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Miller et son adjoint les attendaient en compagnie de Di Benedetto, au 192ème étage de la tour. Dès qu'il l'aperçut, le P-DG fonça vers Denoël.

— Inspecteur, c'est une catastrophe ! Regardez ça.

Denoël écarta le businessman et avança vers la pièce qui visiblement avait subi l'attaque. Il s'agissait d'un vaste espace de deux cents mètres carrés environ qui avait été entièrement soufflé. Plus rien ne subsistait à part des gravats, des meubles réduits en miettes et des cendres, témoins du début d'incendie qui avait suivi l'explosion. Des pompiers s'affairaient à éteindre les dernières braises et quelques officiers de la police scientifique avaient commencé leur travail.

— Qu'y avait-il ici ? demanda l'inspecteur.

— C'était notre principal laboratoire de vivisection, répondit le P-DG.

— Là où vous découpez les sérènes en tranches, quoi ! embraya Lula.

Denoël crut un instant qu'il lui faudrait une nouvelle fois la faire taire mais elle se rattrapa toute seule :

— C'est une cible symbolique pour des terroristes. C'est sans doute pour cela qu'ils ont frappé ici, conclut-elle.

— Oui, vous devez avoir raison. Mais il faudra quand même le confirmer.

Denoël demanda à Miller s'il y avait des victimes, mais c'est Di Benedetto qui répondit du tac-au-tac :

— Aucun scientifique, par bonheur. Juste cinq laborantins.

Tous le regardèrent, choqués et atterrés, mais il ne releva pas. Il semblait réellement soulagé.

— Cinq morts... reprit l'inspecteur. Bon sang, commissaire, l'affaire prend une ampleur que je n'aurais pas imaginée. Je me demande si je ne devrais pas refiler le bébé à l'anti-terrorisme.

— Peut-être. Mais en attendant qu'ils débarquent, il n'y a que nous sur place. Alors, tentons de faire notre possible.

— Vous avez raison. Bien. Commençons par trouver comment cette bombe a été introduite dans le labo. Y a-t-il eu effraction ? Vous avez visionné les enregistrements de la vidéosurveillance ?

— Ouais, et ça ne va pas vous plaire. Il fit un signe de la tête à Lavoie. 'Montre-z-y.

Le jeune homme approcha en sortant un ordinateur de sa poche et projeta un film holographique au milieu de l'assistance. D'après la date et l'heure indiquées en bas de l'image, ça avait été tourné durant la nuit.

On voyait un homme avec un sac à dos avancer dans le couloir, s'arrêter devant l'entrée du labo, placer sa main sur l'analyseur d'empreintes jusqu'à ce que la porte s'ouvre, entrer, sortir sans son sac à dos, retourner jusqu'à l'ascenseur, utiliser l'analyseur d'empreintes de ce dernier et repartir comme si de rien n'était.

— Z'avez vu ? demanda Miller à Denoël. Ce type a des accès pour le laboratoire et l'ascenseur privé qui dessert l'étage. Seul le personnel habilité possède un tel sésame.

— S'il a enregistré ses empreintes pour entrer et sortir, je suppose qu'il y en a trace dans les bases de données ?

— Ouais. Il s'agit d'un certain Tony Scott, laborantin.

— Vous l'avez interpellé ?

— Non... pour la simple raison qu'il n'existe pas.

— Pardon ?

— C'est une identité inventée. Notre terroriste a créé un faux salarié du laboratoire et a enregistré ses empreintes sous ce nom pour avoir accès à la zone.

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant