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Le skycar les déposa à l'adresse d'Anatoli Kosloff. Denoël appuya son pouce sur le scanner d'empreinte pour le paiement automatique. Le système était très fiable et il n'avait jamais constaté ou entendu parler d'erreur. Il arrivait en revanche qu'Astropol se trompe parfois dans le remboursement de ses notes de frais.

Une fois le pied à terre, il observa la majestueuse demeure du docteur au travers de la grille en fer forgé qui fermait le jardin. Elle était magnifique. Les Kosloff vivaient à la périphérie de Séréna Ville, dans un quartier bourgeois constitué de villas luxueuses séparées par des allées perpétuellement désertes.

— Ne nous attardons pas dehors, glissa Lula. Si les habitants du coin voient deux inconnus marcher dans leur rue, ils risquent d'appeler la police.

— Vous avez raison. Ça m'ennuierait d'avoir à vous arrêter.

— Bah, pourquoi pas ? Je serais ravie de faire des choses avec vous et des menottes. J'ai plein d'idées sur le sujet. Vous pourriez m'enfermer dans la salle d'interrogatoire et...

— O.K., c'est bon, j'ai compris. Sonnez plutôt, au lieu de dire des bêtises.

Il essayait de faire preuve d'autorité mais un petit sourire en coin trahissait son amusement à l'écoute des fantasmes – tout aussi coquins que déplacés – de son assistante.

Lula actionna la sonnette. Une voix féminine sortit de l'interphone muni d'une caméra.

— Qui est-ce ?

Denoël s'interposa entre sa stagiaire et l'objectif.

— Inspecteur Denoël, madame. On a dû vous prévenir de mon arrivée.

Un silence, puis le portail s'ouvrit sans un bruit et ils pénétrèrent dans la propriété. La maison était immense, sur trois niveaux, avec une façade jaune pastel et des volets d'un rouge tendre. Une allée de gravier reliait la grille à l'entrée du bâtiment, traversant le jardin japonais parfaitement entretenu, probablement par un professionnel.

Sur le seuil de la porte une femme élégante d'environ cinquante-cinq ans les attendait.

— Madame Jenny Kosloff ? questionna l'inspecteur.

— C'est bien moi.

Les reflets d'humidité sur ses joues indiquaient que des larmes y avaient roulé très récemment. Lula regarda de biais, gênée comme toujours de cueillir un témoin en plein deuil. Si elle avait fini par se faire à la mort des victimes, le chagrin des vivants l'affectait encore.

Il y eut un léger blanc. La jeune femme tourna la tête vers son patron qui lui fit comprendre d'un mouvement de menton qu'il attendait qu'elle entame le dialogue. Évidemment... Il connaissait ses faiblesses et voulait la mettre au pied du mur pour qu'elle progresse. Bien qu'elle fût consciente qu'il avait raison, elle le maudit intérieurement.

— Madame Kosloff, je me présente : Lula Dos Santos, agent-stagiaire chez Astropol, et voici l'inspecteur Axel Denoël. Nous enquêtons sur le décès de votre mari.

— Ah... Bonjour, murmura-t-elle en tendant une main fragile.

— Je... euh... Ah oui, voilà mon insigne. Nous avons des questions à vous poser.

— Entrez, je vous en prie.

Elle les précéda à l'intérieur et les conduisit dans la salle à manger. La pièce était vaste et décorée avec goût. D'un geste, elle les invita à s'asseoir dans le canapé alors qu'elle-même prenait place dans un fauteuil.

— Désirez-vous un café ?

— Avec joie, répondit Lula, ravie de pouvoir envoyer leur hôtesse à la cuisine le temps d'un petit répit émotionnel.

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant