Mélusine - Baiser Mortel

Chapitre 31.

Un discordant bondit sur moi. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je dégaine ma dague et blesse la perfide créature. Son sang noirâtre me tache. Cette action sonne comme le coup de départ de cette bataille. Aussitôt, tout les discordants passent à l'attaque. Orphée tire sa longue épée tandis que Seth charge son arme. Dans un bruit de déflagration, je saute sur le monstre qui m'a attaquée. Je me faufile avec rapidité près de son cœur et d'un geste précis, y enfonce ma dague. Pas suffisamment profondément pour le blesser, mais la lame imprégnée de ciguë aquatique l'affaiblit énormément. Le poison trouvé chez Poséidon se révèle vraiment utile. Dans mon action, je ne suis cependant pas parvenue à éviter le coup de patte et les griffes de la bête entaille la peau tendre de mon bras. Je vois soudainement rouge. Les blessures des discordants ne cicatrisent pas, cet idiot vient de me marquer à vie. Maîtrisant mal ma colère, je plonge ma main dans son thorax et en arrache le cœur.

La question est réglée.

Je lâche l'organe au sol puis je fais volte face et me précipite vers la stèle. C'est sans compter sur un autre discordant qui se jette en travers de mon chemin, en dévoilant ses crocs. Mais avant qu'il ne puisse esquisser le moindre mouvement, il se raidit et s'effondre. Orphée se tient sur son dos, son épée profondément enfoncée dans la cage thoracique du monstre. Il m'adresse un clin d'œil et j'ordonne :

« Occupe toi d'assurer mes arrières quand j'atteindrai enfin cette foutue stèle. »

Le héro acquiesce mais doit bondir de la dépouille du discordant pour éviter celui qui le charge avec férocité. Il roule au sol et se redresse à côté de Seth avec une grimace. Mon protecteur, avec tout le sérieux possible, ne s'arrête pas de charger ses pistolets et de tirer sur les discordants à sa portée. Pour un humain, il se débrouille vraiment bien. Je pourrais passer des heures à le regarder se battre...

Ligie intervient et enfonce une de ses aiguilles dans l'œil de la bête. Celle ci se cabre, mettant en difficulté la sirène rendue muette. Elle tombe au sol et la créature se jette sur elle. J'échange un coup d'œil avec Seth et se dernier se précipite à l'aide de la sirène blonde. Au moins, la voie est libre.

Sans plus perdre de temps, je reprends ma course. Mais une force surnaturelle m'en empêche. Je lâche un grondement tandis que la voix d'Éris résonne dans mon esprit.

« Ne fais pas ça jolie sirène. Tu causerais ta propre destruction et celle de tous tes amis. Rends toi et je les épargnerais.

Cette fois-ci, je crois que la déesse sous-estime réellement mon égoïsme. Seth est mon protecteur, Orphée est mon allié. Tous deux ont juré de me protéger au prix de leur vie. C'est le contrat. Toute l'affection que j'ai pour eux ne suffit pas à me faire abandonner mon projet et surtout à me donner l'envie de me sacrifier. Je tente de me défaire de son emprise mentale mais la Discorde renchérit :

- Pourquoi donc te lier à mon frère qui nourrira toujours secrètement le désir de te détruire ? Et à ces humains qui finiront tous par mourir ? Abandonne.

Poséidon, rendu furieux par l'intervention de sa sœur, se met à hurler par dessus le vacarme du combat :

- Ne l'écoute pas Mélusine ! »

La magie puissante d'Éris empêche toujours le moindre de mes mouvements, ce qui est relativement étonnant étant donné qu'il ne s'agit pas de sa magie mais de celle qu'elle a dérobé à une des sirènes mortes et que ce lieu est une bulle anti-magie surnaturelle - sauf pour celle des dieux. J'imagine qu'appartenant à Éris à présent, ils sont considérés divins. Néanmoins, si elle n'a pas disparu, elle est plus faible. Je sens ses vibrations dans l'air, tenues, vacillantes. Je ferme un instant les yeux et prends une grande inspiration. Je parviens à sentir la force de l'aura marine du maître des mers, comme si celui ci convergeait son énergie avec la mienne. Laissant l'énergie océane pénétrer chaque parcelle de ma peau, je profite quelques instants de la sensation d'ivresse donnée par la magie. Puis je force mes jambes à avancer. Un pas, puis un autre. Génial ! Je suis libre.