Chapitre 2

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Louis
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- Tu as l'air essoufflé... Tu t'es encore garé trop loin ?

- Non pas trop loin. Simplement en lieu sûr.

Ma chérie pouffe de rire à l'autre bout du fil. Mon nouveau jouet à quatre roues risquerait d'être vandalisé dans ce quartier où la sécurité n'est pas de mise. J'adore Joy, mais jamais je ne cautionnerais le fait qu'elle ait pris un appartement -si on peut l'appeler ainsi- à Camden Town. Derrière les rues populaires de ce district que les Londoniens affectionnent tant, elle s'est trouvé un deux pièces lugubre, bien différent de son appartement de Paddington.

- Je ne devrais pas rentrer très tard... Glisse innocemment mon interlocutrice.

De son côté, Erin avait sensiblement le même programme que moi ce soir.

- ... Si jamais traverser toute la ville pour rejoindre ton hôtel te paraît trop pénible, n'oublie pas que je n'habite pas très loin de là où tu es...

Ce qu'il y a de bien dans notre relation naissante, c'est qu'il n'y a aucune pression concernant notre organisation.

- Je te tiens au courant en fonction de l'heure à laquelle je pars.

J'ai le sentiment d'être un peu trop sur la réserve dans la réponse que je lui fournis, mais je n'ai pas envie de commettre les mêmes erreurs qu'auparavant.

- Très bien, on fait comme ça. Me répond-t-elle sans une once de vexation.

- À tout à l'heure, peut-être.

Sûrement. Je mets fin à notre court appel pour la laisser profiter de ses amis et entame ma dernière ligne droite vers l'immeuble où je suis attendu.

Je sors discrètement mon paquet de cigarettes, au risque de me faire taxer par les résidents, ajuste la capuche sur ma tête et poursuis mon chemin en totale ignorance pour ce qui m'entoure. Un nombre incalculable de sacs poubelles s'entasse sur le trottoir et la ruelle semble ne jamais finir. On croirait qu'il fait déjà nuit, alors qu'il suffit de lever les yeux pour apercevoir le ciel bleu.

Je distingue le vieux tacot de Joy, garé de travers sur la chaussée, avec son amoncellement d'amendes pour stationnement gênant. Je ne sais pas trop s'il faut rire ou pleurer, sachant que l'on sait qui paye ses infractions. Le rouge délavé de la carrosserie de cette vieille Fiat Panda prête à sourire à lui seul et pourtant l'aspect comique ne s'arrête pas là. On ne compte plus le nombre d'éraflures sur les portières, qui s'explique sûrement par le manque de visibilité évident sur la plage arrière, où trône une dizaine de peluches en tout genre. Pour la peine, j'écrase la fin de ma clope contre le capot. Elle n'est plus à ça près.

Je pousse la porte de l'immeuble, dont l'interphone n'est toujours pas réparé et grimpe les marches jusqu'au dernier étage. Je tente de minimiser ma respiration sifflante avant de frapper, car je sens que je risque de me prendre encore une remarque à la gueule.

Joy m'ouvre rapidement, avec un air de bonne humeur.

- Oh... Souffle-t-elle, secouant la tête en me voyant. Mes trois étages t'ont encore achevé.

- Deux et demi ! Rectifie la voix de mon meilleur ami derrière elle.

Je leur réponds d'un doigt d'honneur bien pensé tout en passant la porte.

- Elle n'est pas là Elin ? Demande la blonde en scrutant le couloir.

- Joy... Ça va faire quatre mois que je suis avec elle. Tu pourrais au moins faire l'effort de retenir son prénom.

YOURS. // Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant