CHAPITRE 15

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Samedi 16 Juin. Kazan. Dehors la température avoisinait les trente degrés, et on entendait les hurlements des supporters Australiens venus en nombres résonner depuis les tribunes du stade. Dans les vestiaires de l'équipe de France, pendant que les joueurs revêtaient leur maillot, le visage fermé, Didier assenait ses joueurs d'un dernier discours d'encouragement tout en faisant les cents pas dans la pièce.

- Ça fait des mois.. Des semaines, que nous sommes là. Pour ce rendez vous. Commença le coach, les mains sur les hanches. C'est notre premier rendez vous.

Assise près du staff sur un banc, Sam écoutait avec attention les mots du coach tout en réglant son focale fixe sur son appareil photo, avant de lancer un regard furtif vers Antoine qui était en face d'elle en train d'enfiler son maillot. Le garçon lui tournait le dos, concentré dans son match, et elle se mordit la lèvre en sentant son coeur se serrer dans sa poitrine.

Ils n'avaient presque pas échangé un mot depuis leur discussion au retour de la soirée. Parce qu'il n'y avait rien à dire. Les autres joueurs avaient évidemment remarqué l'éloignement des deux amis, mais ils n'en avaient pas parlé. Par respect, certainement, mais aussi parce que leurs journées avaient été surchargées par les entraînements, les séances de récupération et les conférences avec la presse française. La jeune femme, elle, s'était perdue dans son travail, enchaînant les journées au rythme des garçons et veillant tard la nuit sur son ordinateur pour mettre en place l'exposition.

- C'est votre histoire les mecs. Continua Didier, ramenant la brunette au moment présent. Confiance, bien évidemment. Sérénité.. La qualité j'ai même pas besoin d'en parler, vous savez que vous l'avez. Après, le haut niveau c'est la tête, et là. Dit il en pointant son index sur son ventre. La force qui vient des tripes les mecs. En maîtrise, bien évidemment. Mais.. C'est un combat. C'est un combat.. C'est notre premier combat.

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Une demie heure plus tard le onze de départ se positionnait sur le terrain tandis que le public faisait le décompte qui s'affichait sur les écrans géants. Depuis sa place sur le banc de touche à côté de Guy, Sam n'arrivait pas à décrocher son regard d'Antoine, et elle dut se faire violence pour réussir à sortir de sa léthargie et commencer son travail, tandis que le premier coup de sifflet retentissait contre ses tympans.

Un oeil sur le match, la jeune femme commença à fixer sur pellicule les visages des garçons, tandis que sur la pelouse l'Australie plaçait la barre haute avec un jeu agressif, annonçant un après midi musclé. Les français s'en sortaient bien, empêchant toute tentative de marquer chez l'équipe adverse, jusqu'à ce que les Bleus ne s'éteignent de façon incompréhensible passé les dix premières minutes.

Continuant d'attraper les mouvements des garçons sur son Reflex, Sam sentait son coeur cogner durement contre sa cage thoracique, inquiète du peu de niveau que montrait l'équipe de France pour leur premier match. Est ce que c'était à cause de la chaleur suffocante ? Ou bien de la pelouse trop haute ? Elle n'aurait su l'expliquer. Dirigeant à nouveau son objectif vers les garçons, elle glissa sur les visages en sueur jusqu'à ce qu'elle n'attrape celui d'Antoine qui récupérait une passe de Ousmane. Mais l'attaquant ne réussit pas à terminer sa course jusqu'aux cages adverses, laissant le ballon se faire voler par un australien. La jeune femme appuya sur le déclencheur, enregistrant les iris soucieux de son ami, avant de baisser son appareil en se mordant la lèvre inférieure.

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A la mi-temps le score affichait toujours 0-0, et les joueurs quittèrent le gazon verdoyant pour retourner aux vestiaires, tandis que Sam passait la lanière de son Reflex autour de son cou et rejoignait le staff, la boule au ventre.

Dans les vestiaires l'ambiance était pesante, les visages inquiets et fermés. La jeune femme resta en retrait pour consulter ses clichés, tandis que les garçons se reposaient un moment ou changeaient de tenue en discutant tout bas. C'est Hugo qui finit par prendre la parole, en bon capitaine, pour essayer de re-motiver ses troupes.

HORS JEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant