Rebelle

Chapitre I - Le Test de Passage

La neige craquelle sous mes pas. Les petits flocons tombent avec grâce et légèreté sur mon corps couvert. La buée que je produis se reflète dans la lumière faible des quelques lampadaires. Ses énormes boules de vers renferment une flamme qui éclaire d'un faible éclat les rues boueuses dans lesquelles je divague tôt le matin quand il fait encore sombre.

Il n'y a pas d'étoile ce matin. Malheureusement. J'aime beaucoup les étoiles. Aimer? L'amour de quelque chose ou de quelqu'un ne peut exister dans le monde où je vis.

J'active le pas sachant que la Patrouille de l'aube ne tardera pas. Si une quelconque personne est dehors la nuit et se fait prendre par les Patrouilleurs, elle aurait de gros ennuis. Surtout moi. Une jeune femme de mon rang n'a pas le droit de sortir la nuit et surtout dans les Quartiers Noirs. Les Quartiers Noirs sont les quartiers les plus pauvres et dangereux du Royaume de Coldia. Il n'y a pas de Voyeurs. C'est la raison pour laquelle je traîne ici. Les Voyeurs sont des caméras qui surveillent à longueur de temps les rues, les maisons, tout. Vraiment tout. Nous n'avons aucune liberté. C'est pour ceci que les Patrouilleurs viennent la journée, le soir et le matin dans les quartiers Noirs. Mais bientôt les Voyeurs y seront installés.

Je m'arrête devant la fenêtre d'une maison en pierres noires - d'où le nom quartier Noir -. Mon reflet y est affiché. Je fais vraiment contraste avec les quartiers. Je suis une jeune femme de 19 ans, de un mètre soixante-cinq, aux cheveux châtain rattachés en natte - les femmes ne doivent pas avoir les cheveux détachés -, à la peau beige, au visage ovale, aux sourcils bien taillés, aux lèvres fines et roses, accompagné d'un petit nez rougit par le froid. Mon corps et ma chevelure sont en bonne santé et sans défauts. Je resserre mes bras sur mon corps couvert d'un blouson en cuir.

Je détourne le regard en voyant un vieil homme me fixant d'un regard noir à travers la vitre salle. Je reprends ma marche. Je descends dans une rue puis bifurque dans une autre pour enfin arriver dans une impasse d'une dizaine de mètres de large. Des tonneaux sont entreposés un peu partout. Un feu est allumé au centre où de nombreux pauvres s'agglutinent un gobelet de vin chaud à la main. Ces gens sont des sans-abris, ils vivent du marché noir. Posséder une maison, non que dis-je avoir un bien est presque impossible. Une simple caisse en bois est un luxe pour eux.

Dans les quartiers Noirs tout est différent des Rues Blanches. Dans les Rues Blanches tout est beau, les rues sont dallées, propres, les gens sont riches ou du moins ont des bons moyens. Cette partie est... Un paradis. À première vue. Mais nous sommes constamment surveillés par les Voyeurs. Nous vivons dans la peur et l'angoisse de nous faire prendre dans le délit. Alors que dans les quartiers Noirs c'est pauvre, la vie y est aussi dure qu'en pleine nature. Tout est permis : prostitution, vol, meurtre, trafics. Mais dans l'interdit. Les autorités n’y prêtent aucune attention ou très peu. Mais bientôt ceci va changer.

En effet le Royaume a décidé d'implanter des Voyeurs dans les quartiers Noirs. Ainsi les Rebelles ne pourront plus se cacher.

Tous les regards se tournent vers moi, me jaugeant de la tête aux pieds. Je suis gênée devant tant de regards. Puis ils reprennent leurs chuchotements comme si de rien était. Une voix enfantine s'élève dans un coin de l'impasse:

- Qui veut acheter mes papillons! Je les ai fait moi même!

C'est un petit garçon d'une dizaine d'années avec un carton dans les mains. J'ai un pincement au cœur en voyant que tout le monde l'ignore. Je m'approche de lui.

- Vous voulez acheter mes papillons? S'exclama-t-il.

- Oui, je peux voir ?

- Bien sûr, dit-il en tendant la caisse.

Il y a des papillons de toutes les couleurs, mais l'un d'eux retint mon attention. Son corps est sculpté dans une pierre bleuâtre, ses ailes ont des bordures noires, un cercle blanc sur chacune et le tout sur un fond bleu très intense.