À cette heure si tardive, le manoir est silencieux. Non pas que toutes les sirènes soient endormies. C'est l'heure de la chasse et un bon nombre d'entre elles sont à l'extérieur. Mais une tension inéluctable règne dans le pseudo-temple de Poséidon. Une tension qu'il transmet à ses sirènes à distance sans qu'aucune d'entre elle ne l'ai demandé. Rejoindre le banc, c'est se lier à tout jamais au dieu... Encore une raison de refuser l'offre qui s'ajoute à la liste déjà longue.
Seulement cette tension se révèle agaçante. Je ne sais pas ce que transmet l'insupportable maître des océans mais les quelques vampires des mers que je croise me lancent toutes des regards plus qu'éloquent.
Je pousse une énième porte pour quitter cette endroit à l'atmosphère si pesante et atterrit dans une immense cour. Une cour qui mène tout droit à une falaise. La demeure de Poséidon est parfaitement positionnée : proche de la mer par le biais d'une falaise et de longue plage si l'on descend jusqu'à la ville, suffisamment proche d'une grande agglomération pour ne pas être coupée du reste du monde, mais assez éloignée pour ne pas attirer l'attention malgré son imposante apparence de temple.
Seulement un détail attire mon attention. Une silhouette se découpe à l'extrémité du chemin qui mène à la pointe de la falaise. Je plisse des sourcils et me concentre sur l'environnement et mon odorat pour deviner la nature de l'individu.
Une odeur de sel, un parfum marin. Et le reflet de la lune sur une chevelure d'argent...
Je lève les yeux au ciel. Bien évidemment, au moment où je désire le plus être tranquille, ce foutu dieu s'invite à moi. Je serre la mâchoire mais ma curiosité est plus forte que le reste. Que fait-il ? Il est seul, je ne discerne personne à ses côtés. Intriguée, j'emprunte le chemin pour m'approcher. Pour la première fois depuis longtemps, mon instinct ne me cris pas de prendre la fuite alors même que je me dirige vers cet homme déplaisant. Mentalement s'entend.
Je m'arrête à une dizaine de mètre de lui, distance que j'estime raisonnable. Il ne se retourne pas, si bien que je n'arrive pas à discerner si il a connaissance de ma présence ou non. Mais je reste immobile sans faire de bruit.
Et alors que je ne m'y attendais pas, le voilà qui invoque son trident. Je fronce des sourcils alors que l'excitation naît en moi. Que va-t-il donc faire ?
L'étrange objet se remet à scintiller exactement comme la dernière fois que je l'ai vu. Il dégage une énergie insatiable et grisante pour qui en ressent les effets. J'imagine que l'alcool et les drogues ont cet effet sur les humains. Dos à moi, je ne peux pas deviner ce que ressent Poséidon. Déjà que d'ordinaire, aucune de ses émotions ne sont visibles et qu'il faut creuser dans son regard pour comprendre de quoi il en retourne, à présent c'est impossible pour moi. Frustrée je me contente de l'observer en silence.
Il fait tourner quelque fois son attribut dans ses mains avec une habilité certaine. Même moi je n'ai pas tant de grâce avec mes couteaux. Le trident se met alors à luire avec encore plus de force. Et soudain, il dégage une puissante vague de pouvoir qui me coupe le souffle.
La mer semble s'éveiller, fureur endormie tirée de sa léthargie. La foudre frappe alors tandis que des nuages sombres s'amassent au dessus de l'étendue d'eau qui s'agite, couvrant l'horizon de ténèbres, annonceur de chaos. Le tonnerre gronde puissamment, comme si il s'échappait des profondeurs de la terre et le ciel semble en trembler. Un vent glacial et furieux balaye alors la Terre et la Mer. Poséidon lève son trident et l'orage explose. Les éléments se déchaînent et une pluie torrentielle s'abat sur nous.
Les gouttes s'écrasent avec violence et je plisse des yeux pour mieux voir, serrant les poings face à une telle puissance. Au loin d'immenses vagues se forment, venant se fracasser avec force contre la falaise. Les éclaboussures s'élèvent jusque haut dans les airs et les éclairs qui déchirent le ciel m'éblouissent. La violence des océans se libère.
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Mélusine - Baiser Mortel
Paranormal"Solitaire mer, solitaire océan, je suis la solitaire sirène..." La mer a toujours été une terrible meurtrière. Elle a pris à la Terre plus qu'à aucun autre. Et ses filles sont les mêmes. Sirènes, filles de l'Océan, vampires des mers, Dames des eau...