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La salle était parfaitement insonorisée. Lula appuya sur le bouton de l'interphone pour écouter son patron débuter l'interrogatoire.

— Monsieur Vilsack, re-bonjour. Bien. Vous m'avez déjà livré plusieurs informations que j'ai notées précieusement. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Dans l'immédiat, ma priorité est de comprendre comment vous avez eu accès à des renseignements confidentiels, vous et vos amis.

L'homme leva son regard de chien battu vers l'inspecteur et parla d'une voix implorant la mansuétude :

— Je voudrais vous aider... Vraiment... Mais je vous l'ai dit : je ne connais qu'une seule personne du groupe, mon contact, et j'ignore son nom.

—Vous me l'avez déjà expliqué.

Il croisa les bras sur la table, se pencha en avant et planta son regard dans celui du suspect.

— Parlez-moi de lui. La façon dont il vous contacte. Comment se passent vos rencontres. Le moindre détail a son importance.

— Eh bien...

Le son coupa brusquement.

Lula tourna la tête : Miller écrasait du doigt le bouton de l'interphone.

— Eh ! J'étais en train d'écouter, se rebella la jeune femme.

— M'en fous. Regardez qui est là.

Jetant un coup d'œil derrière elle, elle aperçut Di Benedetto. Cela l'agaça.

— Nous sommes en plein milieu de l'interrogatoire d'un présumé terroriste, fit-elle remarquer. Je pense que c'est plus important que d'accueillir le seigneur du coin.

— Non, ça ne l'est pas, asséna le policier.

Évidemment... Dans une communauté isolée comme celle de Séréna, les liens entre les autorités et le potentat local étaient forcément incestueux.

— Ah, commissaire... On m'a prévenu que vous aviez attrapé le criminel qui a tué les nôtres.

— En fait, rectifia immédiatement Lula, c'est l'inspecteur Denoël qui l'a eu.

— Ah, très bien. A-t-il parlé ?

Cette fois-ci, Miller embraya immédiatement pour ne pas se faire voler la parole.

— Un peu. Il a organisé son attentat grâce à des informations remises par les terroristes, qui les tenaient peut-être de votre secrétaire.

— Vous êtes sûr de cela ?

— Non, ce n'est qu'une hypothèse, nous n'avons aucune preuve. Ce qui semble acquis, par contre, c'est que le GDS est un groupe réellement puissant et bien introduit. Nous soupçonnons qu'il peut y avoir des dizaines d'agents.

— Dans ce cas, qu'allons-nous faire ?

L'homme d'affaires secoua la tête en signe de désolation.

Le laissant à son désarroi, Lula s'en retourna à la vitre pour observer son patron. Privée de son, elle en était réduite à essayer de deviner ce qu'il se passait.

La discussion ne semblait pas très animée. Le prévenu était visiblement dépassé par les évènements et pas du tout préparé à ce qu'il était en train de vivre. Les têtes pensantes du GDS étaient peut-être des comploteurs machiavéliques, mais les agents de terrains restaient des idéalistes parfaitement amateurs. Une fois arrêtés, ils se laissaient faire docilement.

De toute façon, chacun n'était qu'un maillon de la chaîne, en contact avec seulement un ou deux autres membres dont il ignorait l'identité. Il était très difficile de faire tomber un tel réseau et Lula se demanda si son boss pouvait réussir un tel exploit.

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant