Laura

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Je suis encore dans la ferme, le jour où j'ai du quitter ce petit ranch ou j'ai grandi.  Mon père arrive et me vois pleurer, il me prend dans ses bras, et me chuchote;
- Ça va bien aller ma chérie. Je sais que c'est difficile, mais je suis là pour toi, moi. Je vais t'aider à traverser cette épreuve là.
J'avais 15 ans à cette époque, j'avais encore espoir en lui. J'avais espoir qu'il arrête l'alcool et qu'il soit là pour moi. Je me réveille en pleurant, comme d'habitude. Ça fait déjà presque sept ans que c'est arrivé et pourtant ça me fait toujours autant mal. Je me lève difficilement pour regarder l'heure sur mon téléphone et regarder mes messages, inexistants bien entendu. Je me lève doucement et entends du bruit venant de sous mes pieds, probablement Jean-Michel en bas. Je pars dans la salle de bain et tandis que je brosse mes cheveux j'entends mon téléphone sonner dans ma chambre. Je traverse pour répondre sans même regarder l'afficheur. Je reconnais rapidement la voix sourde du téléphone, mon père.
- Bon matin Laura. Bien dormi princesse?
Au moins il est sobre, pour le moment.
- Coucou papa, oui oui j'ai bien dormi et toi? menti-jé sans problème.
- Oui, répond-t-il tendu, Arrive tu à te trouver du travail, la dernière fois qu'on s'est parlé tu m'a dis que c'était pas super, et bien je voulais prendre de tes nouvelles.
Toujours aussi surprise lorsqu'il s'inquiète pour moi je lui répond vaguement que non, pas encore et la « chicane » avec mon proprio. Je lui parle un peu de JM, comme étant un client régulier du petit dépanneur ou je travaille quelques fois, dépanneur n'existant pas donc un gros mensonge. On finit par raccrocher, après qu'il m'ai parlé de sa douce Rebecca. Mon père est fou d'elle depuis que j'ai 16/17 ans, c'est une grosse pétasse qui couche à gauche et à droite dans le dos de mon père, une vraie manipulatrice qui n'aide absolument pas mon père avec son addiction. Me traitant toujours de moins que rien, même devant mon père. Il a toujours dit qu'elle avait simplement besoin de s'adapter au fait que je vivais avec Marcounichou qu'elle aime, mon père s'appelle Marc, mais elle lui donne ce surnom ridicule. Oui l'amour rend définitivement aveugle, ses gros seins aussi dans le cas de mon père. M'étant installée sur le petit sofa lit du salon, je remarque que tout est rangé. Jean-Michel débarque au moment où j'allait me mettre à pleurer. Je déteste avoir besoin de mentir à mon père, qui s'en ai mal tiré dans la vie. Il me sourit et dépose une tasse de café devant moi, noir, le meilleur pour se réveiller. Je chuchote un merci et il s'assoit à côté de moi, il me laisse boire une gorgée brûlante avant de dire quoique ce soit.
- D'où tu viens Laura? Parle moi de toi étant donné que tu ne peux pas dire la vérité à ton père.
Il a entendu ma conversation au téléphone. Je soupire, je déteste cette histoire qui ferait pleurer n'importe qui.
- Je viens d'une petite ville tout près de la frontière de l'Ontario. J'ai toujours vécu avec mon grand-père, enfin seulement quand mon père était trop saoulé pour se souvenir de moi. Mon grand-père, Léo, vivait dans un petit ranch, il vivait pratiquement de sa propre production de fruits, légumes et lait. Mon grand-père vivait seul, sa femme étant décédée de son deuxième cancer bien des années avant ma naissance. Le cancer est héréditaire dans sa famille, ma mère en a été fauchée elle aussi quand j'avais trois ans. Mon père est tombé dans l'alcool et il a commencé a fréquenté une grosse salope, le classique de la méchante belle-mère des Disney. Mon grand-père est tombé malade vers la fin de mon adolescence, il ne pouvait plus rester chez lui selon le médecin, que j'avais du engager, car il est trop têtu pour aller à l'hôpital. je ris, il est si têtu mais si adorable, J'ai du prendre la décision de vendre sa maison parce que je n'avais pas l'argent nécessaire pour faire vivre sa fermette et ses soins de santé. Il est atteint de l'alhzeimer, mais il se souvient de sa vie et de moi. La plupart des centres pour personnes, ne pouvant plus vivre seule, n'arrivent pas à le garder. Il passe de foyer en foyer depuis des années, j'imagine qu'il n'ont simplement pas assez de patience pour lui. Je suis sa seule décence encore vivante, je suis la fille unique d'un homme ayant eu lui aussi une seule fille. Une petite fille hyperactive et hypersensible, à la limite de l'hystérie. Il a toujours été la pour moi, m'aidant et surtout me montrant comment bien utiliser toute cette hyperactivité en moi. C'était mon psy, mon meilleur ami, mon garde du corps, mais aussi l'homme que j'admire le plus au monde. Aucun professeur n'avait confiance en mon potentiel, aucun employeur ne voulait de moi à cause de la mauvaise réputation de mon père, les autres élèves me trouvant beaucoup trop excitée et énergique pour être « normale ». J'ai fait plusieurs stages en service de resto, service de bar, j'arrive pas à rester assise. Je ne me permettrai jamais de passer ma vie derrière un bureau à ne pas travailler dans le public et puis mon grand-père m'a toujours dit de vivre à 100 à l'heure, c'est ce que je vais faire, pour qu'il soit fier de moi parce que j'ai suivi son conseil.
Il médite mon monologue en silence. Il ouvre la bouche quelques fois pour dire quelque chose, mais la referme. Il se tourne vers moi le regard presque attendrissant.
- Je veux t'aider. Premièrement j'ai un travail pour toi, tu m'as dis que tu ne pouvais pas rester assises et bien moi je suis proprio d'un bar de danseuse pas loin d'ici. Deuxièmement on va aller en ville pour t'acheter des vêtements, Ben m'a parlé de l'état catastrophique de ton appartement et du fait que toutes tes affaires entrent dans un petit sac. Troisièmement, j'espère qu'une teinture ne te déplaît pas trop mais assez généralement pour se faire plus discret, le roux n'est pas exactement la couleur à porter.

Je lui souris, il a bien raison, mais je n'ai pas un sous, comme je m'âprete à le lui dire il se lève et me dit;
- Inquiète toi pas pour l'argent, je paye. Ne rouspète même pas c'est déjà décidé. Je te laisse te préparer on pars bientôt.
Je n'ai même pas le temps de lui répondre qu'il retourne en bas. Okay, donc j'imagine que je ne dis rien et que je pars avec cet homme que je connais a peine pour recommencer à zéro.

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