Il n'aurait jamais cru qu'il fut possible d'être courbaturé au point d'avoir mal aux paupières... Et pourtant, si.
Il avait fait une chute de dix mètres, du skycar au toit d'un building, et s'était réceptionné comme on lui avait appris, en faisant une roulade pour amortir le choc. Ça n'avait pas suffi. Il avait glissé sur plusieurs mètres et sa tête avait durement heurté le sol. Il avait perdu connaissance durant un temps indéterminé, qu'il espérait court.
Il se redressa avec difficulté et observa où il se trouvait.
J'ai réussi ! pensa-t-il, et cette constatation le réjouit un peu.
Après s'être relevé et étiré. Mon Dieu ! Il avait mal de partout ! Il tituba à la recherche de la porte de service réservée aux techniciens de l'entretien mais ne trouva rien. Probablement que les équipes de maintenance – qu'elles soient humaines ou robots – gagnaient le toit par les airs, en skycar.
Putain de technologie ! pesta-t-il intérieurement.
En revanche, une forêt de bouches d'aération s'étalait autour de lui. Il se demanda s'il pourrait les emprunter pour pénétrer le bâtiment. C'était une méthode courante dans les films mais, dans la réalité, il y avait quand même une chance non négligeable que les conduits débouchent sur l'hélice d'un ventilateur géant dont les pales auraient vite fait de le transformer en steak haché. Malgré ses années new-yorkaises, il restait français : finir en hamburger ne le tentait pas outre mesure.
Mais il n'eut pas le temps de prendre une décision : le véhicule de ses poursuivants venait de se poser sur le toit.
Deux types presque identiques, quasiment des clones, étaient sortis du skycar. Ils étaient grands, costauds, le menton carré, les cheveux courts, vêtus de costumes sombres mal coupés.
On dirait des agents gouvernementaux, avait songeait Denoël avant qu'ils ne l'obligent à les suivre sous la menace d'une arme.
Il était à présent menotté à l'arrière de la voiture, une cagoule sur la tête.
— Où m'emmenez-vous ? demanda-t-il.
— Taisez-vous, vous verrez bien, avait répondu l'homme à sa droite tout en lui enfonçant une arme dans les côtes pour signifier qu'il ne plaisantait pas.
L'inspecteur patienta donc en silence jusqu'à ce que l'appareil amorce une descente et s'immobilise. La porte s'ouvrit et un des types le tira violemment d'un côté tandis que l'autre le poussait sans ménagement. Puis, ils le traînèrent sur plusieurs mètres et le forcèrent à s'asseoir sur une chaise avant de le ligoter. Enfin, ils lui retirèrent sa cagoule.
Le passage brusque de la pénombre absolue à la lumière crue l'agressa, l'obligeant à fermer les yeux. Il les rouvrit peu à peu en prenant le temps de s'accoutumer. Une fois qu'il fut à nouveau capable de distinguer son environnement, il vit qu'il se trouvait dans un entrepôt puissamment éclairé par des néons à la froideur bleutée.
— Et merde ! lâcha-t-il. Encore un entrepôt ? Putain, les gars, vous ne pourriez pas organiser vos enlèvements dans un hôtel, pour changer ?
— Ta gueule, répondit laconiquement le premier type.
Avant que Denoël ne puisse répondre, le deuxième type embrayait :
— Ha, ha ! Monsieur Denoël, ne faites pas attention à mon collègue, il ne comprend rien à l'humour. N'est-ce pas John ?
— Ouais, James.
— John et James ? ironisa l'inspecteur. Et je suppose que votre nom de famille est Smith à tous les deux ?
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SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNER
Science FictionLes sérènes, ces animaux d'origine extraterrestre peuplant la lointaine planète Séréna, sont des êtres tout à fait particuliers. Possédant le pouvoir incroyable de soigner toutes les maladies humaines, ils sont devenus au 22ème siècle le premier tra...