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LA FAMEUSE KADIA : ÉPISODE 12

Savoir que je vais tuer un enfant innocent me répugne, mais quand je pense aux monstres, Bocar et Moussa, je n'ai qu'une envi c'est de m'en débarrasser le plus rapidement possible. Cet enfant est le fruit de beaucoup de souffrance. J'espère que après, je pourrai enfin vivre une vie heureuse avec mon mari.

Après d'interminables minutes d'attentes dans la cour qui faisait office de salle d'attente, une jeune fille qui a à peu près mon âge vient nous trouver ma tante et moi.
-C'est vous Saran?
-Oui, c'est moi lui répond ma tante. Elle c'est ma nièce Kadia.
-Mère Sira a fini avec sa cliente, elle me demande de vous amener à l'arrière cour pour vous préparer.

Tante Saran me fait signe de suivre la jeune fille. Cette dernière me mène à l'endroit indiqué et me demande de me déshabiller et de nouer autour de ma poitrine un pagne dont la propreté laisse à désirer; j'obéis sans hésiter. Elle me demande de m'assoir avant de toquer à une porte ; une vieille femme ridée vient ouvrir, et me gratifie d'un large sourire qui laisse voir ses dents jaunies par le cola. Ce visage enjoué au lieu de me rassurer, me rend encore plus perplexe. La vieille m'invite à entrer, et me demande de me mettre sur une table et d'écarter mes jambes.

La j'ai commencé à hésiter, surtout quand j'ai vu, entreposés sur une autre table, des instruments en fer de toute sorte. J'ai alors commencé à trembler de tout mon corps. Sentant mon angoisse, la vielle dame me prend les mains en me disant.

- Tu as peur et c'est normal. Mais ne t'en fais pas, je fais ça depuis plus de 30ans maintenant. Je connais très bien mon travail, tu ne risques rien. Ta tante me connait très bien, c'est pourquoi elle t'a amenée ici.
-Je vais avoir mal ? Quand on est arrivées j'ai entendu une jeune fille crier !
-Ça n'a rien à voir, elle était venue pour autre chose. Dans ton cas tu ne sentiras presque rien. Allez, allonges toi. Je m'allonge sur la table, et je ferme les yeux. J'essai de penser à la vie qui m'attend au près d'Habib. J'entends la vieille prononcer des incantations qui me font penser à mon village, à mes parents. Je n'ai presque pas senti l'aiguille que mère Sira utilisais. Je me concentrais sur les bons souvenirs qui me restaient ; les bons moments passés auprès de mes parents, dans mon village. Mes larmes commencent alors à couler. Je regrette tellement d'avoir troquer la vie paisible et calme que j'avais chez moi contre cette vie misérable et tumultueuse, remplie de tristesse et de désespoir.

Cette ville qui entait mes songes n'est en réalité qu'un mensonge. Ici tout est désillusion, même les gens sont faux, leurs regards, leurs sourires, leurs attitudes ne représentent qu'un masque qui peu tomber à n'importe quel moment. Le seul qui soit vraiment correct et respectueux envers moi depuis mon arrivée c'est Habib, l'amour de ma vie. Je l'aime tellement. Quand on sera marié, je ferai tout pour le rendre heureux, je lui donnerai de beaux enfants, et on vivra très heureux. Un pincement dans mon entrejambe me fait revenir à la réalité, Je sentais un liquide chaud et gluant couler.

-Que se passe t-il, demandais je à vieille.
-Rien d'anormal, je suis entrain d'extraie le fœtus, c'est presque fini. Quelques minutes plus tard, c'était terminé ; je venais de tuer mon enfant. Mère Sira me passe un éponge sur mes jambes pour me nettoyer, et me demande de me lever. C'est à ce moment que j'ai eu des douleurs au bas ventre.
-J'ai mal au ventre, pourtant vus aviez dit que je ne sentirai rien.
-Tu n'a rien senti pendant l'opération. Maintenant c'est tout à fait normal que ton ventre te fasse mal ; je vais te donner des médicaments à prendre pendant une semaine. Surtout il faudra les prendre comme je te l'indiquerai. Je la voit fouiller dans un grand sac avant d'en sortir deux bouteille qu'elle me tend.

-Tiens, celui-ci est une poudre que tu mélangeras avec de l'eau, c'est à boire touts les jours au réveil. Cette bouteille ci contient un liquide avec lequel tu va te laver les parties intimes matin et soir. Si tu mes finis avant la date indiqué je pourrai t'en fournir encore. Après ces recommandations, je me lève difficilement et quitte la pièce. Dès qu'elle me voit sortir, tante Saran se lève et viens à ma rencontre.

La Fameuse kadiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant