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Retour à la salle d'interrogatoire, avec cette fois une suspecte bien particulière dans le rôle de l'accusée.

Denoël et son élève étaient seuls dans la salle à la lumière trop blanche et trop forte. Il la fixait en silence tandis qu'elle ne quittait pas ses mains des yeux, incapable de croiser son regard.

Apparemment, il allait s'occuper de l'interrogatoire, ce qui était contraire à toutes les règles sur les conflits d'intérêts. Mais il avait dû embobiner Miller avec ses prérogatives d'agent international ; à moins que l'autre n'en ait rien à foutre. Ce qui était sûr, c'est que l'inspecteur n'aurait jamais laissé à quiconque le soin de questionner son assistante à sa place.

Après un silence qui parut durer une éternité, il prit finalement la parole. Il parla d'un ton froid, presque détaché.

— Expliquez-moi : que comptiez-vous faire en vous évadant ?

— Je voulais mener ma propre enquête pour prouver mon innocence.

— Car vous soutenez que vous êtes innocente ?

— Oui. On tente de me piéger, c'est évident, non ?

L'inspecteur ne répondit pas.

— Pourquoi enquêter vous-même ? Vous ne me faites pas confiance pour découvrir la vérité ?

— Je... C'est juste que je ne suis pas sûre que vous... Comment dire... J'ai paniqué, voilà tout.

— Hum...

Il réfléchit un moment avant de poursuivre :

— Comment votre ordinateur a-t-il pu être utilisé par des terroristes ?

— Je l'ignore.

— Vraiment ?

— Vraiment.

— Connaissez-vous cet homme ?

Il sortit son smartphone qui affichait une photo. La jeune femme y jeta à peine un fugace coup d'œil avant de répondre immédiatement :

— Non.

Trop rapide pour être honnête se rendit-elle compte trop tard.

— Il s'appelle Sebastian González. Nous l'avons arrêté grâce aux indications fournies par Vilsack. C'est lui qui lui a remis la micro-puce contenant les données volées chez serena therapeutics. Puce qu'il tenait lui-même d'une mystérieuse jeune femme.

— Ah.

Lula ne dit rien, attendant la suite.

— Il a été incapable de l'identifier car elle portait un déguisement. Qu'en pensez-vous ?

Silence têtu de la suspecte.

— Vous connaissez ma méthode : j'ai demandé qu'il me décrive exactement leur rencontre. C'était dans le parc et ça a été très rapide. Mais un détail a attiré mon attention.

Il marqua un temps d'arrêt pour observer les réactions de son assistante, mais elle restait impassible, mutique.

— Lors de ce rendez-vous il a fait tomber plusieurs objets par terre qu'elle l'a aidé à ramasser. Notamment son téléphone.

Toujours aucune réaction.

— J'ai fait analyser les empreintes sur l'objet. Il y avait les siennes, bien sûr... et les vôtres.

Il marqua un long silence pour voir si cette dernière révélation allait déclencher un sursaut ; mais non. Toujours rien.

Cependant, la fin était proche désormais.

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant