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Ma première semaine de vacances est passée à une vitesse ahurissante.

Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer une seule seconde. Entre les journées à skier ou apprendre le snowboard, les balades en forêt ou à ski de fond et les soirées au coin du feu, je profite de chaque moment. J'oublie toutes mes mésaventures de ces derniers mois. Même si Harry me tape toujours sur les nerfs comme personne, je suis heureux d'être ici.

J'aimerais que ça dure encore un peu, que le temps puisse s'étirer doucement et que je n'aie pas à retourner à Londres tout de suite. Devoir chercher du travail, faire tout un tas de paperasse pour avoir droit à mes aides, rouiller tout en me rongeant les sangs en attendant que la situation s'améliore... non, très franchement, je préfère rester dans ce chalet, au milieu de ces montagnes, même si je dois supporter la morgue du bouclé.

Je sors de la salle de bain et préviens Oli qu'il peut y aller à son tour. Après avoir déposé mon linge sale dans un sac posé vers ma valise, je descends au rez-de-chaussée où tout est tranquille. Je m'affale sur le tapis moelleux devant la cheminée qui crépite et inonde de sa douce chaleur la pièce, mon téléphone à la main. Je suis fatigué, mais je me sens bien. J'active mon écran et découvre plusieurs notifications de messages. Daisy, une de mes sœurs, m'a envoyé plusieurs SMS, mais sur les pistes, je n'ai pas pris le temps de regarder mon portable et puis le réseau n'était pas génial. Mon cœur se serre lorsque je lis ce qu'elle m'a écrit. Ses messages disent tous plus ou moins la même chose.

Elle m'explique que je lui manque, qu'elle voudrait que je sois là pour Noël et me faire un câlin pour mon anniversaire. Je sens une boule se loger au fond de ma gorge et les larmes me monter aux yeux. Daisy a toujours été la plus sensible de la fratrie ou en tout cas, c'est celle qui le montre le plus. Elle est plutôt timide et réservée et je suis très proche d'elle. J'étais son confident, son épaule sur laquelle elle pouvait s'appuyer et j'avoue que nos moments complices me manquent beaucoup.

Je lui réponds rapidement que je le voudrais aussi, de tout mon cœur, mais que ce n'est pas possible. Pas cette année du moins. Je la rassure en lui écrivant que bientôt nous serons réunis et que nous pourrons passer du temps ensemble à rire et à nous chamailler comme avant. Quand j'appuie sur "envoyer" , je sens quelques larmes glisser le long de mes joues. J'aimerais vraiment que ma promesse soit réelle, mais sans travail et vu le prix des billets d'avion, ce n'est malheureusement qu'une belle utopie. Mes parents viennent à peine de s'installer, ils n'auront pas non plus tout de suite l'argent pour faire le voyage inverse.

Je souffle en passant une main sur mon visage pour effacer les traces humides que les perles salées ont laissées sur ma peau. Je me sentais bien jusqu'à ce que je lise la peine de ma sœur. Je me trouve un peu égoïste tout à coup de profiter de mes vacances alors que ma famille est à des kilomètres de moi. J'ai peur que la distance finisse par détruire nos liens, que nous nous habituions à ne plus être ensemble. Parfois, je me demande si je n'aurais pas dû partir avec eux.

Je lâche mon téléphone et ferme les yeux un instant, le visage enfoui dans mes bras croisés devant moi. J'ai le cœur gros. Je me pose trop de questions en ce moment. Je suis un peu perdu. À la base, j'avais un mec, un travail et une vie bien construite. Je ne me voyais pas devoir tout recommencer à zéro. Mais maintenant ? À part mes amis, je n'ai plus vraiment grand-chose auquel me raccrocher.

Je soupire quand je sens une présence près de moi. Je tourne la tête pour apercevoir Zayn qui m'observe les sourcils froncés.

— Ça va ? me demande-t-il en s'asseyant à mes côtés.

J'acquiesce avec un petit sourire que je veux rassurant.

Tu es sûr ? Tes yeux sont rouges et tu n'as pas l'air dans ton assiette...

Deux Adorables Idiots - (LS) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant