Deux Adorables Idiots - (LS)

5

C'est mortifié que je me dépêche de remonter dans ma chambre.

J'ai juste envie de m'enterrer vivant tellement je me sens honteux. Jamais je n'aurais pensé qu'Harry me jette en pleine figure la scène d'hier. Je n'ai pas fait exprès de lui tomber dessus ! Il semblait tout aussi troublé que moi en plus ! C'est ce que j'aurais dû lui rétorquer, mais je n'ai pas osé. Parce que dans le fond, je ne sais pas ce qu'il a vraiment ressenti ou s'il peut être attiré par les hommes. Quand bien même ce serait le cas, il me déteste autant que je le déteste, donc le problème est réglé.

Il cherche juste à m'énerver, à me pousser dans mes retranchements. Il m'a dit ça pour me mettre mal à l'aise. J'ai bien fait de ne pas renchérir... je crois. Bon, soyons honnêtes, j'ai surtout fui. Parce que je peux raconter ce que je veux, c'est un beau mec, on ne peut pas le lui enlever. Alors forcément, il me fait de l'effet. Surtout quand il se tait, car lorsqu'il parle, j'ai juste envie de lui couper la langue.

Il est insupportable !

J'entre rapidement dans ma chambre et trouve Liam assis sur son lit, son téléphone à la main. Il semble encore un peu endormi. Je claque la porte sans pouvoir me retenir, ce qui lui fait lever les yeux sur moi. Il fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as les joues toutes rouges... remarque-t-il en me détaillant sans gêne.

Merde...

— Hein ? Euh... rien, ce n'est rien. J'ai juste un peu chaud, je tente d'éluder en lui tournant le dos pour qu'il arrête de me reluquer.

J'attrape ma valise et récupère quelques affaires pour aller prendre ma douche.

— Ne te fatigue pas, la salle de bain est occupée.

— Évidemment... je soupire en relâchant mes fringues.

Blasé, je m'allonge en travers de son lit, les yeux rivés au plafond. Je me sens nerveux et agacé, je n'arrive pas à me calmer. Je tapote de mes doigts le tissu de la couette histoire de me canaliser un peu.

— Tu vas te décider à me dire ce qui ne va pas ? Demande-t-il d'un ton légèrement moqueur.

J'imagine d'ici son sourire en coin, ce qui n'arrange pas mon état.

— Mais rien ! je lance, irrité, en me passant une main sur le visage.

Meilleur ami ou pas, plutôt mourir que lui raconter ce que m'a balancé Harry. Je n'en reviens pas qu'il ait osé me sortir un truc pareil. Il ne doute de rien quand même !

— Ton « rien » n'aurait-il pas des yeux verts et des cheveux bouclés par hasard ? tente-t-il.

Je sens le matelas bouger sous moi, puis un visage apparaître dans mon champ de vision. Il se marre ce con !

— Absolument pas, je grogne en le poussant.

Il éclate de rire en secouant la tête.

— À d'autres, tu n'es pas crédible !

Il se rallonge toujours hilare alors que moi je me redresse.

— Quoi ? Qu'est-ce qui te fait rire ?

— Tu ne voudrais pas le savoir, affirme-t-il en jouant avec ses sourcils.

— Li !

Il lève les yeux au ciel avant de reprendre son portable.

— Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, lâche-t-il avec un sourire satisfait qui me hérisse le poil.

— La philosophie, ça ne te va pas, je rétorque, vexé. On ne t'a jamais expliqué que parler pour ne rien dire, c'est fatigant pour les autres et ça ne sert à rien ?