Skype Love

Charlie

Chapitre 1

28 août 2014

Mes pas déferlent au fur et à mesure que le rythme parvient à mes oreilles, me donnant probablement l'allure d'une piètre danseuse mais je ne m'en préoccupe pas. Les voix dans mon casque étant les seules choses sur lesquelles mon intérêt se porte réellement. Et quand mon passage favori arrive, je laisse mes bras monter dans une drôle de vague et me déhanche sans gêne. Laissant même parvenir à qui veut bien l'entendre, le son de ma voix. D'ailleurs, quelque part de l'autre côté de ma porte, ma mère doit probablement râler. Après tout, elle est le genre de femme à l'ouïe fine et même si elle a fini par s'habituer à ma voix, ce n'est pas encore le cas pour mes goûts musicaux.

Très sincèrement, je ne pense pas qu'ils soient étranges ou mauvais, bien au contraire ! Simplement ma mère n'est pas très Pop. Disons que quand je lui parle de mon goût pour les chansons des One Direction, elle sourit simplement et enchaîne sur les nouveaux tubes de Martin Garrix. Et bien que j'aime énormément son travail et que j’admire le fait qu’un garçon d’environ mon âge ait su se faire une place parmi les meilleurs DJ, je commence à ne plus pouvoir supporter d'entendre son nom. Parfois, je me dis qu’elle en parle plus que moi je ne parle du groupe britannique. Et je crois que ça vient du fait que dans mon esprit, il est maintenant synonyme de ma mère, s'amusant à me faire comprendre que même si elle respecte mes choix, elle se fiche complètement de mon groupe fétiche et que je dois commencer à les aimer en silence.

Mais très honnêtement, je ne sais pas si j'en serais capable ! Je pensais déjà être une fan très silencieuse !

« Charlie » Une voix plutôt familière semble m'interpeller mais je ne repère personne dans les alentours et en déduis donc qu’elle est sûrement le fruit de mon imagination. Ce ne serait pas la première fois après tout ! Je ne peux même plus compter le nombre de fois où un son en second plan d’une chanson me donne l’illusion d’être appelée.

Autrement dit, je peux continuer de danser sans me préoccuper de l'avis d'une tierce personne. Pas que je m'en soucie réellement mais mes mouvements ne doivent pas être des plus gracieux. Je m'amuse simplement après tout ! Et quand je m’amuse, il n’y a pas de place pour le style !

« Charlie ! »  J’ai à nouveau l’impression d’entendre cette voix familière mais encore une fois je ne vois personne dans la pièce. Je mets alors ma musique en pause et retire mes écouteurs avant de passer ma tête dans l’entrebâillement de ma porte.

« Maman ! » Je cris sans douceur dans la voix, légèrement agacée à l’idée d’avoir dû couper la chanson avant qu’elle ne se termine.

« Quoi ? » Elle répond sur un ton similaire au mien et je devine qu’elle doit être elle aussi occupée. Mais après tout, je ne vois qu’elle pour m’appeler vu que mon père travaille encore et que mon frère et ma sœur doivent être occupés par leurs propres divertissements.

« Tu m’as appelée ? » Je crie toujours n’ayant pas envie de me déplacer, tout comme ma mère qui se contente de me crier que non, elle ne m’a pas appelée.

Étonnamment beaucoup moins frustrée, je referme doucement la porte de ma chambre pour m’avancer jusqu’à mon canapé où siège mon iPod que j'avais rapidement lancé. Un rire frénétique raisonne alors dans la pièce et je commence vraiment à penser que je suis folle. Parce que j’ai beau regarder une troisième fois, je suis toujours l’unique personne physiquement présente.

« Il y a quelqu’un ? » Les mots sortent rapidement de ma bouche, me donnant sûrement un air encore plus ridicule puisque que, même si je ne le croyais pas possible, les rires s’intensifient.