« Et si on mangeait ensemble ? »
La personne dont la question avait fait sursauter Aaron se trouvait juste derrière lui, arborant un sourire mesquin, et n'affichant aucune preuve physique d'avoir couru; ni essoufflement ni fatigue ne se ressentaient venant de lui.
Après s'être posé plusieurs questions sur le pourquoi du comment Clay avait réussi à le rejoindre aussi vite, Aaron décida de s'éloigner à nouveau de son interlocuteur. Il n'avait pas l'intention de partager un repas avec son potentiel meurtrier.
Il se releva donc avec détermination du banc en pierre, prêt à reprendre sa course ; mais il n'avait même pas entamé deux pas, qu'il entendit un ricanement moqueur derrière lui.« Je te fais peur ou quoi ? »
Aaron aurait bien pu lui crier en pleine face ce qu'il pensait de lui, mais il n'avait pas envie de répondre à cette question. Sans se retourner, il marmonna quelques mots avec dédain.
« J'ai pas faim.
- C'est moi qui paye.
- Non merci.
- Je suis sûr que tu as faim.
- Non.
- Viens. »Était-ce la peur réelle de cet homme ou bien le ton beaucoup trop dur qu'il venait d'employer qui le firent céder ? Aaron ne pouvait se décider, mais il se retrouvait désormais à marcher derrière lui, comme s'il avait dû céder à une menace imminente qu'il devait accepter en silence. Ce sentiment de contrainte silencieuse ne lui était pas inconnu, et ne lui procurait pas de bons souvenirs ; bien au contraire.
Alors il préféra marcher tranquillement derrière Clay, et s'interroger interminablement sur ses intentions, plutôt que de provoquer sa colère et d'en découvrir le résultat.Le repas fut court et silencieux, l'un fixant l'autre, les sourcils froncés, tandis que l'autre le fuyait du regard.
Le premier paya l'addition et se leva avec un soupir, avant de regarder vers le second, une expression lassée sur le visage.
« On y va. »
Aaron n'aimait pas du tout se faire commander, pire encore il détestait ça. Mais s'il en valait de sa vie, il préférait coopérer. Sa fougue de la veille semblait l'avoir quitté à présent, laissant place à une méfiance constante par rapport à cet individu.
De retour en cours, Aaron s'ennuyait. Mais ça ne le dérangeait pas. Clay avait disparu de son champ de vision après avoir quitté le restaurant, alors perdu dans ses pensées, il s'était laissé guider par ses jambes jusqu'à se retrouver de nouveau assis en salle de cours.
S'ennuyer en cours était devenu banal pour lui, et il préférait retomber dans l'ennui de son train-train quotidien plutôt que de se retrouver en face d'un meurtrier. Ça le rassurait presque. C'était ce à quoi il était habitué desormais. S'ennuyer était devenu une habitude.Les habitudes. . . Elles se répètent, s'enchaînent et recommencent à l'infini. Un peu comme les erreurs. Exactement comme les erreurs. On ne peut les empêcher de se mettre en place, et une fois installées, il est trop tard pour s'arrêter. Des erreurs. . .
Aaron en avait fait, il en refera encore. Il se rappellera ses anciennes, et ne pourra pas les empêcher de se reproduire. Elles reviennent toujours, sans rien demander, sans s'annoncer. Tel une flamme ardente qui refuse de s'éteindre. Les erreurs reviennent toujours. Tel les flam m e s. . .Aaron s'endormait lentement sur sa table, comme emporté de force dans ses réflexions.
"Aaron ? "
"Ne me laisse pas tout seul !"Pourquoi elle fait ça ? Je ne comprends pas...
Pourquoi elle me laisse seul ? C'est de ma faute ?
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Elle ne veut pas rester avec moi ?
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Elle ne veut plus de moi ? Pourquoi elle agit comme ça alors que je suis toujours là ? Est-ce qu'elle fait ça justement parce que je suis encore là ?
J'ai trop chaud.
Elle est en colère. Comme si elle aurait voulu que je ne sois plus là. Elle aurait voulu que je disparaisse. Alors elle préfère que je disparaisse de cette manière. Que je disparaisse avec elle dans ces...Sursaut. Aaron ouvrit ses yeux d'un coup. Son professeur récitait encore son cours magistral et ne semblait pas avoir remarqué son sommé au milieu de cette multitude d'étudiants. Mais Aaron n'entendait presque pas sa voix. Aaron avait chaud, mais avait des sueurs froides. Il sentait son cœur accélérer, et avait de plus en plus de mal à respirer. Il se leva tout d'un coup.
« Je vais à l'infirmerie.»
Putain de crise de panique.

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forbidden touch
Romance« Recule. J'ai dit, RECULE ! » ※ Aaron ne le supporte pas. Ça le brûle. Il en est terrifié et il ne veut plus y refaire face. Il a peur du contact physique.