Amoureux de ma Prof

Suicide

-Mel?
-Ed!!
-Tu seras en colère si je te dis que je dois partir faire quelque chose de très très important?
-Il y a toujours ce genre de mystère avec toi. Tu sais si tu ne me dis pas tout de suite ce qui se passe, nous deux c'est fini.
-Mel c'est vraiment très important, je sais comment tu dois te sentir mais je dois y aller tout de suite. Je t'ai toujours demandé de me faire confiance et je n'ai jamais failli à mes promesses.
-C'est quoi cette vie secrète ? Tu es un espion russe? Tu sais quoi? Vas et ne reviens pas vers moi.

Je reçois un sms:
« Ed merci pour tout grâce à toi j'ai su sourire quand tout allait mal. Merci pour tout je ferai part de ton nom à Dieu une fois arrivé aux cieux. »

Le téléphone m'échappe des mains... la stupeur est trop forte.

Sans prendre seulement le temps de boutonner la chemise que j'enfile ou de nouer les lacets de mes chaussures, je cours à l'extérieur de la maison. Et sous une pluie battante avec pour seule protection un jogging une chemise et des converses. J'essaye de localiser son téléphone et dès que j'ai une adresse. Je me met à courir à toute vitesse. La pluie, dégoulinante sur mon visage, noie mes larmes et brouille ma vue. Malgré cela je ne fais pas un geste pour les essuyées. Je cours vers mon but sans même faire attention à mon corps, sans même faire attention au fait que je crie. Les mots naissent au creux de ma gorge et ressortent par bribe de ma bouche. Des mots sans vraiment de sens, criés, murmurés ou simplement prononcés... Ils venaient de mon cœur et ressortaient sans que j'y prenne gare, sans que je les retienne, comme le sang coule d'une plaie, ma douleur, dans mes mots, coulaient de mes lèvres. Je cours sous cette pluie diluvienne, mon corps luttant contre le vent et mon âme criant contre la vie si injuste, contre le malheur et la mort. Mon esprit tout entier rempli de chagrin, ce « non » coulant de ma bouche, comme une opposition a l'impensable. À ce qui ne doit pas être, comme pour me persuader que le pire n'est pas arrivé. Hurlant contre l'injustice et maudissant la douleur qui pousse les hommes à commettre un acte irréversible, maudissant ses parents et surtout Romain.
Je ne sens plus la fatigue qui occupe mon corps, détaché de celui-ci et intransigeant envers moi-même, je me refuse tout repos. Mon âme toute entière dirige ma vie, il n'y a plus de place pour la douleur physique. Cette âme dirigée vers une vie qui fait au loin... La douleur comme un poison s'étend en moi, lacère mon cœur et attise mes pleurs. Seul l'amour pour cette vie que je sens s'échappé rayonne au cœur de la noirceur de mon malheur. Il me maintient et me fais avancer.

Enfin j'aperçois la maison, que m'indique le GPS, cette maison baignée par un rayon de lumière comme ouverte vers le ciel ... un frisson parcourt mon âme, je redouble d'effort pour parcourir les derniers mètres qui me séparent de cette âme.

Lorsque je parviens au portail, je m'arrête pour sonner et sans même attendre la réponse j'entre dans le jardin sans faire de bruit. Mon corps tremble sous l'effort enduré et mon âme souffre sous la douleur et la peur de l'impensable. J'ai poussé ma vie jusqu'à l'extrême sans m'en rendre compte. Je tourne la poignée de la porte, celle-ci n'est pas fermée... Mes craintes redoublent, et je me rue dans la maison hurlant au désespoir et l'appelant. Cette petite âme est-elle encore là ?? Arrivée devant la chambre je marque une pause, c'est comme si je peux sentir sa présence je sais que Clara se trouve derrière cette porte. Mon corps hurle, mes larmes trempent mon visage et mon cou. Mes lèvres tremblent, mais pas un mot n'en sort. Puis une dernière fois, avec une toute petite voix suppliante je l'appelle une dernière fois ... comme si je la supplie de revenir, de me montrer que l'évidence ne l'est pas... Je prononce ce prénom, celui de celle que j'aime tant, celle qui m'a laissé un message sur son portable, celle pour qui j'ai repoussé mes limites... mais pas de réponse à mon triste appel... je ferme mes yeux baignés de larmes et pousse la porte... Je trouve devant moi l'impensable. La flamme au cœur de ma poitrine s'éteint, plus aucun son ne franchit ma bouche.