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| ˡᵉˢ ᶜʰᵃᵐᵖˢ ᵈᵉ ˢᵒʳᶜᵉˡˡᵉʳᶤᵉ
suite du chap 'la face secrète de la haine' . .
il ne m'a jamais paru étrangé. pas même le jour de notre rencontre. quand troye, le plus âgé des frères Hindley se rapprochait de moi avec le poing serré, sa voix a résonné.
_hey ! qu'est ce que vous faites là ?!
quel beau souvenir. son regard noir qui transperçait les garçons d'une haine infinie, puis qui tomba sur moi et s'adoucit soudainement. je devais peut-être lui faire de la peine, les mains égratignées, les vêtements terreux, la respiration fébrile et le regard peureux...
encore aujourd'hui, en y pensant très fort, j'arrive à me souvenir de la sensation de sa main tenant la mienne pour me relever. j'ai même encore en mémoire le rictus réconfortant qu'il m'avait offert comme une invitation à lui sourire en retour.
mais seulement, c'était un peu comme rencontrer une idole.
il y a toujours eu cette chose qui émanait de lui, cette appartenance que je lui devouais, il avait sur moi la même attraction que j'avais sur mes parents quand j'étais enfant. mais la sienne me semblait terriblement plus forte.
_ça va ? ils ne t'ont pas fait mal ? t'as l'air d'être bien tombé quand même.
j'étais probablement sur le point de lui répondre.
« ça va. » « ils n'auraient rien fait. » « je cours plus vite qu'eux. » « je leur aurais échappé. »
tant de réponses qui semblent logiques et pourtant sont si fausses. j'aurais sûrement mentis. mentis pour voir son regard soulagé, ou juste pour le plaisir de ne pas dire la vérité à un homme qui paraît plus fort mentalement que moi.
mais je ne l'ai pas fais. bien sûr, je lui ai mentis lors de notre histoire. maintes et maintes fois. mais ce jour, j'ai juste lancé un regard vers la maison du vieux sorcier qui s'élevait derrière victor, et j'ai vu les yeux ridés et cernés du viel homme qui me hurlaient de partir.
j'ai regardé victor une nouvelle fois, j'ai soupirer un bref; ❝merci...❞. j'ai tourné la tête et je suis réparti vers le village, en traînant des pieds dans les champs de McHoghan, les mains dans les poches, et en demandant silencieusement au ciel s'il voulait bien m'offrir un jour une voix aussi belle que celle de cet homme...
parce que victor, il en avait une sacré, de voix à t'ensorceler.
