CHAPITRE 16

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- Bon. Commença Didier en regardant ses titulaires silencieux. J'espère que vous avez bien dormi. On va faire un retour sur notre dernier match. Avec le négatif, et on finira par le positif. Vous serez pas surpris que la plus grande partie c'est dans le négatif.

Adossée contre le mur près de la porte d'entrée de la petite salle de conférence, Sam se mordit la lèvre, mal à l'aise. Ils le savaient tous, le jeu des garçons face aux australiens la veille avait été minable, pauvre. Il n'avait rien de comparable avec ce que la jeune femme avait pu voir jusqu'à présent. Est ce qu'ils avaient été dépassés ? Est ce qu'ils avaient sous-estimé la puissance de jeu des australiens ?

Alors que Didier énonçait les statistiques du match, pointant les faiblesses de son équipe, la brunette prit son appareil photo sans faire de bruit et l'alluma, avant d'amener son objectif devant son iris pour capter les profils des garçons qui écoutaient sans piper mot.

- Vous êtes silencieux ? Lança Didier quarante minutes plus tard alors qu'il leur repassait des passages vidéo du match. C'est les images. Peut être à l'excès, mais c'est ce qu'on n'a pas fait. Oui Paul ?

- En première mi-temps on savait pas. Se défendit le numéro six en parlant calmement.

- Vous saviez pas quoi ?

- On savait pas si on devait presser. Quand la balle elle était dans l'axe ou quand la balle était sur le côté. Donc ça veux dire qu'on le faisait à notre manière.

- On l'a pas fait, peut être pas assez Paul. Rétorqua Didier en haussant légèrement la voix. Tu peux me dire 'on l'a pas fait assez'. Je peux vous en faire pendant une heure. Mais je veux pas un qui rigole. Ça on n'a pas le droit, les mecs. Ajouta-t-il après un silence. On n'a pas le droit. Et je dis pas 'vous'. Nous. Parce que je me mets dedans.

Depuis sa place contre le mur, Sam appuya sur son déclencheur en direction du coach. Même elle, qui n'était là que pour prendre des photos, se sentait tout aussi concernée par les paroles du sélectionneur.

- Je vous protégerai tous un par un. Annonça Didier. Mais faites. Faites ! C'est l'équipe. Et tous.. Tous ! Pour l'équipe. Et ça change pas mal de choses.

Personne ne dit un mot, ne prononça une parole. Il avait tout dit.

- Bon déjeuner.

-

Mardi 26 Juin. 21H00. Assise sur son lit dans sa chambre, Sam transférait ses dernières photos sur son ordinateur tout en survolant rapidement les clichés qu'elle avait prit lors de la rencontre des Bleus face au Danemark. Elle entendit les éclats de voix de quelque joueurs qui lui parvenaient du couloir, la plupart des garçons étant déjà en bas pour passer du temps avec leurs proches qui avaient fait le déplacement jusqu'à leur camp de base, aux frais de la fédération française de football, et elle laissa son esprit la ramener quelques heures plus tôt dans les vestiaires des joueurs.

L'ambiance d'après match avait été joyeuse mais sans effusions. Il n'y avait pas de quoi, de toute façon. Même si le résultat recherché avait été atteint - conserver leur première place du groupe et poursuivre l'aventure en huitième - leur rencontre face au Danemark avait été tout sauf du football. Un zéro-zéro décevant qui avait plus ressemblé à une bouillie de jeu, et qui avait mit en évidence les difficultés des garçons à rassurer sur le plan technique.

Soupirant un bon coup tout en passant une main dans ses cheveux encore humide de la douche, la photographe débrancha son Reflex de son ordinateur avant de se lever pour aller fumer une cigarette sur le balcon. Elle posa rapidement son châle autour de ses épaules, et sortit dehors avant d'allumer sa Marlbo tout en observant la nuit qui tombait sur Istra, tandis que l'odeur des braises du barbecue organisé sur la terrasse de l'hôtel montait jusqu'à elle. Relevant ses iris ambrés vers le ciel étoilé, elle continua le cheminement de ses pensées tout en amenant sa cigarette à ses lèvres roses.

HORS JEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant