Laura

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Nous roulons jusqu'au bloc appartement. Jusqu'à chez moi. Je suis tellement nerveuse à la simple idée de les revoir tous, dans ma chambre, nus fouillant dans mes affaires et foutant le bordel. J'espère sincèrement qu'il sont tous partis et qu'on va pouvoir récupérer mes trucs sans trop de problèmes. On arrive par derrière du petit immeuble, j'avais conseillé aux garçons de se garer derrière comme ça je pourrai passer chez moi sans devoir traverser le studio de tournage. On sort et j'entends Jean-Michel soupirer, puis il brise le silence de la ruelle;
- Ben, James on laisse Laura aller chercher le strict minimum et on va dire deux trois mots à ses amis. Laura tu pense pouvoir amener le minimum rapidement?
J'hoche la tête de peur de me mettre à pleurer si je parle. Je ne pleurerai pas devant eux parce qu'ils me laissaient seule dans le petit appartement que j'aimais tant avant d'avoir presque faillit m'y faire violer. J'attends que les trois hommes partent pour commencer à monter l'escalier de mon chez-moi. Comment ça a pu arriver toute cette merde là? Je demandais juste la paix moi! Un appart pas cher, du travail, des amis et du sexe. Quoi demander de mieux? Mais non, faut croire que la belle vie c'est pas fait pour moi! Oui effectivement tout mon appartement est en bordel..
mon lit tout défait, la porte de derrière défoncée, les rideaux arrachés, la plupart des trucs qui traînaient sur mon bureau son par terre. Ma lampe, mes livres n'on pas été touchés. Je prends mon sac de voyage et les y dépose dedans, mes quelques vêtements, j'ai malheureusement découvert que plusieurs de mes vêtements on étés déchirés, voler ou peu importe « disparu » de mes tiroirs, ma brosse à cheveux et celle pour mes dents. J'ose même pas regarder la douche. L'endroit où j'étais quand il est venu me rejoindre pour me soudoyer de tourner son foutu film. Je me dépêche de sortir d'ici en vitesse avant que je me mette à paniquer. Je prends mon petit étuis emplis de mes crayons et mon cahier du moment pour mes dessins. Je ne dessine pas parfaitement mais j'aime bien dessiner, ça libère notre tête. Par chance personne n'avait remarqué mon cellulaire bien caché dans mon bureau. Je savais que je n'étais pas toute seule ce soir donc je l'avais cacher pour aller dans la douche, j'avais bien fais d'y penser, des fois je pense que j'ai des pensées prémonitoires. J'entends quelqu'un montrer l'escalier qui monte jusqu'à chez moi, mais celui intérieur. La porte s'ouvre sur Ben qui est totalement surpris par le bordel qui règne chez moi. Heureusement la cuisine a été épargnée. Il ne me parle pas, comme si la situation le prenait au dépourvu. Il est plutôt mignon comme ça, ça attendrit son air de dur. Je cache mon sourire en refermant mon sac. Il me regarde sans dire un mot comme s'il attendait que je m'exprime en premier.
- Non je ne vis pas dans ce bordel. Gracieuseté du proprio et de ses amis pervers. dis-je finalement en levant les yeux au ciel.
- Qu'est-ce qu'ils ont pu vouloir trouver pour fouiller chez toi. demande-t-il après un cours moment de malaise de sa part.
- Bonne question..., chuchoté-jé en mettant mon sac sur mon dos. Je fais une dernière fois le tour de l'appartement pour ne rien oublier. Quelques portraits de mon grand-père accroché au frigidaire, vide, j'avais pas fais mon épicerie moi hier? Je referme la porte plus fort que je ne l'aurais voulu, et pars de cet endroit maudit. Je ne me rends même pas compte que Ben me suis jusqu'au camion, j'ai la gorge nouée, je ne dis rien et m'assoie dans le camion lorsque James et Jean-Michel arrivent. Je pleure en silence, ça ne change pas de d'habitude, j'ai toujours eu cette malchance de devoir ravaler ma peine. Mon chez-moi, pour une fois que je me sentais bien à quelques part, depuis que la maison de mon grand-père a été vendue. J'étais toujours chez lui, mais quand il est tombé malade il a du quitter sa maison, passant de foyer d'accueil en CHSLD sans jamais que personne ne réussisse à bien s'occuper de lui. J'étais trop jeune pour comprendre quand il est tombé malade et puis pour moi rien n'avait changé, il se souvenait de moi, je l'apaisais. Nul doute qu'un vieillard alzheimer et complètement révolté de la vie soit incontrôlable. C'est pour ça que j'habite ici, il vit dans un foyer d'accueil dans la ville voisine, je suis réputée pour pouvoir aider les gardes-malades dans les centres où il a passé les dernières années. Personne de ma famille ni même les centres ou mon grand-père a vécu, ne sais ou je suis, ni même mes meilleures amies, ce qui veut dire les vaches que mon grand-père avait dans son ranch, les gardes-malades n'ont que mon numéro de téléphone pour me rejoindre. Mes larmes redoublent, penser à cette partie de ma vie où j'ai pu être heureuse me rende triste, parce que ça n'a plus été le cas après. Ma mère ayant quitté se monde quand j'étais jeune à cause du cancer, n'avait rien arrangé dans la situation de vie de mon père, seul avec une petite fille de trois ans a peine et une femme décédée. Il n'avait que le soutien de mon grand-père, Léo, lui aussi attristé par le départ trop tôt de sa douce fille. J'ai toujours vécu avec mon grand-père, mon père étant toujours dans les bars ou à baiser je ne sais qui, il en est devenu alcoolique, noyant sa peine dans une bouteille de rhum quand il le peut. Il a essayé tant bien que mal de s'en sortir pour pouvoir subvenir à mes besoins, il n'y est jamais parvenu, malheureusement...
Le camion s'arrête brusquement et je réalise que nous sommes chez Jean-Michel. J'essuie mes larmes, les conservant pour plus tard, et sort munie de mon sac et de mes photos, vieillies par le temps. Jean-Michel nous ouvre et fait signe à Ben de me montrer ma chambre, bon bah j'imagine que ce gros barbu m'aime bien s'il veut que je reste chez lui. Il me fait penser à mon grand-père, mais en plus renfermé sur lui même. Je suis Ben en silence jusqu'au deuxième étage. Nettement plus chaleureux et familial comme ambiance, un très grand salon, avec une table de poker derrière le grand sofa. Une table basse emplie de mégots et bouteille d'alcool de toute sorte. Ben, remarquant soudainement le bordel et ma présence, s'arrête et regarde la table basse.
- T'inquiète pas on va ramasser ce bordel pour que ce soit vivable pour toi. La plupart du temps JM n'utilise pas le deuxième étage donc j'imagine qu'il sera complètement à toi le temps que la poussière retombe,  il continue son chemin jusqu'au couloir près de la table de poker. Il se tourne vers moi et me pointe les deux seules portes qui y sont, celle-là c'est ta chambre et l'autre c'est ta salle de bain. JM est un peu accroc à la propreté donc juste pas trop salir sans nettoyer. La nourriture t'es fournie en bas et tu a seulement accès au portes qui sont ouverte dans la maison. Je crois que j'ai fais le tour des règles, oh et aussi il y a une fenêtre dans la salle de bain et les voisins d'en face sont des gros pervers donc oublie pas de fermer le rideau. Je te laisse t'installer, on va probablement venir faire un peu de ménage, mais t'inquiète pas on viendra pas dans ces deux pièces car elles sont à toi. me dit-il avec un petit clin d'œil.
Je dis un petit merci et entre dans ma chambre sans fermer derrière moi, il va bien s'en aller de toute façon. Je pose mon sac sur un immense lit à baldaquin. Un petit fauteuil dans les teintes de noël, un bureau, vide, sont les seuls meubles de cette pièce. Je commence à ranger mes vêtements dans le bureau quand je sens quelque chose tomber sur mon lit, ou plutôt quelqu'un. Ben est étendu sur mon lit et feuillette mon cahier de dessin. Non mais pour qui il se prend lui. Je me racle la gorge pour lui rappeler ma présence. Il lève ses grands yeux vert, vers moi et ne dit rien. Non, mais quel idiot! Je m'avance vers lui et prends mon cahier de ses mains pour aller le déposer avec mes autres trucs dans le bureau. Je me tourne et il est encore sur mon lit, sauf que là il me regarde, son regard n'est pas impoli, ni même déplacé, non simplement curieux. Bon j'imagine qu'il n'est pas vite vite. Respire Laura, respire.
- Je suis fatiguée. dis-je simplement pour lui faire comprendre de débarrasser le plancher, mon grand-père m'a bien élevé et m'a appris à être polie.
- Ouais moi aussi, j'imagine que toi aussi tu a eu une grosse journée. me répond-t-il en sortant son téléphone de sa poche pour regarder je ne sais quoi.
Non, mais c'est quoi cette attitude de merde? Je sais que je ne suis pas chez moi mais quand même! Je soupire et prend mon pyjama avec ma brosse à dents, trop fatiguée pour lui faire débarrasser le plancher, sauf que cette fois je ferme la porte derrière moi. J'enfile mon pyjama et remarque enfin l'état pitoyable de mes vêtements, ils ne sont bon qu'à jeter. J'ouvre un peu les armoires autour de moi pour trouver un tube de pâte à dents, ça n'a pas été bien difficile à trouver, tout est neuf ici. Tous les produits pour la douche, fil dentaire, rince bouche, même le savon pour les vêtements, j'aperçois finalement les machines à linge près d'un énorme bain à pattes de lion. À côté de l'évier la douche et la toilette. Tout semble neuf ici c'est incroyable. Je brosse enfin mes dents et jette mes vêtements tous déchirés et tachés. Je retourne dans ma chambre que je trouve vide. Bien il a compris! Je referme derrière moi et verrouille, on ne sait jamais, Ben a dit qu'ils viendront probablement faire du ménage. Je me couche sans même penser à la soirée horrible que je viens de passer.

This lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant