CHAPITRE 6

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Mercredi 30 Mai. Sam se retourna sous sa couette chaude en clignant des yeux face à la luminosité vive du matin, avant de tendre le bras pour attraper son téléphone portable posé sur sa table de chevet. L'écran verrouillé affichait sept heures quarante trois.

La jeune femme laissa échapper un ronchonnement, avant de se redresser sous les draps en passant une main sur son visage fatigué. Posé au sol, le témoin lumineux de son ordinateur portable clignotait faiblement, seul témoin de sa nuit trop courte.

Elle avait du se coucher aux alentours de cinq heures du matin, incapable de lâcher son logiciel de retouches photographiques. Après avoir passé le début de soirée en compagnie des garçons dans le salon à jouer aux jeux vidéos, elle n'avait pas eu sommeil et avait commencé à travailler sur son expo. Elle avait déjà tellement de données à trier, à regrouper..

La photographe bailla longuement, avant de réussir à s'extirper de son lit avec difficulté pour marcher jusqu'à son sac à main posé sur le bureau. Elle en sortit son paquet de cigarettes et rejoignit le balcon pour s'en griller une dans la fraîcheur matinale. Dehors le brouillard épais recouvrait le parc de Clairefontaine, lui donnant l'impression d'être dans un monde parallèle. Sur le sol en béton les vestiges de la pluie qui était tombée toute la nuit se colla à ses voûtes plantaires, lui arrachant un frisson. Elle expira une nouvelle bouffée de nicotine, ses pensées s'envolant au même rythme que la fumée grisâtre, quand on toqua à la porte de sa chambre.

- Entre, c'est ouvert ! Lança-t-elle en admirant la cime des arbres qui se détachait au dessus de la nappe de brouillard.

Elle se retourna pour voir Antoine arriver, déjà habillé et douché, deux verres de jus d'orange dans les mains, et elle esquissa un sourire tandis qu'il la rejoignait sur le balcon.

- Merci. Dit elle en prenant le verre plein qu'il lui tendait, avant d'en boire une gorgée.

Le garçon esquissa un sourire et il amena lui aussi son verre à ses lèvres pour savourer le liquide vitaminé, tandis qu'un silence agréable s'installait entre eux, seulement perturbé par quelques oiseaux qui chantaient, cachés dans la végétation.

C'était un petit rituel qu'ils avaient adopté tout les deux depuis quelque jours. Chaque matin, alors que tout le monde dormait encore ou se levait à peine, l'attaquant la rejoignait avec deux verres de jus d'orange pressé, et ils restaient tout les deux admirer la vue sans rien dire tandis qu'elle fumait sa Marlboro. 

C'est après que Sam lui ai parlé de son périple en plein milieu du bush australien, quand elle aimait se lever à l'aurore pour admirer le lever du soleil sur la plaine, que Antoine s'était confié en lui avouant que lui aussi aimait à se perdre dans la contemplation de la nature au réveil. Le reste s'était fait tout seul.

C'était agréable, de ne pas avoir à parler constamment. De simplement se contenter de profiter de la nature dans son état le plus solennel, quand le soleil prenait son tour de garde.

Et comme d'habitude, ils terminèrent leur orange pressé en admirant la vue, en écoutant la brise légère qui secouait les branches des arbres et faisait onduler la pelouse étincelante du parc, avant que Sam n'écrase son mégot dans son cendrier et qu'ils retournent à l'intérieur où la température était plus clémente. La journée pouvait commencer.

- Tu n'as toujours pas défait ta valise. Remarqua le garçon en s'allongeant sur le lit défait de la photographe.

- Pour quoi faire ? On part dans moins de deux semaines. Rétorqua la jeune femme en fouillant dans ses vêtements entassés dans son sac de voyage pour trouver une tenue correcte.

- On dirait que tu es toujours sur le qui-vive. Dit il en observant le petit corps féminin sortir un t-shirt blanc élimé. Comme si tu n'arrivais pas à te poser.

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