PDV Livai
La nuit est tombée depuis un bon moment, protégeant moi et mes acolytes de sa douce noirceur. À cette heure, il n'y a presque plus personne dans les rues, nous laissant agréablement le champ libre pour mettre à exécution notre plan. Du geste que nous avions convenu, je fais un signe de tête à Farlan, puis un autre à Isabel qui me sourit de pleines dents. Parfois, j'ai l'impression qu'elle prend trop les choses à la rigolade.
Après avoir pris une grande inspiration, je descends la cagoule sur ma tête afin de masquer mon visage, puis sors de ma poche arrière mon long couteau de fortune que je regarde un bon moment. Il est fraichement aiguisé, reflétant mon reflet d'une manière ragoutante. Je déteste me regarder... ma peau est trop pâle, mes cernes trop prononcés. C'est ce que le manque de sommeil cause, je suppose.
-Livai, tu te dépêches avant que des gens arrivent? S'enquiert Farlan qui a déjà entamé le chemin.
Je ne prends pas la peine de lui répondre, puis me décide à le suivre. Je déteste être obligé de faire ça, porter cette cagoule puante. Je regarde rapidement aux alentours avant de pénétrer brutalement dans la supérette. Farlan, qui se trouve devant, brandit notre unique pistolet, visant le pauvre caissier qui jusqu'à maintenant lisait tranquillement une revue derrière son comptoir. En nous voyant, le grand brun se lève d'un bond, levant par réflexe ses mains de chaque côté de son visage pointu.
-Tu vas faire ce qu'on te dit! Ordonne Farlan, ne t'avise même pas de jouer au héros, car je n'hésiterai pas à tirer. Prends un sac et remplis-le de tous les suppresseurs qu'il y a en stock!
-Vous voulez un sac en papier ou un sac en plastique? S'enquiert le commis.
Mais il est con où quoi? Qui pose cette question dans cette situation? Isabel rigole, remplissant au passage ses poches de bonbons de toute sorte. Je ne comprends pas comment elle fait pour avaler tout ce sucre.
-Mais on s'en fout du sac! Prends-en un au hasard et remplis-le!
Le garçon hoche la tête avec peu de conviction, puis agrippe un sac en plastique qu'il prend bien le temps de déplier. Il est trop lent... Je regarde par la fenêtre pour m'assurer qu'aucun client n'arrive, pendant que le commis remplit le sac de petit sachet de pilules. Je devrais penser à prendre la caisse en même temps? Un peu d'argent ne nous fera pas de mal.
Pendant que mon ami continue de pointer son arme sur le malheureux, je contourne le comptoir pour prendre le contenu de la caisse. J'agrippe un sac, prenant bien la peine de montrer au brun que je possède un couteau et qu'il est inutile de tenter quelque chose. Son odeur m'agresse... je déteste les alphas, cette race qui se croit si supérieure. Ils nous vendent, nous violent, donc pourquoi mériteraient-ils mon respect?
En grimaçant, j'ouvre le tiroir-caisse et mets tous les billets dans mon petit sac. Je sens qu'on va bien manger pendant au moins un bon mois. Cette perspective pourrait presque me faire sourire, si je ne sentais pas le regard pesant que ce crétin d'alpha posé sur moi. Ses grands yeux verts semblent me détailler avec stupeur. Eh oui, je suis un oméga. Ça te pose un problème?
Je tourne la tête vers lui pour maintenir son regard et remarque qu'il a fini de remplir son sac de suppresseurs. Son odeur n'est pas si horrible... je lui retire des mains en glissant dans la poche de sa chemise de travail un beau billet bleu que je tapote avec arrogance avant de retourner rejoindre mes camarades. Ce petit cadeau est en quelques sortes pour s'excuser que ce braquage soit tombé sur lui.
Sans plus perdre notre temps, nous sortons en courant du commerce. Isabel rit à chaud de larmes, tandis que Farlan sourit. Dès que nous retrouvons notre fourgonnette d'occasion que nous avons laissée plus loin, nous y grimpons. Blanche et très rouillée, les lits montés à l'arrière formaient en quelque sort notre petit chez-nous avant que nous nous trouvions un vrai logis. N'est-ce pas pratique d'avoir une maison sur roue? Dès que mon meilleur ami met en marche le véhicule, je retire dans un soupir de satisfaction ma cagoule. Enfin!
-La prise a été bonne ce soir, affirme le châtain en me souriant, nous avons des suppresseurs pour plusieurs chaleurs encore!
-Avant de devoir recommencer, soupirai-je, nous avons été chanceux que le commis soit docile et ne se rebiffe pas, comme l'autre fois...
Mon ami grimace avant de tourner méchamment le regard vers moi.
-C'était un accident je te rappelle. Si tu veux te faire violer par n'importe quel alpha, alors on peut laisser tomber les suppresseurs. Ce n'est pas donné ces trucs et tu sais qu'on ne peut pas se le payer!
-Fermez-là avec vos propos pessimistes! Grogne Isabel depuis l'arrière, j'ai du chocolat, donc laissez-moi-le manger en paix. REGARDE LA ROUTE!
Farlan retourne son regard vers la route et donne un terrible coup de volant en réalisant qu'il n'est plus sur la bonne voie. Il s'excuse au chauffeur qui le klaxonne, bien que ce dernier ne puisse pas l'entendre. En le gardant comme conducteur, nous risquons de ne pas survivre bien longtemps...
Les conversations ne reviennent pas sur le sujet principal que je sais que mes amis préfèrent éviter, puis nous pénétrons dans la ruelle familière qui mène au repère. Farlan doit diminuer sa vitesse quand nous commençons à rencontrer des gens, tous aussi pauvres que nous-mêmes, puis il nous gare une fois à destination. Il s'agit en fait des restes d'un hôtel abandonné que nous avons pris comme logis après que notre ancien ait brûlé. Nous sommes au moins quarante à y vivre, tous dans des situations semblables. Ce sont ma famille.
Avec l'habitude, nous pénétrons à l'intérieur, saluant les gens que nous connaissons. Une mère vient nous quémander un sachet de suppresseurs pour faire diminuer les premières chaleurs de son fils, puis je lui donne avec un sourire sous ses grands remerciements. Ici, nous sommes presque tous des omégas. Comment vivre une vie normale quand tous les gens nous considèrent comme des minables? Des putains? Je me souviens qu'un jour j'ai essayé de me trouver un travail... on n'accepte pas les poules pondeuses.
Tous ensemble dans notre repère, nous pouvons nous protéger des indésirables quand l'un de nous est dans sa chaleur. Il y a quelques bêtas parmi-nous, mais aucun alpha. En fait, il n'y en a qu'un seul, Erwin Smith. Il n'a pas le droit de rester en tout temps avec nous de peur qu'il ne puisse pas contrôler ses hormones, mais comme il a un bon poste dans une entreprise, il nous aide financièrement quand nécessaire. Il s'agit de l'un de mes meilleurs amis et l'unique personne de cette race que je respecte.
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1141 motsQue pensez-vous de cette première partie plutôt courtes? Ces temps-ci j'aime beaucoup l'univers omegaverse, donc voulait écrire là dessus. (Plein de yaoi!)
Préférez-vous le couple Erumike ou Winmin?
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Soit mon oméga {Tome 1}
FanfictionLa vie d'un oméga n'est pas facile et Livai le sait. Vivant avec d'autre gens de son « espèce » dans un hôtel abandonné, il a une vie de voleur avec ses deux meilleurs amis, Farlan et Isabel. Qu'arrivera-t-il quand l'étrange commis de la supérette q...