous préféré esquiver, d'autant plus que nous ne l'avons jamais connu – Sébastian n'étant pas encore né à cette période. Notre mère comme son connard d'âme-sœur, évitaient tous les deux le sujet. Mais maintenant, je doute que les raisons soient les mêmes pour notre mère et ce connard. Eden grimace avant de s'exclamer :

– Je vais vous laisser.

– Mais non ! Pourquoi ? Demande Aileen

– C'est plutôt privé. Répond Eden d'un sourire contrit, je préfère m'en aller.

MYSTIC - LA VILLE DES LOUPSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant