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Dimanche 24 décembre
13h15.
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Demain.
Demain, à cette heure-là, je serai roi.
Je vis mes dernières heures de liberté. Mes dernières heures d'accalmie, mes dernières heures de détermination. Mes dernières heures d'héritier.
Je ne suis plus sorti de mes quartiers depuis hier soir. Wïane est venue me voir en début de matinée pour m'assurer que l'organisation était terminée et que je pourrais officiellement succéder à l'Hydre demain, midi. J'avais la gorge nouée lorsqu'elle est sortie. Mes dents claquaient. J'avais froid. Il faisait pourtant chaud dans mes appartements, mais mes os tremblaient.
Je ne veux pas être roi.
J'ai peur d'être roi.
Lorsque Siànan est venu me trouver ce soir, je m'étais roulé en boule dans les couvertures et les larmes me secouaient sans que je ne puisse les arrêter. Je ne voulais pas qu'il me voie pleurer, mais j'ai échoué.
J'ai échoué.
Il a fermé mes quartiers à clé et scellé la porte de son propre feu. Il s'est rapproché du lit et m'a forcé à me redresser.
J'avais si froid. Si froid.
Il m'a enlacé avec une douceur qui m'a brisé le cœur. J'ai craqué. J'ai tout laissé sortir, tout laissé fuir, laissé toutes mes larmes se perdre contre la peau brûlante de son cou. Ses yeux aussi étaient humides. Il sait ce qu'il perdra demain. Il sait ce qu'il m'attend.
Mais ce soir, Siànan a tout de même trouvé la force de saisir mon visage entre ses mains et de me jurer que notre plan ne faillirait pas. Il a collé son front contre le mien et a laissé ses mots naviguer entre nous. J'ai bu l'image de son visage autant que j'ai pu. Je ne serai jamais rassasié de sa proximité.
J'ai peur d'oublier, lui ai-je avoué.
J'ai peur de devenir ce que je crains.
Il a saisi mes mains. Je l'ai senti hésiter. Une idée venait de germer dans son formidable esprit. Je l'ai encouragé à parler.
« Je peux te l'encrer, a-t-il murmuré ».
Il a désigné d'un mouvement de tête le dernier tiroir de mon bureau, là où il sait que je range des aiguilles stériles pour les visites de Zan. C'était la première fois que je l'entendais suggérer de percer ma peau. La première fois que je l'entendais proposer de créer une marque plutôt que de tenter à tous prix de faire disparaître celles laissées par la rage de Kaën ou l'exigence de l'Hydre.
J'ai accepté.
Il m'a tendu un morceau de parchemin et m'a expliqué que sa magie pourrait lui permettre d'ancrer dans mon corps les mots que je voudrais garder. Il pouvait me les tatouer.
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Le Journal du Roi
General FictionIl y a un monstre derrière mes fenêtres. Il tambourine contre les carreaux depuis des heures, il grogne et gronde si fort que le verre vibre et tremble. Il ne se fatigue jamais. Hier, il a rugi tout l'après-midi. Ce matin, il a craché son venin sur...