Le vent matinal me balaye le visage. Le ciel sombre commence à rosir au fur et à mesure que le soleil se lève dans les bois. Je serre un peu plus mes doigts sur le manche de ma dague. Voir les ombres s'étendre sur nous me donne la chair de poule. Entre chaque tronc et buisson, j'ai l'impression que les monstres qui nous ont poursuivit deux nuits plus tôt sont toujours là à guetter le bon moment pour nous traîner dans leur tanière et nous dévorer les viscères pendant notre longue agonie.
Je me méfie aussi de Gabriel. Il a peut-être une belle gueule, pour moi c'est une menace. Il avait insisté pour nous accompagner. Non, plutôt il ne nous avait pas laisser le choix. Depuis qu'il sait que je suis une Coldienne, il ne me lâche pas d'une semelle et ne m'adresser presque jamais la parole. Et s'il décide de me tuer ? Comment vais-je me défendre ? Je ne suis qu'un cure-dent à côté de cette armoire. Il me briserait sans même que j'ai le temps de sortir ma dague. Et si je parviens à fuir cette nuit ? Il me retrouverait. Il connaît les bois comme sa poche et c'est un excellent chasseur. Je l'ai vu à l'acte sur une biche pas plus tôt qu'hier soir, quand nous avions pris la route. Il l'avait repéré alors que moi même je n'avais rien remarqué. Il nous a ordonné de ne plus bouger. Il a prit son arme. Une arbalète. C'est son arme favorite. C'est ce que j'en ai déduis en le voyant en prendre soin comme on prend soin d'un bébé. Il a placé un carreau, s'est tapi dans les buissons, a visé et tiré. En plein entre les deux yeux. J'en frissonne rien que de m'imaginer à la place de la biche.
Iris n'est pas aussi méfiante que moi. Même je dirais qu'ils sont assez proches. Ils discutent tout le temps ensemble. Elle lui porte une certaine amitié. Après tout, c'est grâce à lui qu'elle remarche. Je dois avouer qu'il a fait un travaille d'expert. La pirate marche comme si de rien était! Pas grâce à moi en tout cas. Et elle est encore un peu rancunière à mon égard et ne me fait pas totalement confiance. Même si nos objectifs se rejoignent : réveiller les joyaux.
Gabriel pose son sac sur la terre molle. Il s'étire longuement et nous dit :
- C'est ici que nous passerons le reste de la journée.
- mais ce n'est que l'aube ! M’indigné-je. Nous pouvons très bien continuer.
- Non, Iris a besoin de se reposer. Même si elle va bien ( il lui adresse un regard pour la faire taire avant qu'elle ne réplique) son corps, lui a besoin de reprendre des forces. Et je dois chasser en plus de cela.
Je croise les bras en pinçant les lèvres. C'est inutile de s'arrêter au bout d'une heure de marche. En plus pour ne repartir que demain.
- Nous allons nous répartir les tâches, continu-t-il. Pendant que je vais chasser, Iris tu vas t'asseoir ici (il lui indique un tronc couché) et toi Olivia, tu vas mettre les sacs de couchages, faire un abri de fortune au-dessus de l'un d'eux pour Iris et préparer de quoi faire un feu, mais ne l'allume pas.
Je le regarde partir arbalète à la main. Comment ose-t-il ? Il me donne du boulot alors que l'autre blonde va me regarder en se croisant les pouces. Mais quel con ce gars ! C'est tout le monde à la même enseigne chez moi! Et si je l'ouvre, on me dit de la boucler. Merde à la fin !
Je shoote dans une pomme de pin qui part s'écraser sur un tronc en se brisant. Je regarde Iris s'allonger sur le tronc en faisant tourner son arme à feu entre ses doigts. Je soupire et avance en traînant des pieds. Je prend les trois rouleaux de tissus épais qui sont nos sacs de couchage. Je les dispose en cercle. J'en écarte un pour faire de la place pour la tente de fortune. Quelle bonne blague ! Je ne sais pas faire moi. Dois-je rappeler que je viens de la civilisation et non pas du fond des bois ? Et quel intérêt d'en faire qu'un seul ? Depuis que nous étions partis de sa cabane, Gabriel ne construisait qu'un abri en prétextant qu'Iris en avait plus besoin que nous. Pff, favoritisme. Je soupire de désespoir. Je me tourne vers la glandeuse.
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Rebelle
Ficção CientíficaOlivia vit dans une société coupé du reste du monde. Capturée lors d'une attaque de Rebelles, elle doit choisir dorénavant dans quel camp elle doit se battre. Elle est alors écartelée entre le refus de croire que son peuple est l'auteur de la destru...