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LA FAMEUSE KADIA : EPISODE 01

C'est tout ce que j'entends les gens dire quand je sors dans la rue ; ils ne cherchent même pas à connaitre mon prénom, ils ne cherchent pas à connaitre mon histoire, ni ce par quoi je suis passé pour en arriver là. En sommes, on me juge sans me connaitre. Etre une catin pour les gens c'est DIABOLIQUE. Personne ne veut te fréquenter ni t'adresser la parole de peur d'être souillée. Pourtant, la prostitution n'est pas une maladie contagieuse à ce que je sache. Mais je ne suis pas née prostituée, je ne suis pas venue au monde les jambes écartées avec une cigarette à la bouche en criant PSSS aux hommes qui voulaient bien me jeter quelques billets en échange d'une partie de jambes en l'air. Je ne suis pas née non plus dans un château avec une cuillère en or à la bouche. La vie a fait de moi ce que je suis devenue, les GENS m'ont transformé en cette jeune fille souillée qu'ils ne veulent plus voir en peinture. Mais c'est aussi en partie de ma faute. J'ai été aux mauvais endroits et au mauvais moment, j'ai eu à faire des choix qui n'étaient pas forcément les bons. Mais surtout, je me suis laissée influencer par de mauvaises personnes. Des personnes qui maintenant, me méprisent Habillée d'une petite robe, et de talons hauts, je longe les rues du centre ville avec une démarche qui m'est propre pour chercher un bar. J'en aperçois un que je connais très bien et je m'y dirige. Des hommes m'appellent : hé ma jolie ! Des chauffeurs klaxonnent pour attirer mon attention, mais je ne les calcule pas, ce soir, je ne travaille pas, je suis sorti pour m'amuser. Après ce que je viens de faire à cet imbécile, j'ai bien le droit de fêter ça. Même si je suis toute seule (ben oui, je n'ai aucune amie, ou disons, plus maintenant), je trouverai bien un moyen de me distraire. Rassurer vous, je ne vais pas me saouler. Voulez-vous connaitre mon histoire ? Très bien, je vais vous la raconter ; mais pour savoir ce qui m'est arrivé, il va falloir commencer depuis le début, tout au début.

Au fait, moi c'est Kadia, mais maintenant on m'appelle Kiki. Je suis née et j'ai grandi dans un village situé à quelques kilomètres de la région de Boffa. Je suis fille unique, mais ma meilleure amie Aissatou est comme une sœur pour moi. On a grandi ensemble, on a tout fait ensemble. Maintenant elle travaille comme domestique dans une maison de riche à la capitale. J'aimerai tellement avoir cette chance qu'elle a. Je n'ai pas pu terminer l'école car je devais aider mes parents dans les travaux. Et oui, être fille unique a des avantages, mais aussi et surtout des inconvénients !! Aller aux champs et aider ma mère dans les travaux ménagers est devenu mon quotidien depuis que j'ai arrêté les études. Mais je ne me plains pas, j'aime bien ma vie au village, j'ai des parents qui m'aiment énormément. Les garçons n'arrêtent pas de me faire la cour. Il parait que je suis la plus belle du village, et oui, je suis belle !! Mais je ne fais pas attention à eux, j'ai des rêves, et ils n'en font surement pas partis. J'aimerai bien un jour aller découvrir Conakry, à chaque fois qu'elle vient en vacances, Aissatou n'arrête pas de me raconter toutes les merveilles qu'il y a là- bas. En parlant de mon amie, elle doit venir demain pour assister au mariage de sa sœur. Ha j'ai hâte de la revoir, c'est la seule à qui je peux me confier ici. -Kadia, viens diner ! Qu'est ce que tu as à sourire comme ça depuis tout à l'heure ? Ça c'est ma mère qui m'appele. -J'arrive maman, au fait je n'ai pas très faim ! -c'est du nouveau ça, intervient mon père. Tu es malade ? -bien sur que non, c'est qu'Aissatou revient demain matin, et je suis très excitée. Sa mère m'a dit qu'elle viendrait de très bonne heure, j'aimerai être là quand le car arrivera. Si je mange beaucoup, je risque de ne pas me réveiller à temps -hahhaaha, et depuis quand manger à sa faim empêche de se réveiller de bonne heure ? -Maman arrête de te moquer de moi, lui dis-je avec une moue. -Mange et arrête de raconter des bêtises.

Mon père nous regardait en souriant. C'est vrai que pour dire des bêtises, je suis la reine. Je mange quelques bouchées du couscous que ma mère a préparé avant de me lever pour aller me coucher. Demain, je veux être la première à l'arrêt de bus pour accueillir mon amie. Ce soir là, je me suis endormie avec un sourire aux lèvres. Avant que le coq n'ait chanté, j'étais déjà debout. Je me dépêche de préparer la bouillie pour le petit déjeuner. Une heure plus tard, j'étais assise sur un banc près de la route, à l'affut du moindre signe d'un car. Après d'interminables heures d'attentes, le car arrive enfin. Quand Aissatou descend, je me jette dans ses bras, et l'aide avec ses bagages. -Qu'est ce que tu m'as ramené ? -On dirait une petite fille !! -Ben quoi, je n'ai pas le droit de réclamer un cadeau ? -bien sûr que je t'ai ramené quelque chose, mais sois patiente. -Très bien, lui dis-je en riant. Quand nous sommes arrivées, après les salutations, nous nous mettons dans sa chambre. Elle sort un sachet et me le tend. -Qu'est ce que c'est ? -Tu oses me le demander ? Prends le allez, c'est ton CADEAU ! -HOLOLOOO, je suis trop contente, allez raconte moi tout ce qui s'est passé à Conakry depuis que tu y es retournée. Aissatou s'allonge dans le lit et commence à me raconter les histoires de ses patrons, du quartier dans lequel elle travaille etc. En même temps je défais le nœud du sachet pour savoir ce qu'il contient. -HOO mon Dieu, Aissatou, cette robe est magnifique !! -Tu vois, je savais que ça te plairait, j'ai pensé à toi dès que je l'ai vu !! -Mais tu sais bien que je ne peux pas la porter, elle est trop courte. -Comment ça courte, elle dépasse tes genoux !! -Oui, mais tu sais bien que mes parents ne veulent même pas que je porte des vêtements qui laissent entrevoir mes mollets. -MDR, tu as raison, j'avais oublié ce détail. Mais tu pourras le porter quand on sera à la capitale. -Comment ça ? -Et bien tu pourrais venir avec moi pour travailler, une amie de ma patronne cherchais une bonne l'autre jour et je lui ai parlé de toi, je lui ai dit tellement de bien qu'elle a accepté de te prendre. Mais tu seras à l'essai pendant quelques jours, si tu es impeccable, elle te prendra.

Je manque de m'étrangler tellement cette nouvelle me surprend !! Ça c'est une sacrée surprise ! -Mais, comment ? -Comment comment ? Je suis venue pour une semaine, quand je retournerai je t'amène avec moi. Qu'est ce que tu n'as pas compris dans ça ? -Ecoute, si c'est une blague, elle n'est pas drôle du tout ! -Je suis sérieuse là, je t'ai déjà menti ? Là je ne pouvais plus contenir ma joie, je saute sur elle en criant. Et en lui faisant des bisous. -haha tu es toujours aussi folle. Me dit Aissatou. Je me redresse : mais Aissatou, il y a un problème, mes parents ne voudront jamais que je parte. Je suis leur seule enfant et c'est moi qui les aide ici. -Mais tu pourras les aider en travaillant, chaque mois tu leurs envois de l'argent qui leur permettra de subvenir à leur besoin. Ne t'en fais pas on saura les convaincre. J'en parlerai à mes parents ils vont nous aider. -Je ne sais pas ce que je ferai sans toi, ma sœur. Je la prends dans mes bras. Alors, continu de me raconter. Et c'était parti pour des heures de bavardage. Le mariage de Binetou, la sœur d'Aissatou a eu lieu 2 jours plus tard. Ce fut une belle fête. Maintenant, il fallait parler à mes parents. Comme je m'y attendais, ils ont refusé, il a fallu l'intervention du père de Aissatou pour que mon père accepte de me laisser partir. -Mais je n'accepterai pas que tu loges chez tes patrons, j'ai une cousine à Conakry, je l'appellerai pour que tu y aille. J'espère aussi que tu suivras les pas de ton amie. Depuis des années elle travaille à Conakry, et jamais ses parents ne se sont plaints de son comportement; ne te laisse surtout pas influencer par les nouvelles tendances des jeunes de là-bas. Reste correcte et droite quoi qu'il puisse se passer... Mon père continuait de parler, mais j'avoue que je n'entendais plus rien. Mes oreilles se sont bouchées après avoir entendu le « j'accepte de te laisser y aller ». Pendant qu'il parlait, je souriais en pensant à la nouvelle vie qui m'attendait. Mais une phrase avait retenue mon attention, quand il finit de donner des conseils, mon père a dit « si jamais tu contourne ma parole et que tu commets une bêtise, sache que je te renierai, et je suis ferme la dessus! » comment mon père peut me dire une chose pareille ! Des bêtises on en commet tous, d'ailleurs de quel genre de bêtise il parle ? Je ne suis quand même pas bête pour aller voler ou tuer quelqu'un !! Mais bon, ce sont des paroles de vieux, je décide donc de ne pas accorder d'importance à ce que je venais d'entendre. Je me suis contenté de courir dans ma chambre ranger mes affaires. Hé oui, le départ est pour après demain : LE GRAND DEPART.

Je me suis faite de belles tresses. Je ne dormais presque plus espérant que les jours passent vite. Ma mère aussi n'arrêtait pas de me donner des conseils. Je la sentais triste ; mais c'est normal, sa fille unique va aller à des kilomètres d'elle pour travailler. Depuis ma naissance je n'ai jamais été séparée d'elle plus de 3jours. Mais j'ai grandi maintenant, j'ai 19ans. Je ne suis plus la petite fille qui jouait avec des poupées de bois ou qui courait dans les champs les jambes couvertes de poussière. L'oiseau doit prendre son envol!! Le jour-j !! Haa, aucun mot ne pourrait dire ce que je ressentais en ce moment. Mais j'ai eu un pincement au cœur quand le bus à démarré, et que je voyais maman et papa me tendre la main en signe d'au revoir. Ils m'ont donnés une partie de leurs économies pour m'aider en attendant que je perçoive mon premier salaire. Je leur tendais la main à mon tour, et je les regardais jusqu'à ce que je ne les vois plus. Alors Aissatou qui était assise à coté de moi me serre la main en me disant : ne t'en fais pas, tout va bien se passer. -Je l'espère bien !! Je lui réponds en souriant de toutes mes dents. Mais à ce moment, j'étais loin de m'imaginer que plus jamais je ne remettrai les pieds chez moi. Que mes pieds ne fouleraient plus le sol du village. C'était parti pour un voyage sans retour !!

A suivre demain dans l'épisode 02

La Fameuse kadiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant