Chapitre 3

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Depuis près d'une demi-heure, je regarde Spencer emballer maladroitement des jouets, un léger sourire aux lèvres tandis que je tiens le compte des cadeaux que l'association pourra offrir le soir de Noël. Je fais le tour des tables où les bénévoles jouent les petits lutins de ce cher Santa et coche sur ma fiche chaque fois qu'un nouveau paquet est prêt.

Le soir du 24, nous serons moitié moins nombreux et seuls les plus téméraires, ou les plus solitaires reviendront durant la journée du 25. J'ai prévu d'être présente sur les deux jours, comme d'habitude.

A moins que...

Lorsque mon téléphone, je fais un pas en arrière pour ne déranger personne et décroche sans perdre le contact visuel avec les bénévoles que je supervise.

- Clay Mitchell ?

- Ne t'inquiète pas, j'appelle pas pour l'article.

- C'est vraiment urgent Bree ? Parce que je suis un peu occupée là.

- Tu viens toujours le 24 ?

- Le 24 ?, répété-je en fronçant les sourcils.

Spencer relève la tête et fixe son regard sur moi. J'ai un sourire amusé car un chaos monstrueux règne autour de lui. Des chutes de papiers, des boulettes de ruban adhésif et non pas une mais deux paires de ciseaux après qu'il ait perdue la première sous les nombreux rouleaux qu'une bénévole a apporté avec elle.

- Oh, allez Clay ! J'organise un pot chaque année avant les vacances. Dis-moi que tu viendras.

- Ça peut se faire, réponds-je sans vraiment écouter.

De l'index, je désigne le haut de ma chemise et Spencer m'imite. Je ris dans le combiné lorsqu'il arrache un long morceau de scotch de son pull vert. C'est drôle, avec son treillis et sa barbe, il ressemble un peu à la poupée G.I Joe que j'ai vu passer entre ses mains.

- Mon frère sera revenu de New-York et il m'a promis d'être là. Je voudrais que tu le rencontres, ajoute ma boss.

Je perds mon sourire et ma bouche s'ouvre sur une exclamation muette. S'il y a quelque chose que je déteste plus que les éternelles discussions à propos de ma vie sentimentale, c'est que l'on se mêle de ma vie sociale.

Mais Clay, tu auras bientôt 30ans !, me répète-t-on trop souvent.

Dans la tête des gens, c'est la date limite de consommation ! Après ça, plus personne ne te prendra jamais au sérieux, aucun homme ne voudra te faire des enfants et il n'y plus aucune chance pour que tu puisses entrer dans une belle robe blanche.

Je me retourne une seconde et passe un ongle sur ma joue pour décoller des cheveux au coin de ma bouche.

- Attends Bree, la tempéré-je. Je n'ai pas vraiment envie que tu m'arranges le coup avec ton frère, je...

- Tu vas l'adorer !, me coupe-t-elle. Il est cadre à la Nationale Bank Of America.

- C'est super mais...

- Et son appartement est une tuerie. Dernière étage d'un building en plein centre de New-York. Que des baies vitrées, du salon jusqu'à la chambre !

- Oui c'est...

- La vue est à couper le souffle !

A tout prendre, le seul endroit magnifique que je connaisse à New York est Central Park. L'argent ne m'a jamais intéressée. Même si dans les romans, le héros est souvent aisé en plus d'avoir un charme fou, j'attends toujours plus. J'en veux toujours plus.

Ma devise c'est rêver plutôt que d'être déçue. Je sais ce que je veux, et je sais que c'est impossible à obtenir. Mais dois-je pour autant me contenter d'une autre vie ? Une autre qui ne me comblerait pas ?

- Je serai là..., soufflé-je pour qu'elle abandonne son idée d'énumérer les qualité de son gentil petit frère.

- Parfait !, se réjouit-elle alors que je grimace. Vers 16heures.

Le hangar se vide des bénévoles qui ont terminés d'emballer leurs paquets et s'apprêtent à rentrer chez eux. C'est ici que je préférerais être durant le réveillon de Noël, et non entrain de sabrer le champagne avec tout un tas de gens snob.

Spencer n'a pas bougé, toujours statique derrière sa table. Au moins, il a rangé le bazar autour de lui. Je lève l'index pour lui intimer de rester encore une minute et il acquiesce d'un signe de tête.

- Bon mais pas longtemps, concédé-je. On m'attend après.

- Comme tout le monde !, réplique-t-elle joyeusement.

Justement non. Tant de gens se retrouvent seuls le soir de Noël. Je ne dis pas les envier même je leurs céderais volontiers ma place. Le moins que je puisse faire est de les accueillir dans un endroit chaud où ils trouveront de quoi boire et manger, ainsi qu'un peu de réconfort.

Quelqu'un s'occupe de charger les dizaines de cadeaux à l'arrière d'un camion tandis que j'avance vers mon G.I.

Love WarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant