This life

Laura

Je cours comme une déchaînée depuis ce qui me semble être des heures. J'ai réussi à me cacher quelques secondes pour reprendre mon souffle. Ils sont au moins 4 à me courir après et ils sont infatigables. Mes amis se sont vite transformés en monstres que je ne m'attendais jamais a rencontrer. Il doit être 3h du matin dans un cartier assez riche. Je me décide à traverser dans une cours, car ils sont très près de moi. Je trébuche, comme à mon habitude, et tombe nez à nez avec un gros mec barbu. Rendue au point ou j'en suis ça ne pourrait pas être plus pire.
-J'ai besoin de me cacher monsieur. Aider moi.
Il voit tout de suite la panique dans mes yeux noirs. Il me pointe une chaise de jardin derrière lui. Je m'assois lorsque les 4 gars qui me courent après s'arrêtent dans la cours. Jason Vaillancourt devient tout blanc lorsque qu'il me voit derrière cet homme au blouson de motard.
-Officier Vaillancourt. dit soudainement le motard.
-Monsieur Arnaud... bafouille Jason visiblement mal à l'aise.
-C'est une belle nuit de novembre hein? demande le motard visiblement content de cette situation malaisante, Vous vous êtes perdus messieurs?
-Non non, on faisait un jogging et Laura est plus rapide que nous! ment le plus mauvais policier de la planète.
Non, Jason est un très bon policier, mais il est clairement tordu. Il fait la production de quelques films porno Québécois, d'où je le connais, et il a quelques blocs appartement dans la belle partie de la ville. Vous savez cette belle partie qu'on montre aux touristes, la rue la plus achalandée des coincés du cul. La partie un peu plus « fortunée », où je suis en ce moment est réputée pour être les maisons les plus coûteuses, mais nécessairement tous les businessmans vivent ici. Dont les plus grand trafiquant de drogues, les pdg, ceux qui font de l'argent sale comme le trafic au marché noir. On en voit de toutes les couleurs ici, mais rien ne se fait en dehors des maisons, donc de l'extérieur c'est un très beau cartier, mais tous savent ce qui s'y trame, même moi qui n'est pas native du coin. Le silence entre les hommes devient pesant, très lourd même. Jason brise le silence en soupirant très fort.
-Bon aller Laura il est tard on doit rentrer.
Quoi? Mais pour qui il se prend lui à me donner des ordres? Mais en même temps je dois rentrer chez moi, donc nécessairement avec eux... je ne pense pas pouvoir retourner dans cet appartement après ce qu'il vient de s'y passer. Le motard lit bien mon malaise.
-Non Jason, Laura reste ici ce soir. il se tourne vers le policier qui semble rétrécir devant cet homme si imposant, Vous allez retourner chez vous et laisser cette fille tranquille.
Tous quatre hochent la tête et repartent. L'homme se tourne vers moi et me fait signe de le suivre. Je le suis dans la maison, très grande, mais surtout vide. Une très grande cuisine à air ouverte qui donne sur la salle à manger et un salon, sans compter l'énorme escalier en bois qui accède au deuxième étage. Une seule pièce au premier étage est fermé, la porte donne sur le salon tout près de l'entrée du devant de la maison, probablement les toilettes. M. Arnaud me tend un grand verre d'eau froide. Je lui souri et avale le contenu d'un coup.
-Depuis quand ils te courent après? demande M. Arnaud.
-Bonne question... ça m'a paru être des heures! Mais je cours depuis la principale Nord.
- Oh la rue du tournage. Tu cours depuis une bonne demi-heure.
Oui j'habite dans un bloc appartement ou l'on tourne des films porno, j'en ai fais un ou deux pour être honnête, mais je voulais juste un loyer pas cher avant d'avoir un emploi stable.
-T'es nouvelle. Leur petite protégée.
-Protégée mon cul! Ils me courraient après pour que je tourne un gangbang... que je sois consentante ou pas...
-Ils voulaient te violer?? demande le barbu complètement hors de lui.
Je bafouille quelque chose d'incompréhensible, même pour moi. Je suis complètement surprise de voir sa réaction... il ne me connaît même pas qu'est-ce que ça peut bien lui faire que je me fasse violer par un policier fou.
-Excuse moi c'est... compliqué. Ma fille est tombée amoureuse de l'un d'eux et..., il ferme les yeux en cherchant ses mots, elle a été retrouvée morte dans une ruelles près du bloc de tournage. Emplie de toute sortes de drogues. Ça se voyait bien qu'elle avait été forcée et battue... il inspire profondément.
-Maintenant vous vous dites que vous allez aider n'importe qui qui a des problèmes avec eux.
-Oui, pour faire court.
-Je m'appelle Laura Bégin.
-Jean-Michel Arnaud.
Il va poser mon verre dans le lave-vaisselle, il lève la tête et crie deux nom. James et Ben. Puis deux garçons descendent l'imposant escalier. Deux hommes aux cheveux noirs, l'un poivre et sel, arrivent légèrement curieux de ma présence. Le plus vieux porte un jeans usé et une chemise blanche immaculée. Il est plutôt mignon pour un homme de la cinquantaine et à une forte corpulence, pas gros, mais bien en chair, le petit bedon tombant, mais tous son corps bien ferme et musclé. Le deuxième ressemble au premier mais 20ans plus jeune et clairement lui va au gym plus souvent que l'autre. Cheveux noirs, yeux verts perçants, à première vue on dirait un videur de bar tellement il a l'air fort et sérieux. C'est peut-être le cas. Il est habillé d'un t-shirt bleu et un jeans troué. Décontracté.
-JM tu as de la visite? demande le plus vieux.
Jean-Michel souri et secoue la tête.
-Dis nous pas que tu t'es décidé à rencontrer quelqu'un? dit le plus jeune de sa voix étonnamment grave, mais joueuse.
-Non les gars. dis Jean-Michel avec le sourire en coin, Elle c'est Laura, elle a besoin d'un peu d'aide et d'une place pour dormir. Enfin j'imagine que tu ne veux pas retourner chez toi Laura?
Un frisson de peur me parcours le corps. Je secoue la tête,
-Je peux me débrouiller Jean-Michel. Je vais retourner chez mon père le temps que je me trouve un emploi..
Il me coupe la parole,
-J'imagine qu'aucune place où tu as envoyé ton CV n'a répondu à tes appels.
Comment? Pourquoi il sait ça lui? Voyant mon incompréhension il continue son monologue.
-Jason s'est arrangé pour que tu ne réussisse pas à te trouver un travail pour que tu dépendes du tournage... 
Il se tourne et frappe le comptoir de son poing serré. Les deux autres hommes qui viennent d'assister à la scène comprennent soudainement la situation. Le plus jeune suis Jean-Michel qui entre temps c'est éclipsé vers la pièce que je crois être les toilettes. Je suis seule avec l'homme grisonnant. Il brise le silence en me tendant la main pour que je la serre dans la mienne.
-Je m'appelle James. Jean-Michel est mon petit frère et mon associé. Tu t'es fais avoir par le policier à ce que j'ai compris...
-Ouais... je soupire, encore sous le choc.
-Jean-Michel est un peu plus frustré ces temps-ci, ça va bientôt faire dix ans qu'on a retrouvé le corps de sa fille Thérèsa. A tout les ans il est comme ça, on finit par s'habituer à ses sautes d'humeur.
-Je sais ce que c'est... avouais-je pensive.
Jean-Michel débarque en bombe dans la cuisine. Il me regarde et s'adoucit un peu, mais il est déterminé, à quoi? Bonne question!
-On va chercher le strict minimum de tes affaires Laura. Quelques vêtements, des petits trucs faciles à apporter. J'espère que t'avais pas de meubles, parce que plus jamais tu va retourner chez eux.
Surprise, mais touchée par ce geste protecteur, je le dévisage.
-Pas que je ne veux pas de ton aide, en fait ça me touche beaucoup, mais euh... on se connaît depuis genre trois minutes et tu veux déjà que je déménage? Écoute je vais retourner chez mes parents et c'est p..
il me prend ma mâchoire entre ses doigts et me transperce du regard.
-Ils vont te retrouver peut importe où tu crisse ton camp. Tu as aucune idée d'où tu te trouves et encore moins avec qui tu te trouves. Si tu as ma protection plus jamais ils vont réussir à toucher ne serait-ce qu'un seul de tes cheveux. Et surtout mêle pas tes parents à ça si tu les veux en un seul morceau. Je me suis bien fais comprendre?
J'hoche la tête difficilement. Il me lâche.
-James viens-tu avec nous faire peur à ces ti-gars là?
-Est-ce que tu pose la question JM? répond James légèrement surpris.
Jean-Michel rit en coins et part vers la porte de devant. Nous le suivons tous vers un pickup garé en face de la maison. 

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