deux. Fuite

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Aaron avait difficilement dormi: savoir qu'il pouvait se faire attaquer à tout moment ne le rassurait pas du tout.

Il avait donc cherché ce James toute la nuit dans divers annuaires, et avait même cherché des articles sur des sites de criminologie. Il avait même tenté de changer l'ordre des lettres, convaincu que c'était un nom de code.
Il avait certes fini par tomber sur quelque chose, et les informations qu'il avait trouvé commençaient fortement à le perturber.

C'est seulement à cinq heures passées qu'il se leva doucement et commença à boire une tisane, histoire de faussement s'apaiser. Sa main hésitante peinait à tenir sa tasse.
Il se demandait tout de même comment il avait eu la détermination de rechercher son agresseur, et regrettait presque ses actes.
Maintenant c'était sûr, il n'osait pas appeller la police.

Aaron s'assit à table et regarda par la fenêtre, laissant à ses yeux le temps de s'habituer aux quelques rayons de soleil filtrant par la fenêtre. Lorsqu'il prit une gorgée et releva la tête, une silhouette était appuyée contre le mur. Il faillit recracher sa tisane.

Le saviez-vous ?

Le petit déjeuner est un repas important car c'est le premier repas de la journée. Il donne l'énergie pour bien se réveiller et la force nécessaire pour assurer une bonne journée !

C'est pour cela qu'il ne doit pas être omis.

C'est aussi pour cette raison qu'il ne devrait pas être interrompu par un assassin voleur de tapis.

« Sors de chez moi.
- Bonjour aussi.»

Il soupira de frustration et posa sa tasse sur la table. Il recula rapidement sa chaise de façon à bien s'éloigner de cet énergumène, avant de se reprendre en main.

« "James". J'ai appelé la police tu sais.
- Tu mens toujours aussi mal.»

Vrai. Aaron essayait de se montrer sûr de lui, alors qu'il était en fait terrifié par la personne en face, n'étant toujours pas certain de ses intentions. Il hésita un long moment avant de s'exprimer.

« Clay Jilt.»

L'interpellé leva un sourcil. C'était bien son nom qu'Aaron venait de prononcer.

« Comment t'as trouvé ça ?»

Aaron fixait sa tasse, concentré sur ses paroles. Exploitant le peu de courage qu'il avait, il se lança d'une traite.

« "James". C'est le premier nom qui t'es passé par la tête, sûrement parce qu'il commence par la même lettre qu'un de tes noms. Une recherche sur un nom en J, dans cette ville. Un homme en plus. Il y en a pas des tonnes.»

L'intrus eut du mal à croire qu'Aaron ait déchiffré si facilement le surnom qu'il avait élaboré soigneusement. Il avait aussi beaucoup de mal à comprendre comment il avait eu le réflexe de le rechercher. Aaron puisa encore un peu dans ce courage soudain.

« Entre Matthieu Jourain célibataire de 54 ans, John Comalt marié 41 ans et Clay Jilt , j'ai vite compris. T'es le fils du commandant des forces de l'air. Tu vas me tu-
- Calme toi.»

Il avait lancé sèchement cette phrase avant de prendre un siège et de s'asseoir nonchalamment avec un sourire en coin. Aaron ne comprenait pas ce qui l'amusait, et sa peur grandissait aléatoirement.

« Une tireuse te pistait. Tu serais mort hier.»

Il n'y avait rien de normal dans cette phrase. Voir une tireuse armée ne relevait pas du quotidien, mais il l'avait annoncé tellement banalement que ça en semblait presque habituel pour lui. Aaron le fixait en attendant la suite, essayant de mettre une raison et surtout une logique à tous ces événements.

« Ton thé va être froid, hein.»

Il n'en avait rien à faire du thé, il voulait comprendre ce qu'il avait à voir avec tout ça. Il voulait mettre fin à ces problèmes tombés du ciel, qui l'effrayaient. Et pour cela, il tirait la moindre poussière de courage qu'il lui restait pour répondre.

« Tu la connaissais ? Comment t'as fait pour rentrer avant elle ? Pourquoi tu l'as t-
- Remplace ta serrure. À demain.»

Aaron n'eut pas le temps d'en placer une que Clay s'était déjà levé. En un clin d'œil, il avait déjà claqué la porte, laissant Aaron seul avec ses interrogations et ses frayeurs. Il resta planté là un bon moment, avant de se poser une dernière question.

. . . Merde, comment ça " À demain " ?

-

Il s'endormait déjà lorsqu'une voix vers sa gauche appelant son prénom le réveilla. L'interpellé l'ignora et fit mine de dormir. Ce n'était pas le meilleur moment pour lui parler, et il préferait rattraper sa nuit de sommeil. Mais la personne insista, et Aaron se souvint qu'il n'y avait personne assis à sa gauche au début du cours.
Il tourna alors brusquement la tête, et failli bien tomber de sa chaise. Cela faisait deux fois que cette personne apparaissait sans prévenir.

« Jilt.
- Clay.
- Ton nom c'est Jilt.
- Et mon prénom c'est Clay.
- Jilt Clay.
- Bravoo. Mais appelles moi James.
- . . . non ?»

Ce gars là était soit franchement bizarre, soit franchement bête. Aaron avait déjà découvert son identité, alors à quoi bon l'appeler par son faux prénom ?

« Je pense pas que tu sois en mesure de décider.»

Il sortit une carte d'identité de sa poche, et l'agita fièrement sous le nez d'Aaron. James Cully. Ces deux noms sonnaient tellement faux, qu'il se demanda combien de personnes il avait réussi à berner avec. S'il avait un jour réussi. Il revint rapidement à la réalité, et se mit à dévisager l'imposteur en face de lui, redevenant anxieux.

« Qu'est-ce tu fais là ?
- Je travaille.
- . . . tu me suis ?
- Non, je travaille.
- . . dans mon école ?»

Un agitement soudain se fit ressentir dans la salle, suivi de plusieurs personnes quittant la pièce, annonçant la pause déjeuner.
Sauvé par le gong, Aaron n'attendit pas la réponse à sa question et sortit de la salle de classe. Il était tout simplement en train de fuir, oui.
Il fuyait ce criminel qui avait décidé de le suivre jusqu'au dernier moment.

En se faufilant à travers les personnes, il réussît enfin à sortir du bâtiment. Il avait réussi encore une fois, ce parcours angoissant qu'était traverser une foule. Il endurait ce stress chaque jour de cours, et comme si ce n'était pas suffisant, un homme effrayant à ses trousses se rajoutait à tout cela.

Il semblait qu'Aaron avait réussi à semer ''James''. Il s'arrêta et s'assit sur un banc, essoufflé. Peut-être qu'il était temps de déménager à l'étranger.

forbidden touchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant