Une semaine s'était écoulée. Ma patience était mise à rude épreuve... les envies de meurtres qui m'envahissaient devenaient de plus en plus grandes. Voir toujours les mêmes têtes, avoir les mêmes remarques... vivre à répétition tous ces évènements allait finir par me rendre folle, si ils ne me tuaient pas avant.
Bien sûr, quand j'étais avec mes amies, je gardais le sourire, mais cela n'empêchait pas qu'au fond, je me sentais triste, voir même un peu vide. Je me sentais un peu coupable parfois, je me sentais hypocrite de sourire et de rire alors qu'au fond je n'en avait plus vraiment envie. Mon comportement paraissait normal aux yeux du monde, mais la seule personne qui savait vraiment ce que j'avais dans le cœur, c'était moi.
Je n'en parlait plus vraiment à ma meilleure amie, car ça m'évitait d'y penser trop. Avec le recul, je me dis que j'aurais dû tout lui raconter, et cesser de me renfermer sur moi même.Mathias et les autres commençaient vraiment à devenir un poid dans ma vie, et je n'étais pas la seule. Puisqu'on ne pouvait rien faire, on les ignorait "parce que vous verrez qu'ils se lasseront si vous ne dîtes rien". Mais bien sûr... c'est le conseil de l'ignorance cette phrase. Dans ma tête, elle sonne comme "Faîtes vous taper, on verra après si on peut faire quelque chose du coup. Venez nous voir avec des cicatrices, des bleus plein la tronche et le nez cassé pour qu'on commence à réfléchir à une solution.".
***
Un matin, j'étais arrivée un peu plus tard que d'habitude à cause de mon bus, et j'étais donc la dernière. Je me dirigeai donc vers mon casier pour y déposer quelques affaires. Lorque j'ouvris mon casier, j'eus une merveilleuse surprise sous les yeux. Un bout de papier dégueulasse arraché n'importe comment et plié en quatre.
Lorsque je l'ouvris, je me retrouvai face à un florilège d'insultes. Quel meilleur moyen que ça pour commencer une bonne journée?
Je me contentais de le glisser et de rejoindre mes amies.Visiblement, je n'étais pas la seul à avoir reçu ce joli mot d'amour dans mon casier. Chloé était en train de s'énerver et de dire qu'elle allait les défoncer. Nous étions donc quatre à l'avoir eu. Charmant. Je préferai ne rien dire sur le mien. Je ne voulais pas en rajouter une couche. Alexandra était dépitée, et Loïs arrivait à rester patiente et courtoise. Je l'enviais totalement à ce moment précis.
Lorsque je proposai d'aller les montrer à un adulte, Chloé me fit habilement remarquer que ce ne serait pas une preuve valable puisqu'on ne savait pas qui les avait écrits. Je connaissais l'écriture, mais j'étais incapable de dire à qui elle appartenait. Ils allaient très loin, et le problème, c'est qu'on ne pouvait plus faire comme si rien ne se passait.
***
Ce soir là, en m'installant dans mon lit, je ressortis le morceau de papier que je contemplais. "espèce de grosse salope, va faire ta pute ailleurs". Moi je dis que c'est de la grande poésie tout ça. On avait chacune eu droit à un petit mot différent en plus. C'est qu'ils s'étaient donné du mal les cons. Il y avait de la réflexion derrière tout ça. J'avais presque envie de les féliciter. En classe, quand on doit rédiger un texte, ils ne sont pas fichus d'aligner deux mots, et ils ne comprennent jamais rien. Non sérieusement, un semblant d'efforts avait été fait.
Une chose était sûre en tout cas, je comptais bien trouver qui c'était, et aller lui rentrer ses bouts de papiers dans la bouche, et de les faire ressortir par derrière, en m'assurant qu'ils s'étouffent avant.
C'est donc le mercredi en cours d'histoire que j'eus une révélation. Rizeleine avait changé de place et elle était désormais à notre îlot, à la place de Mathias. Je ne sais pour quelle raison, mais mon regard avait été attiré comme un aimant sur son cahier (non, pas sa tête, étrangement, je tiens à ma vue).
L'écriture sur mon papier était exactement la même que sur sa feuille...Je sentais le feu me monter au visage. Je serrais tellement mon stylo que ma main en tremblait, et je serrais tellement ma mâchoire qu'elle risquait de céder sous la force que je lui infligeait. Je fermais un instant les yeux pour tenter de retouver mon calme.
La pétasse assise en face de moi m'adressa la parole, ce qui eu pour effet de me sortir de ma bulle.
《Ça va Mylène?》Ses lèvres étirées en un rictus complètement faux-cul me donnaient envie de me lever et d'aller lui arracher les cheveux pour voir si elle sourierait toujours.
Je la fixai pendant quelques secondes où elle perdit son sourire tant mon visage était dur et froid, puis, détournai le regard.Si cette bande de salops pensait s'en sortir, ils se foutaient le doigt là ou je pense, et bien profond.
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"It will be alright..."
Kurgu OlmayanDans cette histoire, je ne parlerai pas d'un sujet plaisant, puisqu'il sagit du harcèlement scolaire. Je tiens à en parler, car c'est un sujet qui compte beaucoup pour moi: je l'ai vu, et vécu. Ce récit parle donc de ce que j'ai vécu, ou de ce que m...